POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 10 mai 2018

11 mai 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 10 mai 2018

Porte-parole : M. Olivier Salgado

Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, chers confrères journalistes, chers auditrices et auditeurs de la radio de la Paix, MIKADO FM, merci de nous être fidèles à ce rendez-vous bimensuel. Pour ce point de presse, je vais présenter l’actualité des différentes composantes de la MINUSMA de ces dernières semaines.

Suite à cela, l’invité spécial de ce point de presse, M. Martin Nadon, le Directeur de la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA, nous parlera de l’appui technique et logistique de la Mission au processus électoral, en soutien aux autorités maliennes.                                          

ACTIVITÉS À BAMAKO

  • Dans un communiqué publié le 30 avril dernier, la MINUSMA a condamné l’escalade de la violence et les attaques perpétrées contre les civils dans la région de Ménaka. Depuis le mois de février 2018, la Mission a recueilli des allégations d’abus et de violations graves des droits de l’homme contre les civils qui ont contribué à aggraver les tensions entre les communautés locales dans la région de Ménaka. Comme vous le savez, à travers sa Division des droits de l’homme et de la protection, la MINUSMA surveille la situation des droits de l’homme dans cette région depuis 2014 et a établi un bureau des droits de l’homme en 2016 qui fait un travail de collecte, analyse et enquête sur la situation des droits de l’homme, non seulement dans la région de Ménaka mais aussi dans d’autres parties du Mali.
  • Par ailleurs, une équipe de chargés des droits de l’homme a effectué une mission spéciale à Ménaka du 4 au 7 mai derniers, c’est-à-dire qu’elle revient du terrain, pour enquêter sur les récentes attaques et confrontations armées et déterminer la nature de chaque incident ainsi que leurs implications pour la situation des droits de l’homme, ainsi que pour examiner les causes profondes de la dégradation de la situation et proposer des mesures urgentes pour prévenir de nouvelles violences. https://minusma.unmissions.org/la-minusma-condamne-l%E2%80%99escalade-de-la-violence-et-les-attaques-contre-les-civils-dans-la-r%C3%A9gion-de
  • Les 7 et 8 mai, les Nations Unies et l’Union Européenne ont soutenu un atelier coorganisé par le G5 Sahel sur l’établissement et la mise en œuvre d’un cadre pour prévenir les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Présente à l’évènement, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, a réaffirmé le soutien de la MINUSMA à la force conjointe à travers la résolution 2391 du Conseil de Sécurité et a rappelé l’importance de la complémentarité entre les opérations de la Force conjointe ainsi que le travail que les Agences des Nations Unies soutiennent à travers la Stratégie Intégrée des Nations Unies pour le Sahel.
  • Le 7 mai a débuté à Kidal l’enregistrement des membres du Mécanisme Opérationnel de Coordination. Dans un premier temps, 17 éléments issus de chacune des trois parties signataires de l’Accord, soit un effectif de 51 combattants, vont former le 1er contingent du MOC de Kidal. L’objectif du MOC est d'instaurer un climat de confiance entre l'armée malienne et les groupes armés signataires. Le MOC est chargé de planifier, de vérifier et de conduire les patrouilles mixtes incluant des éléments des forces armées et de sécurité malienne et des éléments de la coordination et de la plateforme. La MINUSMA a, quant à elle, facilité l'arrivée à Kidal des éléments de chacune des parties signataires. Une cérémonie de lancement s’est déroulée ce matin et nous allons en savoir plus avec le Commandant adjoint de la Force en direct de Kidal. https://minusma.unmissions.org/51-nouveaux-membres-pour-le-commandement-du-m%C3%A9canisme-op%C3%A9rationnel-de-coordination-moc-de-kidal

