Les violences sexuelles basées sur le genre : une préoccupation majeure de la MINUSMA

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20 octobre 2015

Les violences sexuelles basées sur le genre : une préoccupation majeure de la MINUSMA

Au moment où le Mali explore les voies de sortie de crise, le Bureau de la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes (BCPPF) de la MINUSMA a organisé les 5, 6, 14 et 15 octobre 2015 deux ateliers. L’un sur initiative et à l’attention du réseau des jeunes leaders politique et de la société civile et l’autre, à l’endroit des sous-officiers des forces de défense et de sécurité (y compris de la justice militaire, de la gendarmerie et de la garde nationale). Objectif de ces rencontres : fournir des connaissances pratiques, sur ce que sont les violences sexuelles basées sur le genre et liées au conflit. Au cours de ces deux sessions de deux jours chacune les participants ont vu comment lutter contre ces graves violations des droits de l’Homme, comment les prévenir, les traiter et en réduire les effets dévastateurs.

 

Trentenaire, affable et engagée pour la défense de ses convictions, Mme Djilah Habibatou Nanyuman Traoré, est la Présidente du Réseau des Jeunes Femmes Leaders des Partis Politiques et des Associations de la Société Civile REJEFPO. Elle est l’une des initiatrices principales de cette session de formation à l’endroit d’une quarantaine de jeunes, femmes et hommes, issus des organisations de la société civile mais également des partis politiques. Une initiative qu’il fallait prendre compte tenu du déficit d’information qu’il y a sur le sujet. Parce que, dit-elle et prenant exemple sur elle-même : « Je savais qu’il y avait des problématiques liées à la violence basée sur le genre mais en voir l’étendue de cette manière, c’est ici, à la formation que je l’ai découvert autrement, surtout le cas malien. ».

 

Ainsi, pour pallier le déficit, le premier jour, les formateurs du bureau de la protection des femmes ont exposé à la quarantaine de jeunes leaders maliens présents, les grandes lignes des concepts « de violations graves des droits de l’homme au regard du droit international humanitaire » ; « de violations faites aux enfants ». Au cours de cette session, ils ont également expliqué aux participants le mandat de la MINUSMA et la définition de la violence sexuelle ainsi que la définition de la violence sexuelle liée au conflit et l’appropriation de ce concept. La première journée s’est terminée sur un point relatif à la situation sur la violence sexuelle liée au conflit au Mali.

 

Si la première journée devait permettre aux participants d’identifier les différents principes et concepts, la seconde avait pour but de leur permettre de comprendre comment l’ONU, à travers la MINUSMA et son unité de protection des femmes, lutte contre ces violences et, par extension, comment eux-mêmes pouvaient apporter leur concours à cette cause. Ainsi, le mandat spécifique de l’unité fut abordé. L’orientation stratégique et l’intégration des Violences Sexuelle liées aux Conflits au sein de la MINUSMA ou encore les mécanismes comme « les Arrangements pour le Suivi, l’Analyse et la Communication de l’information sur les violences sexuelles liées au conflit (MARA) » furent également passés en revue.

Pour le Directeur de la Division des droits de l’Homme de la MINUSMA et Représentant du Haut-Commissaire des droits de l’Homme de l’ONU, M. Guillaume Ngefa, cet atelier n’est pas qu’une rencontre à sens unique, c’est aussi et surtout une : « opportunité d’engager un dialogue critique, sur un sujet pertinent, avec les jeunes leaders et responsables de la société civile malienne », a-t-il précisé, dans son allocution, lors de la cérémonie d’ouverture.    

 

Fort de ce nouveau bagage et de leurs positions et rôles dans la société, les jeunes leaders sont désormais en mesure d’agir. Et agir ensemble, c’est ce qu’ils ont décidé de faire à l’issue de cette rencontre qu’unanimement, ils ont qualifié d’enrichissante. « La MINUSMA nous a formé. Nous nous sommes donc demandé ce que nous pouvons faire de plus après la MINUSMA ? C’est cette réflexion que nous avons menée et qui a abouti à la mise en place d’un comité de suivi afin de travailler en synergie, pour que nous puissions aider ces femmes victimes à se réinsérer dans la société », a déclaré à l’issue de l’atelier l’un des participants, Adama Berthé, représentant le Réseau des Jeunes des Partis Politiques du Mali. Une initiative qui doit permettre à ces forces vives de la nation de jouer pleinement leur partition dans la réduction de ces crimes sexuels et de leurs effets.

Les femmes ont été les plus grandes victimes de la crise politico-sécuritaire qui secoue le Mali et particulièrement dans les zones du nord. Les viols et l’application stricte de la charia sur de paisibles populations vont certainement laisser des séquelles définitives dont la prise en charge s’avère nécessaire.

