Gao : des médias mieux outillés pour soutenir la reconstruction du Mali

12 mai 2016

Gao : des médias mieux outillés pour soutenir la reconstruction du Mali

 
Dans le contexte post-crise qui prévaut au Mali, les médias ont un rôle fondamental à jouer dans la stabilisation du pays et le retour à une paix durable. En proposant aux journalistes des outils pour se perfectionner et se professionnaliser, la famille de l’ONU au Mali offre un appui non-négligeable à la reconstruction du pays en soutenant le dialogue entre les différentes communautés.
 
 
La petite salle de l’École des infirmiers de Gao était bien remplie en ce samedi matin. Weekend ou pas, c’est en grand nombre que les journalistes des radios communautaires de la région de Gao ont répondu à l’appel de l’Organisation des Nations Unies au Mali, qui leur a offert du 7 au 11 mai 2016 une formation aux bonnes pratiques du journalisme radio.
 
 
Déontologie, responsabilité journalistique, notion d’intérêt public, angle de traitement, techniques d’interviews, simulation de conférence de presse : malgré la chaleur et le programme chargé, l’engouement des 21 journalistes participants a été constant au cours des cinq jours de formation. L’atelier, organisé par le groupe de communication des Nations Unies au Mali sous la direction de MIKADO FM (Gao 94.0) et avec le soutien financier de la MINUSMA, se voulait une réponse aux besoins exprimés par les radios de la région de Gao et de l’URTEL, l’Union des Radiodiffusions Télévisions Libres du Mali.
 
 
Les besoins sont effectivement nombreux et le personnel, souvent bénévole, manque malheureusement cruellement de formation adéquate. « Pour les journalistes, la compréhension de leur rôle dans une période délicate qu’est celle de post-conflit au Mali, est fondamentale, » indique Karim Djinko de MIKADO FM, la radio des Nations Unies. « Comme ce sont des courroies de transmission auprès des populations qui n’ont pas un vaste choix, en termes de mode d’information, il est essentiel de donner à ces animateurs et journalistes quelques bases pour leur permettre de bien faire leur travail, » ajoute-t-il.
 
 
Le Mali, riche de ses radios
 
 
Au Mali, la radio est un outil précieux pour la stabilisation post-conflit, surtout dans les régions éloignées des grands centres. « Les radios communautaires jouent un rôle éminemment important dans l’accompagnement du processus de développement local, du processus d’accompagnement démocratique et également du processus de paix et de réconciliation au niveau de nos communautés. Les journalistes doivent souvent traiter des sujets sensibles, pour lesquels nous avons besoin de formation, » a souligné Kader Touré, l’un des Directeurs de radio de la Région de Gao.
 
 
La simulation de table-ronde a d’ailleurs été l’occasion d’aborder certains de ces thèmes délicats, comme l’accès des populations à l’information en période de conflit et le rôle des médias dans la mise en œuvre de l’accord de paix au Mali. Des thèmes d’importance, qui nécessitent tant une maîtrise du métier de journaliste qu’une connaissance approfondie du sujet. Pour Kader Touré, il est crucial que les journalistes comprennent le rôle qu’ils peuvent être appelés à jouer dans la réconciliation nationale par la diffusion d’informations justes et d’intérêt public. « Le sujet le plus important à l’heure actuelle, c’est celui de la cohésion sociale. Et quand au niveau d’une radio on se permet d’évoquer une situation qu’on ne maîtrise pas tellement, ça peut provoquer des divergences entre les communautés. Avec la maîtrise des techniques, la radio peut être un véritable moteur de développement et un moteur de la paix, » prévient-t-il.
 

Les médias, vecteurs de cohésion sociale   

 

« Le rôle des journalistes est crucial en temps de crise vis-à-vis des populations ; pour fournir des informations d’intérêt public et utiles afin d’outiller les populations à faire face aux difficultés de la vie quotidienne, connaître les ressources disponibles et aider les populations à renforcer leur capacité de résilience et leur autonomisation, » remarque pour sa part Salamatou Ba, chef du sous-bureau d’OCHA à Gao. Un message qui trouve écho auprès des journalistes participants, qui ne manquent pas de souligner également la précarité du métier et les conséquences que celle-ci peut avoir sur leur travail. « Le problème, c’est qu’on est très faible par rapport à ceux qui nous corrompent. C’est la précarité. Aucune des radios ici ne peut dire : je paye mes journalistes, » souligne Minkaila Soufiana Maïga, journaliste bénévole à la radio Koïma. Une situation qui selon plusieurs autres de ses confrères, contribue au manque de professionnalisme de certains d’entre eux.

 

Cette formation d’une semaine aura permis aux journalistes participants de renforcer leurs connaissances du métier, des normes et pratiques journalistiques, tout en confirmant leur passion pour un métier fondamental en démocratie. Le représentant de l’URTEL pour la région de Gao, Monsieur Idrissa Maïga, a salué cette nouvelle initiative de la MINUSMA et de l’ensemble des Nations Unies au Mali. Le groupe de communication des Nations Unies compte d’ailleurs répéter l’exercice pour le bénéfice des journalistes présents dans les autres régions du Mali et de l’ensemble des populations qui s’informent auprès des radios régionales.