Le Commandant Adjoint de la Force, le Général Amadou Kane en direct de Kidal

  • Nous avons eu aujourd’hui la cérémonie de lancement officielle du MOC de Kidal que j’ai présidée au nom du Président de la CTS (Commission Technique de Sécurité), le Général Jean-Paul Deconinck. Il s’agissait, devant toutes les sensibilités représentées de la ville de Kidal, notamment des représentants du Gouverneur de la région, de l’armée locale, des autorités intérimaires et des différents groupes armés, de la société civile et de la MINUSMA, d’ouvrir officiellement le MOC de Kidal et l’équipe mixte du MOC où vont se côtoyer des militaires des forces armées maliennes et des combattants de la CMA et de la Plateforme. C’était une très belle fête, même si elle était sobre, et nous avons eu le retour des populations qui ont bien apprécié le lancement du MOC, qui leur redonne de l’espoir.  

ACTIVITÉS DE LA FORCE ET DE LA POLICE ONUSIENNE

  • Au cours des deux dernières semaines, la Police onusienne a effectué 680 patrouilles, escortes et autres missions. La Force de la MINUSMA a quant à elle effectué 324 patrouilles, dont 70 escortes, au cours de la semaine écoulée.
  • Hier, le 9 mai, le Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck, s’est adressé au Conseil de Sécurité des Nations Unies à New-York à l’occasion de la Conférence des chefs de la composante militaire des Nations Unies. Le Commandant de la Force a remercié les Casques bleus ainsi que les pays contributeurs de troupes pour leur engagement et soutien continu pour la sécurité au Mali. Il a par ailleurs appelé le Conseil de Sécurité à mettre en place des mesures pour renforcer l’approche robuste du mandat de la Mission et apporter les ressources nécessaires pour appuyer le Mali dans un retour pour la paix dans un environnement particulièrement complexe. En effet, a-t-il ajouté “ les environnements de conflits complexes appellent les missions multidimensionnelles et intégrées à adresser une multitude de facteurs, que l’on doit prendre en compte pour tendre de dissoudre la crise, notamment dans la région du Centre, mais aussi d’un point de vue régional dans les pays du Sahel. » Le Général Deconinck a réitéré l’engagement de la Force de la MINUSMA dans le développement et la mise en place de cette stratégie pour établir des conditions pour une sécurité et une paix durable au Mali.
  • Les opérations de la Force FORONTO 2 et FITIRI 2 ont pris fin. Elles ont permis de renforcer la sécurité dans les zones où les opérations se sont déroulées. Vous le savez, depuis le mois de janvier-février, des opérations robustes de la Force de la MINUSMA se déroulent toutes les deux semaines dans les endroits les plus reculés du pays et apportent donc de bons résultats de sécurisation. De plus, au cours de l’opération FITIRI 2, 157 personnes ont pu bénéficier de consultations et de traitements médicaux gratuits car ces opérations sont l’occasion pour la MINUSMA de sécuriser mais aussi de prendre soin des populations présentes.
  • Mardi 8 mai, le Bureau de la Police onusienne à Gao a lancé une formation de quatre jours sur la prévention et la lutte contre le terrorisme pour 14 participants des forces de sécurité maliennes, venant de la Police Nationale, de la Gendarmerie, de l’Office Central des Stupéfiants et de la Garde Nationale. Cette même formation a déjà eu lieu à Tombouctou il y a quelques semaines au profit de 53 autres éléments des FDSM. https://minusma.unmissions.org/gao-les-forces-de-d%C3%A9fense-et-de-s%C3...
  • Le 7 mai, la Force de la MINUSMA a accompagné les FAMAs dans la conduite d'une patrouille coordonnée au sud de la commune Gao. Soutenus par des hélicoptères et des parachutistes, 50 soldats maliens, allemands et belges ont patrouillé une île de la côte ouest du fleuve Niger dans la région de Borno. Le but de cette opération était de dissuader des attaques contre les populations et contribuer à la protection des civils. Cette opération coordonnée entre les Casques bleus de la MINUSMA et les FAMAs est donc bien un signe de la détermination commune à sécuriser les populations de la région de Gao et leurs biens, dans le cadre du processus de paix et de réconciliation du Mali. https://www.facebook.com/minusma/posts/1613826102068183
  • Par ailleurs, UNPOL poursuit ses formations relatives à la sécurisation du processus électoral. Du 7 au 11 mai, 22 éléments des Forces de sécurité maliennes (6 policiers, 8 gendarmes, 5 agents de la Garde Nationale et 3 de la Protection Civile), dont 6 femmes, ont suivi cette formation à Bamako et 20 autres (6 policiers, 4 gendarmes, 10 agents de la Garde Nationale) à Mopti.

