Rencontre inédite sur la paix, la cohésion sociale et la réconciliation à Ménaka : la MINUSMA apporte son soutien

12 mai 2016

Rencontre inédite sur la paix, la cohésion sociale et la réconciliation à Ménaka : la MINUSMA apporte son soutien

La commune urbaine de Ménaka a abrité, du 29 au 30 Avril dernier, sa toute première rencontre intercommunautaire sur la paix, la cohésion et la réconciliation. Objectif : réunir les fils et filles de la nouvelle région pour discuter des pistes de solutions, pouvant faire taire les armes et entamer son développement. Ce fut aussi l’occasion pour le nouveau gouverneur de la région M. Daouda Maiga de prendre fonction en présence des chefs de tribus, chefs coutumiers, responsables des groupes armés et populations. La délégation venue de Bamako, Gao et Kidal était composée du Ministre de la Réconciliation Nationale M. Zahabi Ould Sidi Mohamed et de son cabinet, du représentant du Gouverneur de Gao, du Gouverneur de Kidal M. Mohamed Ag Koina, de l’Ambassadeur du Mali au Niger Alhamdou Ag Iyane, des honorables Députés élus de Bourem, M. Mohamed Ould Mata et de Ménaka M. Bajan Ag Hamatou. Les participants du forum de Ménaka sont aussi venus d’Inékar, Tidermane Anderboukane, des villes du Niger abritant des camp de réfugiés que sont Abala,  Banibongou et,  Mangaîzé.

 

Le soutien d’un voisin 

 

Le Niger voisin n’est pas resté en marge de cette rencontre.  Une forte délégation est arrivée de la capitale et des régions frontalières, comme pour dire qu’elles restent solidaires avec cette région qui a été durement frappée par la crise. La délégation nigérienne était composée du Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix et de la Réconciliation Nationale, des Gouverneurs de Tahoua et de Tilaberi, du Conseiller Spécial du Premier Ministre nigérien et du Député de Abala Filingué. La MINUSMA était représentée par l’Adjoint du Commandant du Secteur Est, la Division des Affaire Civile, la Division de la Communication, le contingent Nigérien et la Police des Nations (UNPOL). 

 

Après la montée des couleurs du Mali à l’entrée du grand hangar qui a fait office de salle de conférence, les invités se sont installés pour suivre les différentes interventions. « Cette rencontre intercommunautaire nous offre l’occasion d’échanger sur la paix, la réconciliation, la cohésion sociale, le pardon… dans notre région au nord du Mali. La réconciliation n’est possible que par un dialogue permanent, franc, sans démagogie, car plus on se parle, plus on se rapproche, plus on s’accepte. Le développement de notre région est conditionné à la paix que nous devons chercher à tout prix et le cantonnement en est une étape importante » a dit Nanoute Ag Kotia maire de la commune urbaine de Ménaka à l’ouverture du forum.  

 

Comme le maire de Ménaka, l’honorable Député de la région M. Bajan Ag Hamatou a aussi exhorté les ménakois à se donner la main pour s’attaquer à l’ennemi commun qui est le sous-développement. « Nous devons mettre fin aux conflits qui nous ont trop fragilisé pour résoudre les récurrents problèmes que nous rencontrons quotidiennement. Je veux parler du problème d’eau, d’électricité, d’infrastructure, de sécurité et j’en passe » a t – il ajouté. Quant à M. Mohamed Abou Ntarka, Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix et de la Réconciliation Nationale du Niger, il a démontré toute la disponibilité de son organe et de son pays à s’investir pour faire valoir la paix et la réconciliation nationale de l’ autre côté de sa frontière. « Comme vous le savez, mon pays le Niger, n’a qu’un seul but, un seul objectif, un seul souci, celui de voir un Mali uni dans sa diversité, un Mali fort et démocratique, capable de garantir la sécurité à tous ses citoyens, de répondre aux aspirations de son peuple au sud comme au nord du pays… Nous souhaitons développer avec la toute nouvelle région de Ménaka une coopération tous azimut qui touche à tous  les domaines : sécuritaire car c’est notre premier souci, » a lancé M. Ntarka. « Il faut sécuriser  nos marchés frontaliers pour permettre le développement des échanges qui enrichissent nos populations. Sur ce plan, le gouverneur de Ménaka peut à tout moment saisir le chef du contingent nigérien basé ici et qui est en constante relation avec nos positions militaires sur la frontière. Nous pouvons également développer une coopération en matière de prévention et de gestion des conflits, en organisant des forums intercommunautaires dans nos villes frontières à Anderambukan ou Tillia ou Abala, In Attes, Banibangou, pour ne citer que celles-ci, » a-t-il poursuivi. A la fin de son discours, M. Ntarka a demandé au chef de canton de Tintabaradane (Niger) d’offrir un sabre aux autorités de Ménaka pour qu’il soit enterré afin de symboliser la fin de la « guerre fratricide » dans la région. Chose qui a été faite sous un tonnerre d’applaudissement.

