Gao : La MINUSMA facilite la synergie entre les associations des victimes des différentes crises

21 mars 2017

Gao : La MINUSMA facilite la synergie entre les associations des victimes des différentes crises

 

Les associations de victimes des différentes crises politico – sécuritaire (de 1960 à nos jours), la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR) et le Cadre de Concertation sur la justice transitionnelle de la région de Gao, étaient en conclave ce mercredi 15 mars avec la division régionale des droits de l’Homme et de la Protection (DDHP) de la MINUSMA pour une synergie d’action. La table ronde qui s’est tenue dans la salle de conférence du Conseil régional de la commune urbaine de Gao, se voulait un espace de discussion entre acteurs de la défense des droits humains, pour harmoniser les actions des différents intervenants en matière de justice transitionnelle.
Plus de 70 personnes étaient présents à cette rencontre qui a aussi servi à édifier les participants sur le rôle des associations de victimes, le cadre de concertation sur la justice transitionnelle et la CVJR. « Nous avons constaté qu’il y a d’autres entités qui évoluent dans le cadre des associations des victimes ici à Gao. Il y a le cadre de concertation sur la justice transitionnelle, qui à son niveau, a des victimes. Nous avons aussi des associations de victimes qui accompagnent les victimes de 2012 ainsi que celles des autres crises. C’est dans ce contexte que nous nous sommes dit qu’il y a lieu d’harmoniser les actions de tous les intervenants en matière de justice transitionnelle. Et pour ce faire, il fallait mettre au tour d’une table la CVJR, le bureau des Droits de l’Homme de la MINUSMA à Gao, le Cadre de Concertation de la justice transitionnelle de Gao et les associations des victimes pour dire ce qu’il faut faire et permettre à la CVJR de collecter le maximum d’informations auprès des victimes, en mettant les victimes au cœur de la justice transitionnelle. En fait si nous devons travailler en synergie, c’est pour les victimes et pas pour nous afin de faciliter celles qui veulent faire des dépositions et se limiter au niveau de la CVJR », a précisé madame Ndeye Yandé Kane, responsable de DDHP à Gao de la MINUSMA. « Par contre, nous allons accompagner ceux qui veulent ester en justice pour qu’ils puissent aller plus loin dans leurs démarches. C’est-à-dire déposer une plainte, saisir les autorités judiciaires pour que l’action publique soit déclenchée », a-t-elle poursuivi.
La rencontre s’est caractérisée par la présentation du mandat et des activités de la CVJR, un bref historique sur les crises au Mali et les différentes tentatives de résolution, et la prise en compte des inquiétudes des différents acteurs de la justice transitionnelle. Plusieurs interventions des participants ont suscité interrogations et inquiétudes vis-à-vis de la suite à donner aux différentes plaintes des victimes. Des réactions expliquées par M. Moussa Soumah Maiga, président du Cadre de Concertation de la justice transitionnelle : « Les structures comme la CVJR, le Cadre de concertation n’ont pas existé dans la gestion des crises précédentes. Ce qui a favorisé le retour des rebellions cycliques. Tant qu’il n’y a pas de justice, pas de vérité, pas de réparation, pas de veille pour la non récurrence, Il est difficile de cerner le problème ou de l’empêcher de revenir. Nous sommes en train d’accompagner ce processus comme nous le pouvons parce qu’il n’est pas impossible ». C’est aussi l’avis de M. Omarou Touré, Conseiller appui aux victimes et réparations à l’antenne régionale de la CVJR. Il soutient qu’il faut nécessairement édifier les victimes et les associations de victimes pour susciter plus de confiance afin qu’elles puissent s’approprier cette structure. « Cette table ronde a été pour nous un cadre de communication parce qu‘elle nous a permis de parler du mandat de la CVJR en présence de plusieurs acteurs dont les associations de victimes. En termes de difficulté, il y a quelques fois de la timidité du côté des victimes et c’est pourquoi nous avons mis l’accent sur la communication pour une meilleure connaissance de notre mandat par les victimes », a-t-il reconnu.
Comme la Commission Vérité, Justice et Réconciliation lancée à Gao le 15 janvier dernier, le cadre de concertation s’est doté d’un local et d’équipements pour commencer à travailler. Il est entièrement soutenu par la MINUSMA. Composé de leaders religieux, de chefs coutumiers, de journalistes et d’organisations de Défense des droits de l’homme, il a pour mandat de faciliter l’accès des victimes à la commission vérité, justice et réconciliation vu la distance et certaines difficultés rencontrées par les victimes.
Cette rencontre a été saluée par la coordination régionale des associations de victimes qui ont vu en elle une occasion de mettre en confiance les victimes des différentes crises politico-sécuritaire au Mali. Ces victimes qui ont une certaine réticence à aller vers la machine judiciaire.