ACTIVITÉS EN RÉGIONS

GAO

  • Le 8 mai, le Division des droits de l’hommes du Bureau régional de la MINUSMA à Gao a formé six membres de l’Equipe Mixte d’Observation et de Vérification (EMOV) sur les droits de l’hommes et le droit international humanitaire, dans un effort de renforcement de la capacité des Forces de défense et de sécurité maliennes à promouvoir et protéger les droits de l’homme dans leurs activités quotidiennes.
  • Le 27 avril, plus d’une dizaine de combattants du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) de Gao ont été certifiés suite à une formation sur l’utilisation, la vérification et la maintenance des armes légères et petits calibres initiée par la MINUSMA. Durant deux jours, les combattants du MOC se sont ainsi familiarisés avec les armes légères et petits calibres qu’ils portent au quotidien, pour une utilisation professionnelle et un entretien adéquat de ces armes, afin d’exécuter leur mission de protection des populations et de leurs biens.

INCIDENTS

  • Le 26 avril, un engin explosif improvisé a explosé à 300m au nord-ouest du camp de la MINUSMA à Kidal, après le passage d’une escorte de convoi de la Force de la MINUSMA, sans causer de dommages. Immédiatement, une unité de la Force de réaction rapide et une équipe EOD pour la neutralisation des explosifs et munitions ont été envoyées sur les lieux de l’incident pour mener une enquête.
  • Le 2 mai, 5 garçons âgés de 15 à 17 ans ont été victimes d’un engin explosif qu’ils auraient extrait d’un puits abandonné dans le village de Dia, près de Ténékou (région de Mopti). L’engin a explosé alors qu’ils essayaient de l’ouvrir avec une pierre, tuant quatre d’entre eux. Le cinquième âgé de 17 ans, a été légèrement blessé et se trouve hors de danger. La MINUSMA rappelle que les engins explosifs demeurent un danger mortel pour les populations vivant au nord et au centre du pays, et en particulier pour les enfants. La MINUSMA recommande fortement de ne pas s’approcher des engins et d’évacuer immédiatement la zone et d’appeler les autorités locales ou la MINUSMA pour faire intervenir les spécialistes. 
  • Le 7 mai, la Force de la MINUSMA sécurisant le MOC de Tombouctou a riposté avec des tirs dissuasifs sur un véhicule qui s’approchait du camp à grande vitesse. Les passagers du véhicule ont été appréhendés pour une procédure de vérification avant d’être relâchés.
  • Hier le 9 mai, vers 17h, le camp de la MINUSMA de Tessalit a essuyé des tirs de mortiers. Ni victimes, ni dégâts ne sont à déplorer.

SESSION DE QUESTIONS/REPONSES

Abdoulaye Ouattara, Info-Matin : Concernant le lancement officiel du MOC de Kidal, de combien d’éléments parlons-nous ?

Olivier Salgado : Ce qui est prévu pour le moment, c’est l’enregistrement de 51 combattants dans chaque endroit où le MOC est établi, que ce soit Gao, Tombouctou ou Kidal, dont 17 participants des FAMAs, 17 de la Plateforme et 17 de la CMA, ce qui fait un total de 51 pour le MOC de Kidal, qui a été lancé officiellement ce matin. Il est prévu à terme que ces unités mixtes basées à Gao, Kidal et Tombouctou soient composées de six cents hommes (200 FAMAs, 200 CMA et 200 Plateforme). Celle de Gao a déjà été mise en place depuis le début de l’année 2017.

