Mopti - La Vice-secrétaire générale des Nations Unies visite le "Centre de formation multifonctionnel des femmes engagées" soutenu par la MINUSMA

16 novembre 2020

Mopti - La Vice-secrétaire générale des Nations Unies visite le "Centre de formation multifonctionnel des femmes engagées" soutenu par la MINUSMA

Arrivée au Mali le 12 novembre 2020, la Vice-secrétaire générale des Nations Unies, Amina J. MOHAMMED, s’est rendue vendredi dernier à Mopti, dans le centre du pays. Une visite de solidarité aux 500 membres du Réseau des Femmes engagées, bénéficiaires de deux projets financés par l’ONU. L’objectif était de s’imprégner de leurs réalités et les encourager à œuvrer en faveur de la paix et de la cohésion sociale.

« Nous sommes toutes des sœurs, originaires d’Afrique, qui venons à votre rencontre, en toute solidarité pour encourager votre implication dans la recherche de la paix. Tout comme vous, nous sommes des femmes leaders et comptons sur votre leadership pour contribuer à la renaissance des valeurs d’antan qui ont toujours fait la fierté du Mali. Nous sommes ici pour vous écouter et comme nous l’avons dit aux autorités, nous voulons nous assurer que les jeunes et les femmes participent pleinement au nouveau leadership malien, » a déclaré Amina J. MOHAMMED.

À la tête d’une mission conjointe de haut-niveau des Nations unies en visite au Mali, la Vice-secrétaire générale MOHAMMED a visité le Centre de formation multifonctionnel du Réseau des Femmes engagées à Sévaré, accompagnée du Représentant Spécial du Secrétaire général (RSSG) des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh ANNADIF, de la RSSG adjointe, Coordonnatrice Humanitaire et résidente du système des Nations unies au Mali, Mbaranga GASARABWE, la RSSG du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, Hannah TETTEH, la Directrice régionale du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’Afrique, Ahunna EZIAKONWA, ainsi que de la Cheffe du Bureau régional de la MINUSMA à Mopti, Fatou Thiam. Sur le tarmac de l’aéroport international Ambodédjo de Mopti, ces personnalités ont été accueillies par le Coordinateur humanitaire adjoint des Nations unies au Mali, Johannes Van Der KLAAW, et le Coordonnateur-terrain du bureau régional de la Division des Affaires civiles de la MINUSMA à Mopti, Jens Christensen, avant de se rendre au Centre de formation multifonctionnel des Femmes engagées à Sévaré.

En présence de la délégation réunie dans la nouvelle salle de conférence du Centre multifonctionnel fraîchement aménagée, Fatou Thiam, la Cheffe du Bureau Régional de la MINUSMA à Mopti, a introduit le réseau des femmes, puis fait part des défis sécuritaires auxquels fait face la région de Mopti. Elle a ainsi mis en contexte ce projet d’appui au renforcement de capacités des femmes pour le développement d’opportunités économiques en faveur de leur résilience. « Malgré toutes ces difficultés, Mopti a la chance d’avoir ces femmes engagées et résilientes qui veulent aller de l’avant, » a-t-elle indiqué. Plus loin, la Représentante régionale de la MINUSMA a expliqué que ce projet s’articule sur trois composantes principales à savoir, le soutien au développement socio-économique des femmes, le renforcement de leur leadership comme actrices de la paix et de la cohésion sociale, ainsi que la promotion de l’approche inclusive sensible au genre et enfin, la formation professionnelle et l’auto-emploi.

« C’est le tout premier Centre de formation multifonctionnel pour les femmes à Mopti. Plus qu’un centre pour mener des activités génératrices de revenus, c’est un outil pour réduire la pauvreté chez les femmes, lutter contre les violences basées sur le genre, et créer des emplois pour les jeunes intéressés par l’artisanat, la transformation agro-alimentaire, la saponification (désigne une réaction chimique qui permet la fabrication du savon) et la teinture. Nous nous tenons prêtes à assurer directement le fonctionnement et l’entretien du centre, grâce à la vente de nos produits », s’est réjouie la présidente du Réseau des femmes engagées.

Une synergie onusienne pour deux projets complémentaires

En somme, ces « Femmes engagées » sont bénéficiaires de deux projets portant, pour le premier, sur la promotion de la participation des femmes à la cohésion sociale et la culture de la paix, tout en développant leurs capacités de résilience et, pour le second, sur leur autonomisation socio-économique. Le premier projet a été financé par le fonds fiduciaire des Nations Unies pour la paix et la sécurité pour plus de 113 millions de Francs CFA, avec le soutien du gouvernement autrichien. Il s’inscrit dans le cadre du renforcement des capacités des femmes pour contribuer à la promotion de la culture de la paix et la relance économique. Ce projet en faveur du Réseau des femmes engagées fédérant plus de 30 associations féminines issues de diverses communautés, à l’image de la mosaïque ethnique de la région, comprend deux phases essentielles. Il s’agit de la sécurisation de la parcelle de terre mise à la disposition du réseau et de leur formation à la vie associative, à travers un projet à impact rapide de la MINUSMA, en 2019. La seconde phase, actuellement en cours, consiste en la construction et l’équipement d’infrastructures adéquates, ainsi que la mise en place de structures et services de formation artisanale, dont la transformation de produits agro-alimentaires, la saponification et la teinture. Ce projet est mis en œuvre par la Division des Affaires civiles à Mopti dont l’équipe de terrain dirigée par M. Jens Christensen, a assuré la coordination de la visite, de concert avec les agences onusiennes de la localité.

