POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 11 janvier 2018

12 janvier 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 11 janvier 2018

Porte-parole: Mme Myriam Dessables

Bonjour et bienvenue à tous et à toutes, chers confrères journalistes, chers auditeurs et auditrices de la radio de la Paix, MIKADO FM, à ce premier point de presse de l’année.

Je voudrais vous souhaiter mes meilleurs vœux pour une année paisible et douce, pleine de prospérité, de sécurité et de paix pour le Mali et je reprends les mots du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali, M. Mahamat Saleh Annadif, qui, et je cite, dans ses vœux pour cette nouvelle année, dit qu’il espérait « que l’année 2018 apporte plus de vents d’espoir et une nouvelle dynamique dans le processus de paix » et encourage l’ensemble des parties maliennes à « redoubler leur efforts dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali et à travailler ensemble main dans la main pour avancer unis vers un seul objectif, construire la paix pour la Mali, ensemble avec les Maliennes et les Maliens. »

L’invité de ce point de presse aujourd’hui est le Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck, qui présentera les priorités de la Force de la MINUSMA et défis opérationnels de l’année 2018 et fera le bilan du tour des régions qu’il a récemment effectué. Il répondra également à toutes vos questions.

Mais avant de laisser la parole au Général Deconinck, je vais brièvement évoquer les activités récentes de la MINUSMA, en commençant par les activités de la direction.

ACTIVITES DE LA DIRECTION

  • Le rapport trimestriel du Secrétaire général des Nations Unies sur la situation au Mali a été publié 6 janvier 2018.  Un an après l’élaboration par le Gouvernement du Mali et la MINUSMA de critères de suivi de la mise en œuvre de l’Accord, le Secrétaire général dans son rapport a salué les progrès accomplis, notamment la création de la Commission vérité, justice et réconciliation, l’organisation de la conférence nationale d’entente, la mise en place des autorités intérimaires dans toutes les régions du nord et le lancement de patrouilles mixtes à Gao. Toutefois, la mise en œuvre pleine et entière de l’Accord de Paix doit être accélérée. A cet égard, le Secrétaire général a également fait les observations suivantes :
  • Sur le Processus de Paix : Le Secrétaire général demeure profondément préoccupé par l’évolution de la situation. Il se félicite que les parties signataires se soient de nouveau engagées à reprendre le dialogue et leur demande de s’approprier le processus de paix. Il appelle les parties signataires à faire preuve d’un engagement total et d’accélérer sa mise en œuvre pleine et entière afin que les dividendes de la paix puissent devenir une réalité tangible auprès des populations.
  • Sur les élections : La tenue d’élections transparentes, justes et pacifiques est indispensable à la mise en œuvre de l’Accord. L’achèvement des élections présidentielle et législatives en 2018 ouvrira la voie au retour de l’autorité de l’État et à la consolidation du processus de décentralisation en cours, et sera décisif pour l’avenir du Mali.
  • Sur le DDR/RSS : La reprise du dialogue sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration et sur la réforme du secteur de la sécurité est encourageante. La Mission espère que ces discussions porteront rapidement des résultats tangibles, dans la mesure où ces aspects constituent la clef de voûte à une stabilisation, une réconciliation et une paix pérennes au Mali.
  • Sur la sécurité : Les conditions de sécurité se sont dégradées: les attaques contre la MINUSMA et les forces de défense et de sécurité maliennes ont augmenté en nombre et en intensité, avec au total 71 attaques menées durant les trois derniers mois. Dans le nord et le centre du Mali, les conditions de sécurité restent extrêmement préoccupantes, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, où il y a eu davantage d’actes terroristes ou liés au terrorisme que dans l’ensemble des cinq régions du nord du Mali.

https://minusma.unmissions.org/sites/default/files/rapport_du_secretaire_general_sur_la_situation_au_mali_.pdf