Mohamed Maiga, Radio Nanaye (Gao) : Pourquoi le MOC de Kidal a-t-il commencé avec un si petit nombre comparé au MOC de Gao ? J’ai une deuxième question. Les soldats maliens sont partis à Kidal de Gao avec les véhicules. Que deviennent ces véhicules ?

Olivier Salgado : En ce qui concerne les chiffres de Gao, comme vous le savez un terrible attentat a eu lieu peu après le lancement du MOC de Gao, qui a engendré des retards dans l’installation. Je n’ai pas les chiffres exacts en tête mais je reviendrai vers vous avec plus de détails. Le MOC de Gao est cependant bien opérationnel. La MINUSMA ne garde pas les véhicules du MOC. Mais je n’ai pas de réponse précise à votre question. Je vais me renseigner sur ce point que j’apprends.

Aliou Ibrahim, Radio Naata (Gao) : Par rapport au MOC de Kidal. Nous avons eu des informations selon lesquelles 17 militaires maliens, 17 de la CMA et 17 de la Plateforme sont maintenant arrivés. Sont-ils vraiment opérationnels ?

Olivier Salgado : Ces combattants ont été enregistrés il y a quelques jours sur une période d’une semaine. On répertorie d’abord les combattants, on prend les empreintes biométriques, etc.  Ensuite le lancement s’est déroulé comme vous le disait le Général ce matin. Chaque étape est une étape de plus, une étape progressive vers le déploiement total. Il est trop tôt pour vous donner une date exacte mais tout est prévu selon le chronogramme établi et va se dérouler dans les semaines à venir.

Aliou Ibrahim : D’après nos informations, les militaires maliens qui sont partis à Kidal pour intégrer le MOC sont cantonnés et n’ont pas le droit de sortir, ils ne seraient pas libres de leurs mouvements, est-ce que c’est vrai ? Enfin, quand est-ce que le MOC de Tombouctou sera prêt ?

Olivier Salgado : Il ne faut pas confondre faire partie du MOC, être dans un camp et être cantonné, il faut bien faire la différence. On ne parle pas de cantonnement, ils sont rassemblés dans un camp de même que les participants de la CMA et de la Plateforme car ils font partie du MOC et ils partiront ensuite sur le terrain pour faire des patrouilles mixtes. Selon les informations que j’ai, les conditions sont très satisfaisantes, ils ne sont pas enfermés, ils sont libres de leurs mouvements, de même que les participants du MOC et de même que les participants du MOC de Gao et cela se passera de la même façon à Kidal. Concernant le MOC de Tombouctou, il sera lancé dans les prochains jours.

Khader Touré, Radio Koima (Gao) : En ce qui concerne les conditions de vie des soldats maliens dans le MOC de Kidal. Selon Mondafrique, il y aurait 13 conditions qui composent le règlement intérieur. Et concernant la cérémonie de lancement, le Général a déclaré que les FAMAs étant présents à l’événement et on sait très bien que les forces de sécurité maliennes ne sont pas à Kidal.

Olivier Salgado : Je n’ai pas le règlement intérieur avec moi par contre ce que je peux vous dire c’est que ce règlement s’impose à tous les participants du MOC mais on va essayer de le partager avec vous. Comme vous le savez, pour tenir une équipe dans un camp militaire, il faut un règlement intérieur et ce dernier s’applique à tous les participants et pas seulement les FAMAs. J’apprécie beaucoup votre intérêt pour le MOC et on ne manquera pas de revenir vers vous avec des réponses.

Mohamed Dembelé, Radio Aadar (Gao) : Pourquoi il y a tant de retard pour les MOCs de Kidal et Tombouctou ? Est-ce que toutes les dispositions sont prises en termes de sécurisation des MOCs ?

