Mieux comprendre le Concept "d’Autorités Intérimaires"

7 octobre 2016

Mieux comprendre le Concept "d’Autorités Intérimaires"

 

Le 3 octobre dernier s’est tenu, à l’Hôtel El Farouk de Bamako, un atelier d’information et de sensibilisation de la société civile aux dispositions du code des collectivités territoriales, concernant les autorités intérimaires. Organisé par le Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’Etat, cet important exercice d’information et d’explication, a été soutenu par la MINUSMA, à travers sa Division des Affaires Civiles. 

 

Qu’entend-on par "autorités intérimaires", dans quelles situations et conditions sont-elles mises en place ?  Qui en est membres et avec quelles attributions, pour quel mandat et quelle durée ? Quelle a été la motivation de la loi sur les autorités intérimaires… ? Voilà donc autant de questions auxquelles, Monsieur Bakary Bagayoko, Conseiller Technique au Ministère de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de la réforme de l’Etat, a répondu lors de cet atelier d’une journée, consacré aux dispositions du code des collectivités territoriales concernant les autorités intérimaires.

 

C’est la Directrice de la Division des Affaires Civiles de la MINUSMA qui présidait la cérémonie d’ouverture de cet atelier. Dans son propos introductif, Mme Elsie Effange M’Bella a déclaré que : « cette assise s’inscrit dans le cadre de la participation citoyenne pour amorcer le dialogue national et permettre à la société civile de jouer véritablement son rôle de contrôle citoyen ». Elle a par ailleurs annoncé que des séances de ce genre figurent en bonne place dans l’agenda des activités de la Division car dit-elle : « … elles permettent de sensibiliser et d’informer la société civile par rapport aux grandes décisions de l’Etat et surtout, sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation Nationale ».

 

Tous issus de la société civile, ils étaient 30 participants, autour de la table de la salle de conférence de l’Hôtel El Farouk de Bamako. Le but de cette rencontre étaient donc de mieux faire comprendre à ces 13 femmes et 17 hommes, le concept d’"Autorités intérimaires", afin qu’ils y adhèrent et qu’ils y fassent adhérer les groupements, associations et communautés qu’ils représentent. Parmi eux, des réseaux d’organisations, des associations, les deux faitières (Conseil National de la Jeunesse et le Forum National de la Société Civile), mais aussi les organes affiliés que sont les Fédérations et Associations de Femmes et de jeunes, les corporations religieuses, les communicateurs traditionnels, ainsi que les représentants des associations communautaires Arabe, Bella, Tamashek, Dogon, Peuhls du COREN et de CAP/Mali.

 

Pour parvenir à l’adhésion et surtout à l’implication de tous, dans la mise en place consensuelle des Autorités intérimaires, des préalables s’imposent. Il a donc fallu commencer par informer et former les participants sur les dispositions du code des collectivités territoriales, ceci, pour qu’il soit également plus facile d’approfondir avec eux, le processus de régionalisation du pays par la décentralisation. 

 

Plus spécifiquement, il s’agissait d’imprégner la société civile du contenu de l’Entente signée le 19 juin dernier entre les groupes armés et de l’informer, dans le cadre d’un d’échange interactif, sur le processus en cours notamment : le dispositif de mise en place des Autorités intérimaires ; l’état de mise en œuvre du processus de régionalisation ; les projets de relecture de la loi sur la libre administration et le code des collectivités territoriales.

 

Avant les échanges, les participants ont suivi un exposé intitulé " Communication sur la mise en place des autorités intérimaires dans les collectivités territoriales", assurée par Bakary Bagayoko Conseiller Technique au Ministère de l’Administration Territoriale, de Décentralisation et des réformes de l’Etat.

 

Au fur et à mesure des échanges qui ont suivi cette communication, de nombreuses suggestions et recommandations ont été faites. Ainsi, les participants exhortent le Ministère de tutelle à  sensibiliser d’avantage la population sur la thématique, maintenir le contact avec la société civile et tenir compte de leurs observations concernant les préoccupations des populations à la base. Les membres de la société civile souhaitent également une amélioration des stratégies de communication, afin que la rumeur ne prenne plus le dessus sur la réalité, en utilisant des thématiques et des canaux de communication appropriés, en lien avec les coutumes et les réalités de chaque localité. Et ce, en utilisant par exemple, les ondes des radios de proximité ou encore les services des communicateurs traditionnels. Les participants ont également beaucoup insisté sur l’inéligibilité comme Autorités intérimaires, des personnes qui ont commis des actes de violence sur les populations.

 

A la société civile, les participants recommandent la mise en place de cadres, d’espaces d’échanges entre les représentants des groupes armés et de la société civile. De plus, la formation d’un groupe de pression a été décidée. Ce groupe proposera au Gouvernement la mise en place et l’opérationnalisation d’un espace de concertation, tel que défini dans l’Accord pour Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger.

 

In fine, pour les participants, cette rencontre est venue à point nommé car selon eux, par rapport à la nomination des membres des Autorités Intérimaires, il se mène une campagne de désinformation et de confusion, dans les différentes localités. L’atelier leur a donc permis d’obtenir la bonne information à relayer.

 

En ce qui concerne la communication, notamment en son point sur les aspects de la participation des populations au processus de mise en œuvre de l’Accord pour la paix, M. Bagayoko, le conférencier a dit ceci : « ni les contraintes sociologiques comme l’auto stigmatisation, l’éternel complexe des femmes face aux hommes, la méconnaissance des textes, des droits et devoirs, le manque d’intérêt, voir l’ignorance, ou encore l’inertie des populations, ne doivent être des handicaps à la participation aux processus initiés par l’Etat ». Un renvoi des représentants de la société civile à leur responsabilité. Une responsabilité que ces derniers compte bien assumer, si l’on en juge par leur implication dans cet atelier.