La MINUSMA soutient le projet « Paroles de sagesse » pour redécouvrir les manuscrits anciens du Mali

précédent suivant
14 octobre 2015

La MINUSMA soutient le projet « Paroles de sagesse » pour redécouvrir les manuscrits anciens du Mali

Du 1er au 17 octobre, se déroule l’évènement « Paroles de Sagesse, les manuscrits anciens du Mali ». Grâce à l’appui logistique et technique de la MINUSMA, et à travers son unité Environnement et Culture, les activités ont pu se tenir à Tombouctou, Gao et Djenné en plus de Bamako et Ségou. Le mardi 6 octobre dernier, le Chef de Bureau de la MINUSMA à Tombouctou, a accueilli l’ambassadeur de France, M. Gilles Huberson, accompagné d’un représentant de l’ambassade d’Allemagne, M. Joschka Mowitz, la représentante du Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies au Mali (PAM), Mme Sally Hadock, ainsi que de la directrice de l’Institut français au Mali, Mme Corinne Micaelli-Mulholland.

 

La délégation s’est rendue sur place afin d’inaugurer les activités prévues dans la cité des 333 saints, destinées à promouvoir le contenu et la valeur des manuscrits séculaires , dont les plus anciens datent du XIIIème siècle. Hôte des conférences et d’une exposition, l’Institut des Hautes Etudes et de Recherches Islamiques Ahmed Baba (IHERI-AB) ouvert  en 1973, abrite une grande variété de manuscrits dont la plupart sont en Arabe, y compris le saint Coran, et traitent de la philosophie, de l’astronomie, des sermons, des prières et d’autres domaines scientifiques.

 

Ces livres anciens de Tombouctou portent l’empreinte d’érudits de générations antérieures qui ont œuvré pour la paix et la résolution pacifique de nombreux conflits. La crise de 2012 a menacé la survie de ces précieux documents. Plusieurs bibliothèques, sites et monuments historiques du patrimoine malien, inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, comme les mausolées du cimetière des Trois Saints, n’ont pas été épargnés. « Les occupants avaient envahi le Centre de l’Institut des Hautes Etudes et des Recherches Islamique Ahmed Baba. Les manuscrits sont gardés ici dans une telle sécurité qu’ils n’ont pas pu accéder à la salle où on les conserve », a expliqué le Directeur général de l’IHERI-AB, Dr Abdel Kadri Idrissa Maiga. Toutefois, ce sont 4103 manuscrits du centre de recherche qui ont été détruits pendant l’occupation.

 

Cet évènement entend donc contribuer à la réappropriation  d’une mémoire historique humaniste commune entre cultures arabe, nord et ouest africaine. L’objectif est de vulgariser le contenu de ces manuscrits anciens auprès de la population malienne et engager une réflexion sur les enseignements précieux qu’ils contiennent, notamment en matière de vivre-ensemble. Ce projet encourage aussi l’émergence d’une mobilisation coordonnée entre le gouvernement malien, les acteurs de la société civile et la mobilisation internationale autour des opérations de sauvegarde de ce patrimoine.

 

Les manuscrits de Tombouctou : un outil de résolution de conflit

 

Cet évènement est un projet sélectionné par le Fonds culturel franco-allemand 2015 et a bénéficié du soutien de diverses institutions et organisations internationales telles que l’ambassade de la République Fédérale d’Allemagne, l’Institut Français du Mali, l’UNESCO, la MINUSMA, l’Institut Goethe, la Confédération Suisse, pour ne citer que celles-là. Riche en messages de sagesse, de paix, de réconciliation et de cohésion sociale la manifestation culturelle se déroule sous le parrainage du Ministère de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, de celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, ainsi que du Ministère de la réconciliation nationale. La présence concomitante de l’ambassadeur de France et du représentant de l’Allemagne au lancement de ce festival à Tombouctou, témoigne de l’intérêt et de l’engagement de la communauté internationale pour aider le Mali à continuer à conserver ce patrimoine culturel dont elle n’est pas la seule propriétaire, puisqu’il est l’héritage de l’humanité.

 

M. Huberson a salué le courage des familles tombouctiennes qui, au plus fort de la crise et de l’occupation, ont pris le risque et fourni l’effort de garder en lieu sûr ces documents. « La France a un intérêt tout particulier dans la ville mystérieuse de Tombouctou qui a su protéger les manuscrits anciens. Ces derniers font aujourd’hui la fierté des maliens en général et celle de la communauté internationale en particulier de la République Française », a-t-il déclaré.

 

Au cœur de cet évènement « Paroles de Sagesse », plusieurs conférences-débats animés par des chercheurs et des spécialistes des manuscrits anciens de Tombouctou. Des sujets passionnants et émaillés de messages de paix ont été traités et les questions liées aux moyens de sauvegarde de cet héritage, ont largement été exposés. Les enjeux juridiques de la conservation des manuscrits, leur exploitation pour la recherche et l’enseignement, leur utilisation comme outil de règlement pacifique de conflit ou encore les enseignements qui y sont contenus et relatifs à la tolérance en islam, tels sont quelques-uns des autres sujets également analysés.

 

Un passage dans la salle de conservation des manuscrits au Centre Ahmed Baba a émerveillé les hautes personnalités, qui ont découvert la variété des thèmes développés dans ces œuvres. Médecine, diplomatie ou encore résolution pacifique de conflits.  L’exposition s’est poursuivie jusque dans la soirée où des jeunes et des notables de la communauté, hommes et femmes, ont fait le déplacement pour renouer avec ces trésors inestimables dont ils partagent l’histoire.

 

Sous l’escorte des forces de sécurité malienne et des casques bleus de la MINUSMA, la place Sankoré, scène par excellence des manifestations culturelles, a accueilli une foule de jeunes et quelques adultes venus visionner le film de Jean Crépu « Sur la piste des manuscrits de Tombouctou », sorti en 2014.

 

« Paroles de sagesse » s’est ensuite fait entendre à Djenné dans la région de Mopti, le 8 ; à Ségou et Gao, les 11 et 12 octobre. La cérémonie de clôture du projet aura lieu le 17 octobre à Bamako.