Olivier Salgado : Comme vous le savez, il y a eu quelques évènements malheureux qui se sont produits notamment à Gao et qui ont refroidi les ardeurs. Ensuite, les mouvements ont pris du temps pour confirmer leurs listes des participants au MOC. Tout ne dépend pas de la MINUSMA. Nous faisons tout pour que cela avance le mieux possible et le plus vite possible, maintenant, vous savez c’est une performance de réunir autant de participants venus d’horizons aussi variés. L’essentiel, c’est que le processus avance et ce matin nous avons célébré une très belle nouvelle avec le lancement du MOC de Kidal. Concernant la sécurisation, les parties ont commencé à remettre des listes de combattants qui vont intégrer l’unité de commandement des MOCs à Kidal mais aussi à Tombouctou et ce dans les prochaines semaines. Cette opération entre dans le cadre de l’application des décisions de la 28ème réunion de la Commission Technique de Sécurité (CTS), qui s’est tenue le 18 avril dernier. Il y a eu donc des réunions importantes de la CTS qui ont pris des décisions concrètes, y compris pour la sécurisation des MOCs pour laquelle des dispositions seront évidemment prises pour que tout se passe de la meilleure façon et pour que l’évènement que nous avons connu à Gao ne se reproduise pas.

Adama Soumeygou, Radio N’Kondo (Gao) : La MSA, GATIA et Barkhane ont récemment mené une opération anti-djihadiste à Ménaka. La MINUSMA a récemment condamne les violences commises contre les populations civiles, qu’en est-il concrètement.

Olivier Salgado : Comme je l’ai annoncé plus tôt, une mission spéciale, composee notamment des charges de droits de l’homme, a eu lieu dans les meilleurs délais dans la région, suite aux incidents des dernières semaines que la MINUSMA a condamné. Cette mission a été au cœur de l’information, dans une zone qui, vous le savez, est très isolée et extrêmement dangereuse et des enquêtes ont été menées pour relever les faits, dénombrer les victimes, mais aussi pour situer les responsabilités et je n’ai pas les résultats de ces enquêtes a l’heure où je vous parle car l’équipe vient juste de revenir du terrain.

Invité :  M. Martin Nadon, Directeur de la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA

Je vais vous entretenir durant les quelques prochaines minutes sur l’appui, l’assistance que donne la MINUSMA, et particulièrement de la Division électorale, à l’organisation de l’élection présidentielle du 29 juillet prochain et également des scrutins subséquents.

L’appui au niveau électoral de la MINUSMA se fait sur deux axes.

  • Tout d’abord, l’axe politique car, on sait que suite à la résolution 2364 du Conseil de Sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général a pour rôle d’user de ses bons offices sur la question électorale et particulièrement d’encourager les initiatives visant à faciliter la tenue d’élections pacifiques, ouvertes à tous, régulières et transparentes.
  • Le deuxième axe sur lequel je vais insister un peu plus, c’est l’aspect technique. La Division électorale de la MINUSMA appuie de façon tangible l’organisation de l’élection du 29 juillet et des scrutins qui vont suivre. Mais avant de parler du comment, je vais vous parler de l’appui technique, qui fait suite aux dispositions de la résolution 2364, et à ce propos, on demande à la MINUSMA de « concourir dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement à l’organisation d’élections transparentes, régulières, libres et ouvertes à tous ainsi qu’à la tenue d’un référendum constitutionnel en apportant notamment l’aide technique voulue et en mettant en place les mesures de sécurité conformément aux dispositions de l’Accord. » Cela est un extrait de la résolution du Conseil de Sécurité et j’insiste vraiment sur les termes concourir dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement.

