Expliquer le maintien de la paix

25 février 2016

Expliquer le maintien de la paix

De Mopti à Gao, en passant par Tombouctou et Kidal, les équipes de la Communication de la Mission de l’ONU au Mali sillonnent le nord du pays mais aussi Bamako, pour mieux faire comprendre le mandat de la MINUSMA. Accompagnés de représentants des autres composantes civiles, de la police et de la Force des Nations Unies au Mali, elles expliquent et dialoguent avec toutes les couches de la population. 

 

« La MINUSMA n’aide pas Les Forces Armées du Mali (FAMa) à lutter contre les terroristes et tout autre groupement ennemi du pays. Vraiment je ne vois pas ce que les Casques bleus font avec toutes ces armes qui ne servent pas le pays. Il faut que la MINUSMA sache qu’on ne peut pas la soutenir tant qu’elle ne fait pas correctement son travail », tel est le point de vue d’Hawa Touré, la présidente du groupement de femmes « GNAIZE-TERAI »  du quartier de  Bamako-coura de Sévaré. Un avis partagé par de nombreux maliens qui, faute d’informations et d’explications, ne comprennent pas le mandat de la MINUSMA.

 

Du 18 janvier au 1er février dernier, 13 groupements de femmes et deux groupes de jeunes de la Région de Mopti ont reçu la visite d’une équipe « outreach » pour des causeries débats organisées chez-elles. Composée d’agents du Quartier Général à Bamako et du Bureau Régional de Mopti, l’objectif de cette équipe était de dissiper les éventuels malentendus sur l’action de la Mission.

« 10 à 15 minutes avant le début des séances, j’interroge une personne de l’assistance sur sa connaissance de la MINUSMA et de son travail. Cela me permet de me faire une idée, un état des lieux et donc d’orienter ma présentation en ce sens » explique Daouda N’Diaye, de l’Unité outreach. Le fonctionnaire onusien poursuit : « La discussion porte d’abord sur l’historique de la crise malienne, puis l’arrivée de la MINUSMA et la motivation de l’établissement de son mandat par le Conseil de sécurité de l’ONU. Enfin, je présente les différentes composantes, policières, militaires et civiles et leurs rôles respectifs dans l’exécution du mandat. En fin de séance, en fonction du public cible, j’organise un quizz pour encore mieux expliquer et faire gagner des cadeaux, de façon à maintenir la cordialité et la proximité. »

 

Un exercice, mainte fois répété et qui permet, avec l’aide de la radio Mikado FM, mais aussi d’une partie de la presse nationale et internationale, de contribuer à faire changer l’opinion du public sur le travail des Casques bleus, en expliquant mieux leur rôle et leur travail.

 

A l’issue de l’une de ces discussions, Hawa qui ne cachait pas son hostilité à la MINUSMA, a changé d’avis : «… à présent, je sais qu’on doit se méfier de toutes ces fausses informations qui circulent sur la MINUSMA et dans les communautés », confie-t-elle, avant de promettre : « Je vous remercie de nous édifier sur le mandat  de la MINUSMA et je saurai désormais véhiculer la bonne information à mon tour ».   

Si les points de vue sont en train de changer, selon Daouda N’Diaye, le combat contre la désinformation et les préjugés est loin d’être gagné. Il s’agit ici d’un travail de longue haleine. « Nous sommes au contact de tous les maliens, des représentants de communautés, des élus locaux, des chefs traditionnels, coutumiers et religieux mais, c’est sur les femmes et les jeunes que ce concentre notre action. Ils sont vecteurs de messages. De plus, ils sont les plus nombreux et les plus affectés par la crise » précise-t-il.

 

Une palette d’activités pour n’oublier personnes

 

Les Missions de maintien de paix des Nations Unies, ont en leur sein des unités chargées d’informer les populations qu’elles servent, sur leur travail au quotidien. Relevant des Divisions de la Communication et de l’Information Publique, ces unités appelées outreach (sensibilisation et plaidoyer) vont au contact des différentes couches de la population. Il leur faut donc concevoir différents types d’activités pour les différents auditoires. Basée à Gao, sur le terrain, Samantha Buonvino, Cheffe de l’Unité Outreach explique : « Nous devons tenir compte des différents publics, de leurs intérêts, de leur sensibilité, de leurs préoccupations et donc des formes de communication qui leur conviendraient le mieux. C’est pour cela qu’à la base du travail de conception des projets de sensibilisation communautaire, nous rencontrons les différents publics, pour les écouter, noter leurs besoins en information, leurs recommandations et souhaits. C’est ensemble que nous définissons les formats des activités ». En la matière, les exemples de collaboration ne manquent pas. « C’est à travers ce genre de sensibilisation conçues avec les partenaires que nous arrivons enfin à organiser de plus larges évènements de communication à l’occasion de certaines journées symboliques mobilisant plus de 6000 personnes. Comme c’était le cas pour la Journée des Casques Bleus en 2015, en collaboration avec le Conseil National de la Jeunesse (CNJ), qui marquait la clôture du projet The dans le Grin à Bamako; ou la journée spéciale « Unis pour la Paix » avec la Plateforme des jeunes ‘’Ensemble nous Sommes un Peuple’’, qui s’est tenue à Bamako en janvier 2016 » déclare Samantha Buonvino.

