La jeunesse, avenir de la lutte pour le respect des droits de l’homme au Mali et dans le monde

17 décembre 2019

La jeunesse, avenir de la lutte pour le respect des droits de l’homme au Mali et dans le monde

La journée internationale des droits de l’homme (JIDH) a été célébrée au Mali, autour de « l’engagement de la jeunesse pour les droits de l’homme », thème mondial identifié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. La MINUSMA à travers sa Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) l’a célébré avec ses partenaires maliens, du 10 au 12 décembre dernier, à Gao, Ménaka, Tessalit, Mopti, mais aussi Ségou et Bamako.

Individuellement ou à travers des organisations, les jeunes sont les moteurs du changement politique économique et social. Ils contribuent de nos jours, à la défense et à la promotion des droits de l’homme. Le choix du thème de cette édition 2019 de la Journée internationale des droits de l’homme, vise à mettre en avant ce rôle. Il s’agit plus spécifiquement de promouvoir le potentiel des jeunes et de leur rappeler leurs droits, en les encourageant à s’engager pour leur défense et promotion. Ceci, pour plus de liberté et d'égalité, un développement durable et le respect des droits de l’homme pour tous. Cette nécessité de mettre la jeunesse au centre de la lutte pour les droits de l’homme est en substance le message qu’ont adressé les responsables de l’ONU, dans leurs différentes allocutions officielles, prononcées à l’occasion de cette édition 2019 de la JIDH. Un discours largement relayé lors des célébrations.

Mobilisation générale des acteurs

À travers le Mali les Chefs de Bureaux, les Chefs d’équipes des droits de l’homme sur le terrain, le Chef de la MINUSMA ou encore le Directeur adjoint de la Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP), ont lu les messages officiels de la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, et d’Antonio Guterres, le Secrétaire général des Nations Unies. Les autorités nationales, régionales et locales, les organisations de défense des droits de l’homme, les associations de victimes, la Commission Nationale des droits de l’homme, la jeunesse estudiantine et universitaire… étaient tous engagés activement pour marquer les célébrations de cette édition 2019 au Mali, du sceau de l’espoir qu’inspire la jeunesse.

À Gao c’était la foire… des droits de l’homme

Dans la cité des Askia, une "Foire des droits de l’homme" a été organisée. Cette foire a été conçue pour être un forum permettant aux acteurs locaux du domaine des droits de l’homme et à la MINUSMA, d’interagir directement avec la population. Les différentes entités ont pris part à cette foire et y ont tenu des stands, pour informer le public et débattre des questions de droits de l’homme pouvant être des obstacles à la réconciliation et au retour d’une paix durable dans la région. La lutte contre l’impunité et les problèmes liés à l’accès à la justice ont ainsi été largement développés. Cheick Fanta Mady Bouaré, Directeur de Cabinet du Gouverneur de la Région de Gao, a saisi l’occasion pour témoigner de l’attachement du Mali à la promotion et à la protection des droits de l’homme.

Les organisations de défense des droits de l’homme ont quant à elles salué et remercié la MINUSMA pour les nombreux efforts qu’elle a consentis. C’est le cas de l’Association "Gorey Bène" ("l’oisiveté n’est pas permise") de Gao. Cette association de personnes ayant un handicap, a bénéficié, en 2014, d’un financement de la Mission onusienne, de plus de 12 millions de francs CFA, pour la fabrication de savons liquides. Ce projet à impact rapide, contribue à l’amélioration des conditions de vie de 416 personnes handicapées dont 180 femmes.

Kidal fait le choix de Tessalit pour célébrer les droits de l’homme

L’équipe de la DDHP du Bureau régional de la MINUSMA à Kidal a célébré cette édition 2019, en collaboration avec l’ONG AZHAR. La matinée a été consacrée à une cérémonie officielle et un concours de dessin sur la thématique de la journée. Les jeunes de la localité ont présenté un sketch axé sur le droit à l’éducation qui est un droit fondamental. C’est aussi le plaidoyer du directeur du centre d’animation pédagogique de Tessalit Souleymane Gaoukoye « Les enfants ont perdu tous les droits dans la région notamment celui de l’éducation. Ils sont pourtant l’avenir et sans éducation, ce sera la catastrophe, » a-t-il déclaré. Les enseignants volontaires et les représentants de la société civile ont également adressé des recommandations pour qu’une attention particulière soit accordée à la problématique de l’éducation. Les 10 gagnants du concours de dessin organisé pour la circonstance ont reçu des kits scolaires de la part de l’ONG AZHAR. La journée s’est achevée par un match de football remporté par l’équipe d’Ahamboubar face à celle de Tessalit ville 5 buts à 4.