Au niveau technique, l’appui se fait à plusieurs niveaux :

  • Au niveau logistique, la MINUSMA entend mettre à contribution, dans le cadre des prochaines élections, sa flotte aérienne pour assurer d’une part, le transport de l’ensemble du matériel électoral sensible, c’est-à-dire les bulletins de vote, les listes et les cartes électorales, et d’autre part des responsables et du personnel électoral de Bamako aux chefs-lieux des régions du nord et du centre, desdits chefs-lieux vers certains cercles enclavés ou difficiles d’accès. Donc d’une part, on assiste les autorités maliennes dans le déploiement du matériel et des officiels. Notons en passant, que la MINUSMA avait déjà déployé par route la quasi-totalité du matériel lourd, soit environ 187 tonnes au mois de novembre 2017, lors des préparatifs des élections régionales et locales de décembre dernier qui ont été reportées. Un plan global conjoint a par ailleurs été élaboré sur le déploiement du matériel et des documents électoraux et qui a été validé le 20 avril 2018 par le Comité de pilotage des élections, qui est présidé par le Ministère de l'Administration Territoriale. Selon ledit plan, environ 200 tonnes de matériel et de documents seront déployés par la MINUSMA lors de la présidentielle du 29 juillet. 
  • Il y a un autre appui au niveau du renforcement des capacités. La Mission a déjà recruté et mis à disposition 15 agents électoraux locaux auprès des Gouverneurs des régions du Nord et de Mopti pour appuyer les opérations de révision exceptionnelle des listes électorales qui se sont déroulées du 25 février au 06 mars derniers et les opérations du RAVEC organisées dans les régions de Kidal, Ménaka, et Taoudéni. Cette équipe restera sur le terrain pendant neuf mois et sera renforcée à l’approche des scrutins présidentiels et législatifs par une équipe de 49 agents techniques d’appui aux élections équipés chacun d’un véhicule 4X4 et de moyens de communication performants (ordinateurs, cellulaires) et cette équipe va assister les préfets de cercle et certains sous-préfets dans la mise en œuvre de toutes les opérations électorales. Par ailleurs, la MINUSMA entend finaliser dans les meilleurs délais la construction des 11 entrepôts de stockage du matériel électoral un peu partout dans le pays. La Mission appuie également le gouvernement dans la mise en œuvre des réformes électorales en cours et dans le développement d’outils modernes de gestion des différentes opérations électorales.
  • Sur le plan de la sécurisation du processus électoral, la MINUSMA, à travers ses sections de la Division électorale, de la Force et de la Police onusiennes, apporte une assistance aux forces de défense et de sécurité maliennes en vue de la production du Cadre d’ordre national de sécurisation et du Plan opérationnel de sécurisation du processus électoral. Il faut préciser que la sécurisation des élections n’est pas sous la responsabilité de la MINUSMA mais sous la responsabilité des autorités nationales et des forces de sécurité maliennes. La MINUSMA est là pour apporter un appui dans toutes les tâches relatives à la sécurisation des élections. A l’approche du jour du scrutin, la MINUSMA déploiera des escortes, des patrouilles, des unités de réaction rapide de la Force ou Quick Réaction Force et des moyens d’évacuation sanitaire essentiellement dans les régions du Nord et à Mopti, comme cela avait été fait dans le cadre des élections communales de novembre 2016.
  • Il y a un autre volet de l’appui électoral qui n’est pas directement fait par la MINUSMA mais par le Programme des Nations Unies (PNUD), même si nous travaillons au sein d’une équipe électorale intégrée dénommée UNIET (United Nations Integrated Electoral Team). Donc le PNUD intervient en étroite collaboration avec la Mission. Pour mettre en œuvre son mandat électoral, la MINUSMA, à travers sa Division des Affaires Electorales, travaille en parfaite synergie avec le PNUD au sein d’une équipe intégrée. Le 3 Avril dernier, le gouvernement du Mali, représenté par le Ministre des Affaires Etrangères et Mme Mbaranga Gasarabwe, Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général ont procédé à la signature officielle de l’accord cadre entérinant la mise en place du Projet d’Appui au Cycle Electoral (PACE-PNUD) 2018-2019. Comme en 2013 et 2016, ce mécanisme de financement s’attèlera à apporter un appui financier aux autorités électorales maliennes en vue de contribuer à la crédibilisation de la prochaine élection présidentielle. Le budget de ce projet s’élève à environ 5 millions $US et permettra de mettre en œuvre les activités articulées autour de quatre axes principaux :
  • Planification et coordination des opérations électorales;
  • La communication externe ainsi que les campagnes de sensibilisation autour des opérations d’enrôlement des électeurs et des scrutins;
  • La prévention des conflits liés au processus électoral;
  • La promotion de la participation des jeunes et des femmes.