 

De nombreuses autres activités peuvent être citées pour illustrer la manière dont l’Unité Outreach de la MINUSMA met en œuvre son plan de communication auprès des communautés maliennes. Parmi elles, on peut retenir la « semaine scolaire 2015 » à Gao en collaboration avec l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM), au cours de laquelle, les élèves et étudiants des 14 établissements scolaires ont sensibilisé, pendant 10 jours, leurs pairs sur le rôle des Casques bleus, les enjeux et la prévention des risques des obus non-explosés à travers des sketchs. Enfin, Une autre campagne : le projet sur la cohésion sociale « Gao Soghay Kay Bano Fondara » en partenariat avec le Conseil Communal des Jeunes, ayant mobilisé quelques milliers de personnes reste considéré à ce jour, comme étant le plus grand rassemblement culturel tenu dans la Cité des Askia, depuis la fin de la crise de 2012.

La sensibilisation communautaire est en priorité orientée vers les différents leaders dans les communautés pour qu’« à leur tour, ils puissent relayer les informations et élargir cette communication auprès de ceux qui les entourent », indique Mme Buonvino. Ainsi, parmi les groupes cibles privilégiées figurent les autorités traditionnelles, les leaders religieux et locaux, les medias mais aussi les femmes leaders, les élèves, les étudiants, les enseignants et la jeunesse en généralAvec ces derniers, la Mission onusienne a déjà mené de nombreux projets tels que des conférences débats dans les universités, des causeries régulières dans les lycées, des activités sportives, artistiques et culturelles comme des marathons, des matchs de football, des pièces de théâtre et des concerts, mais aussi des formations et des concours ou encore des activités plus restreintes et directes comme ‘’ Le Thé dans le Grin’’.  

 

Officiellement lancé à Bamako le 05 Mars 2015, le ‘’Thé dans le Grin’’ est l’une des activités du dispositif d’outreach. Il consiste pour les équipes de la Mission à partager le thé dans les traditionnels ‘’grins’’ (Lieux de causeries entre amis). Myrline Mathieu, Volontaire des Nations Unies (VNU) qui fait partie de l’équipe de conception du projet à Tombouctou, le présente : « C’est une activité de cohésion sociale, qui offre une plateforme d’échanges entre la MINUSMA et les membres de la population civile. Ceux-ci ont l’opportunité de poser des questions sur le mandat de la MINUSMA, sur le rôle du personnel en uniforme tel que la Force et la Police. Il s’agit de créer plus de proximité avec les populations dans leurs structures de regroupement de base et d’apporter les réponses et information adéquates sur certains aspects du mandat qui leur paraissent difficiles à comprendre », explique-t-elle. Des difficultés de compréhension que Myrline comprend bien, en vertu de son expérience dans le maintien de la paix dans sa Haïti natale. Âgée d’une trentaine d’année, après six ans au sein de l’équipe outreach de la Mission de maintien de paix déployée dans son pays d’origine (MINUSTHA), Myrline se sent très proche du peuple malien. Pour elle, le « Thé dans le Grin » est un moyen de partager son expérience et de témoigner de sa solidarité aux maliens dans ses moments difficiles : « Je comprends et je partage les frustrations des maliens et des maliennes qui au début n’arrivaient pas à comprendre le mandat de la MINUSMA. J’ai vécu la même situation dans mon pays. Les rencontrer dans le cadre des activités tel que « Thé dans le grin », me permet de leur parler à cœur ouvert en tant que sœur, pour leur expliquer le travail de la MINUSMA, partager l’expérience acquise dans mon pays, pour leur expliquer qu’au début, il m’était aussi difficile de comprendre la raison d’être d’une mission de maintien de paix sur mon territoire (Haïti ndlr) : un pays souverain, un pays indépendant. Il faut garder en tête que nous sommes tous des pays frères, des pays amis car membres de l’Organisation des Nations Unies. Quand un pays demande à l’Organisation de venir l’aider à se stabiliser, alors elle se doit de mobiliser toutes les ressources afin de le faire. »

 

Outils d’information et de compréhension du mandat, Myrline souligne également un autre avantage du ‘’Thé dans le Grin’’ qui d’après elle, permet également aux populations « de savoir comment utiliser les ressources que la Communauté internationale met à leur disposition pour pouvoir les aider à changer leur pays. »  

 

Comprendre le mandat c’est le premier pas sur le chemin de la Paix 

 

Le constat de l’évolution positive de l’image de la MINUSMA ne suffirait à mettre un terme ou même à réduire la fréquence de ces activités de sensibilisation. Avec un mandat renouvelé chaque année, l’explication des raisons de la présence et du travail de la MINUSMA est nécessaire. Il apparait comme un élément clef pour la bonne compréhension de la situation par l’ensemble des acteurs, à commencer par les populations, la société civile et les leaders communautaires qui ont eux aussi, la responsabilité de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali. Cet accord qui est le chemin que toutes les parties ont choisi d’emprunter pour parvenir à la paix des cœurs et des esprits.

 

Au niveau des médias, la Mission organise chaque semaine à son quartier général un point presse (jeudi à 11h00) réservé aux médias locaux et internationaux. Lors de ce rendez-vous, la MINUSMA informe sur ses activités, rapporte les principaux faits qui ont marqué la semaine écoulée, et répond aux questions des quelques journalistes présents, malheureusement moins d’une dizaine chaque semaine. Les médias ont en effet un rôle important à jouer dans l’explication du travail de la Mission aux populations, ils sont un relais d’information important. La point de presse est également diffusé sur MIKADO FM, ce qui permet aux populations, de Kidal à Mopti, et de Tombouctou à Gao en passant par Bamako et Ménaka d’être informés sans détours. Il faut enfin souligner que le service de communication de la Mission est disponible 7 jours sur 7 pour tous les médias, dans le but de pouvoir vérifier leurs informations avant publication.

 

Retrouvez toutes les informations de la MINUSMA sur son site internet et les réseaux sociaux.