  • Le 2 janvier, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif a rendu une visite de courtoisie au nouveau Premier Ministre malien M. Soumeylou Boubèye Maïga à la Primature pour lui adresser ses félicitations les plus sincères et meilleurs vœux de succès dans l’exercice de ses nouvelles responsabilités à la tête de Gouvernement de la République du Mali. M. Annadif a également présenté les priorités de la MINUSMA dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali.
  • Le 8 janvier, le Représentant spécial adjoint du Secrétaire général de l’ONU M. Koen Davidse a présenté une enveloppe de 672 millions de FCFA (soit environ un million de dollars US), à la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR) pour financer ses activités, dans le cadre d’un projet du Fonds fiduciaire des Nations Unies en Soutien à la paix et à la sécurité au Mali. Ce soutien de la MINUSMA va permettre à la CVJR de renforcer son travail en faveur des victimes de violations et d’abus des droits de l’homme et de promouvoir leur « droit à la vérité, à la justice et à la réparation. »
  • Concernant la visite des membres du CMA au Conseil de Sécurité à New-York n’est pas une visite organisée par les Nations Unies mais par l’ONG Independant Diplomat, et d’ailleurs pas la première de ce genre.

PAIX ET SECURITE

Appui au Processus de Paix

  • En sa qualité  de secrétariat permanent du Comité de Suivi de l’Accord, la section Médiation  de la MINUSMA prépare activement les travaux de la vingt-troisième session ordinaire du CSA, qui aura lieu les 15 et 16 janvier 2018. Nous annonçons par ailleurs qu’une délégation du Centre Carter, désigné comme Observateur Indépendant de la mise en œuvre de l’Accord, sera bientôt à Bamako et rencontrera la presse  à la fin de sa visite pour présenter son rôle et ses priorités dans le cadre de la mise en œuvre du processus de paix.
  • Du 22 au 24 janvier à Bamako, la MINUSMA organisera un atelier sur la participation et la représentation politique des femmes et leur rôle dans les processus électoraux, avec des acteurs nationaux et internationaux intervenant dans les élections, dans un effort d’appliquer le Cadre Stratégique Genre et Elections (CSGE) de la CEDEAO et son Plan d’Action adopté en février 2017 à Abidjan, Côte D’Ivoire.

La Force/Appui aux Forces maliennes

  • Lors de la semaine écoulée, la Force de la MINUSMA a effectué 464 patrouilles, y compris 64 escortes. Quant à la Police Onusienne, elle a conduit un total de 1 291 patrouilles dont 193 patrouilles conjointes, avec les forces de sécurité maliennes, et 88 escortes du 11 décembre 2017 au 7 janvier 2018.
  • Dans le cadre du Plan de Sécurisation Intégrée des Régions du Centre (PSIRC), le bureau régional de la MINUSMA à Mopti prendra à une mission aujourd’hui et demain (les 11 et 12 janvier), avec le Gouverneur de la région, pour visiter différents projets à impact rapide (QIPs), financés par la MINUSMA, mis en œuvre dans les localités de Youwarou et de Ténékou ayant pour but de faciliter le redéploiement des Forces Armées et de Sécurité du Mali.

Lutte anti-mines (UNMAS)

  • Dans le cadre de son mandat de protection de la population civile, le service de lutte anti-mines des Nations Unies (UNMAS) révèle que 70 pour cent des victimes de restes explosifs de guerre (REG) enregistrés par la MINUSMA en 2017 étaient des enfants. Au cours de l’année, environ 26 000 enfants ont bénéficié de sessions d’éducation aux dangers des REGs adaptés aux plus petits, afin de mieux les engager, de stimuler leur intérêt et d’assurer la rétention des messages clés.
  • Grâce à l’action de la MINUSMA dans la lutte anti-mines, le nombre de victimes de REG a  diminué de façon régulière ces dernières années. Il est passé de 53 victimes en 2012 à 23 en 2017.  

DROITS DE L’HOMME/DE LA FEMME

  • Du 9 ou 11 janvier, la Division des Droits de l’Homme et de la Protection de la MINUSMA a mené des missions à Djenné et à Mopti dans le cadre de son programme de déradicalisation  et pour renforcer le dialogue avec les acteurs clés de la région. Des rencontres avec les jeunes ont eu lieu dans les deux localités pour les sensibiliser à la lutte contre le radicalisme et l’extrémisme violents. Les représentants de la Mission se sont entretenus avec des acteurs locaux pour évaluer la situation et les besoins des communautés en termes de lutte contre les violations et abus des droits de l’homme. Durant les échanges entre les représentants de la MINUSMA et la population dans le cercle de Djenné , des craintes ont été réitérées quant à l’expansion des activités des groupes terroristes ou extrémistes dans certaines localités, où plusieurs violations et abus des droits de l’homme ont été rapportés, notamment des atteintes au droit à la libre circulation et mouvement, le droit à la liberté d’expression et d’exercice de culte, ainsi que le droit à l’éducation.