Ce projet du PNUD est financé par les pays contributeurs, notamment la Norvège, la Suède, USAID et le Luxembourg.

  • Un appui est également accordé au niveau des associations de la société civile. L’organisation des élections incombe aux autorités maliennes mais évidemment, il y a toutes sortes d’acteurs qui tournent autour de ce processus, dont vous, les journalistes. Du 02 au 05 mai 2018, la Maison de la Presse du Mali a initié son programme de renforcement de capacités des professionnels de médias nationaux sur l’éthique et la déontologie de la presse en période électorale grâce à un appui financier de la Division des affaires électorales à travers le mécanisme de financement de la MINUSMA (projets à impact rapide – QIPS). Cette formation visait à doter les professionnels de médias des outils nécessaires leur permettant de jouer leur rôle de manière professionnelle durant tout le processus électoral actuel qui s’avère hautement crucial. L’accompagnement de la MINUSMA rentre dans le cadre de l’appui que la Mission apporte aux acteurs nationaux du processus électoral. Il y a aussi prévu au cours des prochaines semaines début juin, l’atelier qui va s’adresser aux représentants des candidats et des partis politiques pour tenter de renforcer leurs capacités à présenter des recours, éventuellement, devant la Cours Constitutionnelle, pour éviter que les réclamations soient rejetées sur des questions de forme. Toujours au niveau de l’appui aux organisations de la société civile, depuis le 07 mai, l’équipe électorale intégrée des Nations Unies constituée de la MINUSMA et du PNUD a lancé, à travers le Projet d’Appui au Cycle Electorale du Mali(PACE), un appel à propositions sur l’ensemble du territoire national dans le but de sélectionner les Organisations de la Société Civile maliennes qui devront appuyer la mise en œuvre des activités de sensibilisation et de mobilisation des citoyens pour l’élection présidentielle du 29 juillet. 
  • Dans le cadre de la prévention des violences et conflits liés aux élections, depuis novembre 2017, la Mission finance et accompagne la mise en œuvre, à travers un consortium d’organisations de la société civile locales (Association malienne pour le relèvement du taux de participation aux élections), un projet visant l’établissement d’un mécanisme de prévention des violences liées aux élections dans les 10 régions du Mali. Un atelier de formation s’est tenu la semaine dernière à Sikasso et un autre est prévu la semaine prochaine à Kayes. Ce projet prévoit la formation et le déploiement de 1450 médiateurs électoraux dans les 703 communes du Mali et le renforcement des capacités d’environ 1000 acteurs du processus ainsi que la mise en place d’une « Situation Room » pendant le scrutin.

En conclusion, pour le cycle électoral 2018, le gouvernement du Mali a prévu un budget de 45 milliards de francs CFA.  L’appui de la MINUSMA ne saurait encore être chiffré pour l’instant étant donné qu’il intègre de nombreuses lignes liées à la sécurisation du processus, la mobilisation de la flotte aérienne pour le transport du matériel et des personnes ainsi que la mise en œuvre de toutes les activités citées plus haut.