30 défenseurs des droits de l’homme outillés à Ménaka

Outre la cérémonie officielle, une activité de sensibilisation, au profit de 30 jeunes membres des associations féminines, des différents Conseils (régional, communal et local), a eu lieu à Ménaka. Ces jeunes venaient des cercles d’Anderamboukane, d’Inekar et de Tidermene. La cérémonie officielle s’est tenue dans l’après-midi au gouvernorat de Ménaka. Le gouverneur de la région Monsieur Daouda Maiga, a clôturé la cérémonie en exhortant toute la jeunesse de Ménaka à œuvrer pour que ne se reproduise pas les atrocités que la région a connue durant la crise. Il les a félicités pour leur engagement au nom de la paix, à travers leurs différentes activités de protection et de promotion des droits humains, en partenariat avec la MINUSMA. Il a affirmé la détermination des autorités maliennes à les accompagner et à les soutenir, afin de garantir les droits de tout un chacun, aussi bien en temps de paix qu’en temps de crise.

À Mopti, « Chaque jour qui passe devra être considéré comme une Journée des droits de l’homme »

Cette phrase est celle du Coordinateur humanitaire adjoint, Johannes van der Klaauw. Elle résume l’état d’esprit des célébrations de cette édition 2019 de la JIDH dans la "Venise malienne" et dans l’ensemble des localités où elles ont eu lieu au Mali. Au centre des discours, la situation des droits de l’homme dans la région, véritable sujet de préoccupation, en raison de la violence sous fonds de tension intercommunautaires, qui y ont eu lieu et qui y persistent. Entamée le 10 décembre, la célébration s’est poursuivie le 12, dans le Village Artisanal de Mopti.

Ségou ou l’université des droits de l’homme

Dans la cité des Balanzans, une équipe de chargés des droits de l’homme a organisé une conférence débats à l’université, sur le droit à l’éducation. Cette commémoration ségovienne de la déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen était placée sous le thème : « L’Accès à l’éducation est un droit de l’homme ».

C’est le Gouverneur de Ségou qui a lancé l’activité en présence du recteur de l'Université et du Maire de Ségou. La représentante de la Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali, le Secrétaire général de l’association des élèves et étudiants du Mali au niveau de l'université ; le représentant de la société civile et un sociologue chercheur, ont successivement développé des communications sur le thème du droit à l'éducation. Les messages clés ont notamment concerné l’implication des parents, le rôle de l'Etat et de toute la communauté dans l'éducation des enfants. Un accent a été mis sur l'éducation des filles. Saisissant l’occasion, le directeur de l'académie a attiré l'attention des participants sur la situation des écoles fermées dans la région. Les célébrations ont pris fin sur une note plus légère, un match de football a eu lieu dans l’après-midi entre les étudiants et les organisations de la société civile.

Bamako « capitale des droits de l’homme »

L’étape bamakoise vient couronner les activités de cette JIDH 2019. Ils étaient environ 300 personnes à y assister, en présence du Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif, du représentant du Ministère de la justice et des droits de l’homme, le Président de la Commission nationale des droits de l’homme. A leurs côtés, le Directeur général de la Police nationale, des représentants des institutions de la république et des autorités administratives indépendantes, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général en charge du Pilier politique de la MINUSMA, des membres du corps diplomatique, des Chefs d’agence, fonds et programmes des Nations Unies au Mali, des représentants des organisations de défense des droits de l’homme, des organisations de jeunes, des chercheurs universitaires, des professionnels des médias et des élèves et étudiants des clubs droits de l’homme.

Le Directeur national des affaires judiciaires et du sceau, représentant le Ministre de la Justice et des droits de l’homme a procédé à l’ouverture de la cérémonie. Il salué la bonne collaboration entre la MINUSMA et le département, invité la jeunesse malienne à mieux s’informer sur ses droits et à être engagée dans la promotion des droits de l’homme. Il a aussi renouvelé l’attachement du Mali aux droits de l’homme.

Le Directeur adjoint de la DDHP, a quant à lui porté le message de la Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme. La Présidente du parlement des enfants s’est exprimée à sa suite, puis une minute de silence a été observée à la demande du président de la Commission Nationale des droits de l’homme, en mémoire des soldats nigériens tués lors d’une attaque terroriste survenue le jour même de la JIDH, le 10 décembre. Le message du Secrétaire général a été lu par son représentant au Mali. Chaque intervenant a invité la jeunesse à s’engager davantage pour la promotion des droits de l’homme tout en saluant tout ce qu’elle accompli dans le domaine.

Le mini ensemble instrumental du Mali et les slameurs de l’Association Jeuness’Art, ont apporté un cachet artistique à cette commémoration bamakoise, en offrant des compositions sur la thématique de la jeunesse et des droits de l’homme. Comme ailleurs, des débats contradictoires entre jeunes défenseurs des droits de l’homme ont eu lieux. C’était sous la modération de l’ONG Action pour la promotion des Jeunes et Enfants Communicateurs avec la participation du parlement des enfants, de la tribune jeune pour le droit au Mali, et du réseau des jeunes pour la défense des droits de l’homme sur le thème de « l’engagement des jeunes pour les Droits de l’Homme au Mali ».

La célébration de cette édition 2019 de JIDH au Mali, prend fin le 17 décembre dans la cité des 333 saints à Tombouctou. Il est prévu la tenue d’une conférence, où sont attendus 250 représentants des acteurs locaux (Etat malien, société civile, etc.) issus des cinq cercles de la région.