Une grande première depuis longtemps

 

Le  forum  de Ménaka est la  première initiative après la crise qui a pu regrouper au même endroit Tamasheks, daoussahaques, songhoys, peuls, arabes, haoussas, zarmas… Il a été la première activité du nouveau Gouverneur M. Daouda Maiga et la première fois qu’un Ministre de la République s’y rend depuis quatre ans.

 

Pour sa part, M. Narcisse Dongar, représentant du Chef du Bureau Régional de la MINUSMA à Gao, a tenu à saluer l’initiative tout en mettant l’accent sur la volonté des communautés à renouer le dialogue. « A la suite des rencontres intercommunautaires déjà organisées dans les autres régions, ce forum vient concrétiser la volonté des communautés de cette région à tourner les pages d’un passé douloureux. Nul besoin de dire à quel point la crise sociopolitique de 2012 a eu un impact désastreux sur la cohésion sociale et le développement de la région de Ménaka. Pourtant, ceci n’as pas entamé la détermination des communautés à se relever collectivement et vivre dans l’harmonie, » a témoigné M. Dongar. « Notre souhait le plus ardent, c’est que ces journées d’échanges soient l’occasion de réitérer l’engagement de tous les acteurs de la société à œuvrer pour le retour définitif de la Paix. En effet, ici comme ailleurs, la marche vers la paix est indéniable. Qu’importe les obstacles sur le chemin, la volonté de construire la paix au Mali demeure intangible » a-t-il conclut.

 

La présence des groupes armés signataires de l’accord de paix issu des négociations d’Alger a donné un accent particulier à l’évènement car les deux groupes ont réitéré leur volonté à s’inscrire dans le processus de mise en œuvre de l’accord. « Je vous donne l’assurance en ces moments et ces lieux que la plateforme républicaine au nom de laquelle je m’exprime, respectera ses engagements pris à Alger devant la communauté internationale pour le bonheur des populations du Nord » a promis M. Bouhéina Baby, Vice-Président de la Plateforme à Ménaka. Pour Moussa Ag Acharatoumane, porte-parole de la CMA au forum de Ménaka : « Il y a un serment entre nos populations qui doit rester inviolable. Nous devons rechercher tout ce qui pourra renforcer cette cohésion sociale pour que serment soit ».

 

Le Ministre de la Réconciliation Nationale Zahabi Ould Mohamed a salué l’implication des groupes armés pour la réalisation et le succès de ce forum. Il dit avoir pris acte des recommandations et invite les différents acteurs à s’impliquer pour que la paix et la cohésion sociale soient à Ménaka. En marge du forum, le Ministre a rencontré de façon séparée les deux principaux groupes de femmes de Ménaka qui sont divisées. Il s’agit des femmes dites « pro-Mali » réunies au sein de la CAFO (Confédération des Association et Organisation Féminine) et celles de la CMA. « Ici à Ménaka, nous avons vu les hommes de la CMA et ceux de la plateforme se donner la main pour la paix et la réconciliation mais pourquoi pas vous les femmes. Il est plus que nécessaire pour vous de vous mettre ensemble pour construire votre nouvelle région. Mettez vos forces ensemble pour faire face aux défis du quotidien. J’espère que vous serez dorénavant ensemble pour faire de Ménaka un havre de paix » a déclaré le Ministre. Il a également promis de soutenir les femmes de Ménaka dans leurs activités, à condition qu’elles travaillent ensemble pour tourner les pages sombres d’une crise qui a fait beaucoup de victimes.

 

Et maintenant, que faire ? 

 

Le forum a pris fin par des recommandations. Parmi celles-ci, on peut retenir : la préparation d’un grand forum pour la région de Ménaka qui traitera des questions spécifiques liées au découpage administratif, à la cohésion sociale et au développement de la région et, qui sera co-organisé par les trois parties signataires de l’accord de paix (le Gouvernement, la CMA et la Plateforme) ; l’accélération de  la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation en impliquant toutes les parties et les communautés à la base sans lesquelles, la mise en œuvre ne peut se faire…

 

Les différents acteurs ont également jugé nécessaire de faire des séances de sensibilisation sur le contenu de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale issu du processus d’Alger.

 

A quelques jours de la fin de la visite au Mali du Secrétaire Général Adjoint au Mission de Maintien de Paix, M. H. Ladsous, les choses avancent avec le soutien des Nations Unies. Soutien réitéré lors de la venue haut fonctionnaire onusien et qui continue de se matérialiser notamment à travers ce type de rencontre et ce, conformément au mandat de la MINUSMA.