Il est également important de répéter que la MINUSMA et sa Division électorale n’organise pas l’élection présidentielle de même que les scrutins subséquents. Nous apportons une aide technique, comme il est mentionné dans la résolution du Conseil de Sécurité, à l’intérieur de nos capacités et de nos zones d’intervention. Pas plus que nous sécurisons les élections, la sécurisation des élections relevant également des autorités sécuritaires maliennes. Il y a un comité qui est sous la responsabilité du Ministère de la Sécurité auquel nous participons et auquel participent également la composante militaire de la MINUSMA et la composante de la Police onusienne.

SESSION DE QUESTIONS/REPONSES

Youssouf Coulibaly, L’Indicateur du Renouveau : A un moment donné, il avait été question de la certification des élections par la MINUSMA, qu’en est-il ?

Martin Nadon : C’est une décision qui relève des autorités de la MINUSMA, mais il a été clair que la MINUSMA n’allait pas certifier les élections. D’ailleurs on ne peut pas certifier des élections et contribuer comme on le fait à leur organisation, alors on fait soit l’un soit l’autre. Nous on est dans l’aide technique à l’organisation de ces élections donc je pense qu’il a été mentionné publiquement et de façon claire que la MINUSMA n’allait pas certifier ces élections. 

Dikorou Traoré, Africable : Est-ce que la situation sécuritaire à l’heure actuelle au Mali est favorable à la tenue d’une élection selon vous ?

Martin Nadon : A ce sujet, l’évaluation est faite au niveau du comité de sécurité dont je parlais plus haut, qui est dirigé par le Ministère de la Sécurité. Ce sera donc à ce comité et aux autorités maliennes de décider si la situation sécuritaire est favorable aux élections et non pas à la Division électorale de la MINUSMA.

Drissa Togola, Le Challenger : Selon vos observations, est-ce que l’on pourrait envisager une crise post-électorale au Mali ?

Martin Nadon : Nous on est là, et je le répète, pour appuyer au niveau technique ces élections et non pas pour faire de l’analyse politique. La Mission est là pour appuyer techniquement au niveau des listes électorales, de la tenue des scrutins, au niveau logistique et non pas pour spéculer si oui ou non les élections auront lieu, ou si le Mali est prêt pour ces élections.

Mohamed Maiga, Radio Nanaye (Gao) : Avec votre expertise, pouvez-vous nous dire si les élections se tiendront à la date indiquée ? Avez-vous pris des dispositions sécuritaires pour le transport du matériel sur le terrain, surtout quand on a en tête les problèmes des élections passées dans la région de Gao ? Vous avez également parlé de 703 communes pour la livraison de matériel alors qu’il y en a plus au Mali, est-ce que cela veut dire que les élections n’auront pas lieu dans certaines communes ?

Martin Nadon : Je l’ai dit et je le répète, ce n’est pas à nous de dire si les élections se tiendront telles que prévues mais cela est du ressort des autorités maliennes.  Nous sommes là pour appuyer l’élection qui aura lieu le 29 juillet. Concernant le transport du matériel, ce n’est pas à la MINUSMA de prendre les dispositions mais aux autorités maliennes mais à leur demande, nous allons les appuyer comme je le disais à l’intérieur de nos capacités et dans les régions où nous sommes présents. Vous savez, un processus électoral ou un scrutin, ce n’est jamais une œuvre parfaite, c’est une œuvre humaine et il peut se produire des incidents ici et là. Pour ce qui est du transport du matériel, c’est le comité sécurité, qui a été mise sur pieds par les autorités maliennes, qui présentement élaborer un plan logistique de déploiement du matériel qui doit tenir compte des impératifs sécuritaires, et la MINUSMA y participe, avec UNPOL et la Force. Concernant les communes, nous allons vérifier les chiffres mais l’idée c’est d’appuyer évidemment l’ensemble du pays.

Olivier Salgado : Je peux rajouter que sur le nombre de points de livraison, il ne faut pas oublier que d’autre intervenants vont redistribuer le matériel dans les cercles et autres communes éloignées.