Le deuxième projet d’autonomisation socio-économique des femmes, complémentaire au précédent, est mis en œuvre par un consortium d’agences onusiennes dont le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), l'ONU-Femmes et le PNUD. Il entre dans le cadre du programme de développement local inclusif et équitable et soutient 23 groupements de femmes issus des huit cercles de la région de Mopti. Parmi ceux-ci se trouvent les groupements de déplacées internes, de personnes handicapées et d’autres victimes des violences survenues durant l’occupation de 2012.

Parmi les femmes leaders présentes, la Présidente de l’association des femmes handicapées n’a pas manqué de louer le projet qui a doté ses membres de matériels de transformation agro-alimentaire et de moyens de transports facilitant ainsi leur mobilité. « Aujourd’hui, nous les femmes handicapées, sommes très reconnaissantes, car il s’agit de la seule aide dont nous avons bénéficié depuis la création de notre structure, » a-t-elle confié, tout en faisant part de la situation difficile des personnes handicapées, en particulier celles des femmes de la région de Mopti.

Selon les témoignages des bénéficiaires, ces deux projets, mis en œuvre par le système des Nations unies, y compris la MINUSMA, affichent des résultats tangibles. Ils auront notamment permis d’améliorer les moyens de subsistance des femmes, à travers la formation professionnelle, mais aussi les outiller pour jouer un rôle actif dans la promotion de la paix et le développement de la résilience de leurs communautés. Cette synergie d’actions des Nations unies, œuvrant comme une seule entité, met en exergue le lien entre l’humanitaire et le développement au service de la cohésion sociale.

Les voix des jeunes et des femmes comptent

Amina MOHAMMED, Vice-secrétaire générale des Nations Unies, et le RSSG au Mali, Mahamat Saleh ANNADIF ont tous deux souligné l'importance de l'engagement des femmes dans la société, en insistant particulièrement sur la nécessité de renforcer leur résilience, en travaillant avec les différentes communautés pour la réconciliation, la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Pour sa part, le RSSG ANNADIF a félicité les femmes et renouvelé l’engagement de la Mission à les accompagner pour leur pleine participation au retour de la paix et de la cohésion sociale.

« L’Afrique et le monde doivent savoir ce que veulent les femmes et la jeunesse maliennes pour leur pays, » a affirmé la Vice-secrétaire générale de l’ONU, avant de demander aux femmes membres du Réseau, leur opinion sur des pistes de solution pour que le Mali recouvre la paix. « Les calomnies et la diffamation sont en train de gâcher les relations au sein des communautés. Il faudrait que nous nous mettions tous ensemble, toutes communautés confondues pour nous retrouver par le dialogue et dépasser les différends qui nous font croire que nous sommes différents, » a répondu l’une des femmes. Mme MOHAMMED a renchéri en encourageant les femmes à sensibiliser leurs filles et fils, pour faciliter leur implication dans la reconstruction du tissu social entre les communautés.

Des efforts symbolisant l’espoir du retour de la paix

De son côté, la RSSG du Bureau des Nations Unies auprès de l’Union africaine, Hannah TETTEH, a appelé les femmes à se rassembler derrière le Mali et à étendre à leurs communautés l’élan de solidarité, et de vivre-ensemble qui caractérise leur réseau, indépendamment de leur appartenance ethnique respective. « Au sein du Réseau, vous êtes d’ethnies diverses, mais toutes du même pays, le Mali. Nous sommes avec vous pour faire germer les graines de la paix jusque dans vos villages, afin de faire prospérer le Mali ». Dans la même veine, la Directrice régionale du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour l’Afrique, Ahunna EZIAKONWA a exhorté les femmes à prioriser l’éducation de leurs enfants, en particulier celle des filles pour les préparer à un meilleur avenir. « Restez soudées aux Nations Unies, car nous sommes là pour vous accompagner, » a-t-elle ajouté.

Une courte mais intense visite, riche de partage qui, selon lui, revêt une importance capitale pour la mobilisation de ressources au profit d’initiatives locales dans la région. « La délégation est venue pour mieux apprécier l’accompagnement des Nations Unies à la société malienne, dans sa riposte à la crise humanitaire, à la résolution des conflits et la consolidation de la paix, surtout dans le centre du pays, » a expliqué le coordinateur humanitaire adjoint des Nations unies au Mali, Johannes Van Der KLAAW. Il a également souligné que « ces associations de femmes appuient le mieux vivre-ensemble et la cohésion sociale entre différents groupes ethniques, en vue de la réduction des conflits. La délégation a salué les efforts des femmes. Des efforts symbolisant l’espoir que le Mali puisse vivre de nouveau en paix ».

Aux termes de ces discussions à cœur ouvert entre « sœurs africaines, ces femmes leaders déterminées et engagées », la délégation a visité l’exposition, admirant les œuvres artisanales et les produits transformés par les femmes. Sur la demi-douzaine de stands établis, le premier a permis à Mme MOHAMMED de participer à une session de confection de savons aux côtés des femmes travaillant dans cette filière. Visitant les hangars qui serviront d’ateliers pour les femmes, la Vice-secrétaire générale des Nations Unies s’est brièvement entretenue avec un petit groupe de femmes qui l’y attendaient.

Avant de quitter la Venise malienne, Amina J. MOHAMMED les a chaleureusement félicitées pour les efforts déployés en faveur de la paix, ainsi que pour leur dynamisme, tout en s’investissant de la mission de porter leur voix et leur plaidoyer en faveur de « la paix et la prospérité » au Mali.