 

En première ligne dans la défense des victimes, les forces de défense et de sécurité sont aussi venues à l’école de la protection des femmes

 

C’est à l’école de Maintien de la Paix Alioune B. Beye, un environnement qui leur est familier, que les 30 officiers de la Gendarmerie Nationale ont reçu l’équipe du bureau de la Conseillère Principale à la Protection des Femmes de la MINUSMA. Du mercredi 14 au jeudi 15 (inclus), ces adjudants chef pour la plus part, se sont eux aussi penchés sur les violences sexuelles basées sur le genre et liées au conflit. Pour ces représentants de la loi et de la sécurité, déjà au fait de ce grave type de violences, il s’agissait plutôt de renforcer leurs compétences dans le domaine de l’accueil et de l’orientation des Victimes de Violences Sexuelles. Bien sûr, à titre de rappel, une large fenêtre a été ouverte sur l’élucidation du concept de violences sexuelles basées sur le genre et liées au conflit, avant d’entrer dans le vif du sujet. Une mise à jour d’une grande utilité, si l’on en croit l’adjudant-chef Salimata Sylla de la Direction Centrale des Services de Santé des Armées, qui salue cette initiative car, dit-elle : « Vraiment, avant de suivre cette formation, je n’avais aucune idée sur les violences sexuelles liées au conflit. Parce que pour moi, c’est impossible qu’en pleine guerre vous pensiez au sexe. C’est à travers cette formation que je me suis rendue compte du phénomène et de son ampleur ». Un autre participant, l’adjudant-chef Madani Diabaté de la Brigade territoriale de Sangarébougou, en commune I de Bamako, revient sur la notion de violence sexuelle liée au conflit qui lui a été détaillée et explicitée : « lors de la formation, j’ai appris qu’une violence sexuelle liée au conflit n’intervient pas seulement sur les lieux et au moment du conflit. Elle peut arriver avant ou après. Par exemple, une déplacée de guerre qui fuit Gao pour Kayes et qui s’y fait violer, est considérée comme une victime de violence sexuelle liée au conflit. »
 

Cette formation d’un total de 16 heures, est basée sur une méthodologie participative alliant des présentations par vidéo projection, des scenarios et des études de cas, des exercices pratiques, des travaux de groupes et des restitutions en plénière. En fin de session, une documentation détaillée sur tous les sujets abordés lors de l’atelier est remise à tous les participants. 

 

Pour le bureau de la Protection des Femmes de la MINUSMA, l’objectif d’une telle activité est double, elle doit permettre aux bénéficiaires (sous-officiers) de mieux gérer des situations relatives aux violences sexuelles liées au conflit, en accueillant et en orientant correctement les Victimes de Violences Sexuelles mais aussi, plus largement, de jouer un rôle important de diffusion des standards internationaux en matière de protection des civils en période de conflit armé.   

 

Une fois la formation terminée, une autre tâche incombe aux officiers participants : « En quittant cette formation, de retour dans mon lieu d’affectation, je devrais la transmettre à mes collègues qui eux aussi la transmettront à d’autres ».

 

La clôture officielle de l’atelier, au cours de laquelle ont été décernés des diplômes de participation aux militaires, a vu la participation du tout nouveau Représentant Spécial Adjoint de la MINUSMA en charge du pilier politique, M. Koen Davidse. Pour M. Davidse, « la MINUSMA se tiendra toujours prête à poursuivre ses efforts avec le Gouvernement Malien afin d’arriver à l’avènement d’un Mali paisible, uni et fort ». En réponse, le représentant du Ministre de la Défense, Le Lieutenant-Colonel Amara Doumbia, le Directeur Adjoint du Service Social des Armées, ont remercié la MINUSMA à travers les efforts fournis par l’équipe du Bureau de la Conseillère Principale pour la Protection des Femmes puis, s’est adressé aux sous-officiers présents : « Après ces deux jours d’atelier au cours desquels vous avez acquis de nouvelles connaissances en matière d’accueil et d’orientation des victimes de violences sexuelles liées au conflit,  Je n’aurais aucun doute que vous serez les acteurs les mieux outillés pour sa mise en œuvre partout où vous serez », a-t-il  déclaré.

 

La réduction des violences sexuelles liées au conflit et la prise en charge des victimes, sont au même titre que d’autres, des conditions importantes pour un retour à une paix et une stabilité durable au Mali. Un paramètre essentiel, non seulement pour les victimes elles-mêmes mais aussi, pour celles et ceux censés leur venir en aide. Ces rencontres auront donc permis de constater que cette épineuse question des Violences Sexuelles est la préoccupation de tous.

 

En cas de besoin, de signalements relatifs aux violences sexuelles, vous pouvez contacter ces numéros verts

 

  • 80333  gérée par la Police Nationale mais joignable que par MALITEL ;
  • 80001115 gérée par la Police Nationale ;
  • 80001114 gérée par la Gendarmerie