AFFAIRES CIVILES

  • Grâce à une nouvelle contribution de la coopération autrichienne d’un montant de plus de 770 000 dollars américains, dans le cadre du Fonds Fiduciaire en Soutien à la Paix et la Sécurité au Mali,  trois projets seront prochainement financés pour les jeunes et les femmes au Mali, notamment pour la construction de la paix et le renforcement des moyens de résilience des jeunes hommes et femmes vulnérables des communes du cercle de Douentza, dans la région de Mopti.

INCIDENTS

Nous terminons ce point de presse avec une série d’incidents de ces derniers jours.

  • Le 10 janvier, un convoi logistique de la Force de la MINUSMA a touché un engin explosif improvisé sur la route de Tessalit à Aguelhoc, a environ 30km de Tessalit. Aucun blessé n’a été signalé mais le véhicule de transport de troupes a été endommagé.
  • Le 9 janvier au soir, des assaillants armés, à bord de véhicules, ont attaqué deux postes avancés de la MINUSMA, situés à quelques kilomètres de la base de la MINUSMA de Kidal. Les Casques bleus immédiatement riposté et ont repoussé les attaquants. Aucun blessé n’est à signaler.
  • Toujours à Kidal, le 8 janvier, une patrouille de la Force de la MINUSMA a détecté un engin explosif improvisé sur la route menant au site du MOC de Kidal, non loin du camp de la MINUSMA. Une équipe de démineurs a été déployée sur place et ont réussi à localiser et neutraliser l’engin de 10kg avec succès.
  • Le 6 janvier, un engin explosif improvisé a touché l’arrière d’un véhicule de transport de troupes de l’unité de police constituée du Benin dans la ville de Kidal, sans faire de blessés. Une unité de la force de réaction rapide et une équipe de déminage ont été envoyées sur place pour dégager la zone et mener une enquête de terrain.
  • Le même jour, un véhicule de transport de troupes qui faisait partie d’un convoi logistique allant d’Aguelhoc à Tessalit a heurté une mine, blessant légèrement deux Casques bleus et causant des dégâts matériels sur le véhicule. La Force de la MINUSMA a sécurisé la zone et une autre mine a été découverte puis désactivée par les démineurs envoyés en renfort.

C’est important de préciser que les Forces Armées et de Sécurité maliennes ont également été victimes d’attaques similaires durant la même période.

Merci à tous. Je laisse maintenant la parole au Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck.

Invité: Général de division Jean-Paul Deconinck

Bonjour à tous. Mes meilleurs vœux à tous ceux qui sont ici dans la salle, mes meilleurs vœux à la presse et aux auditeurs de la radio. Ce sont des vœux que j’ai formulé également à l’égard de l’ensemble de la Force lors de ma visite récente sur le terrain à tous les contingents pendant la période de fêtes, sur l’ensemble du pays, pour leur souhaiter le meilleur pour 2018, les remercier pour tout ce qui a été fait en 2017 et surtout les encourager de continuer à monter en puissance, continuer à montrer ce que nous sommes capables de faire ici en faveur de la paix et la sécurité au Mali. Hélas, comme vous venez de l’entendre, nous sommes confrontés chaque jour à la dure réalité, la Force de la MINUSMA est continuellement ciblée, attaquée, ainsi que nos collègues qui sont en première ligne, les Forces de Défense et de Sécurité maliennes.

Mandat et objectifs de la MINUSMA

  • Résolution 2364 de juin 2017 ;
  • Appui à la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ;
  • La protection des civils, notamment contre les menaces asymétriques ;
  • Protection du personnel et du mandat des Nations Unies ;
  • La promotion et la protection des droits de l'Homme ;
  • Sécuriser pour appuyer et créer des conditions favorables au redéploiement de l’autorité civile, nationale, locale et régionale sur l’ensemble du territoire ;
  • Appuyer le redéploiement des Forces de Défense et de Sécurité Maliennes (FDSM).         

À quels défis devons-nous faire face aujourd’hui et dans les mois qui viennent ?

  • Menaces aux engins explosifs improvisés (IED) et attaques directes et complexes sur les FDSM, la MINUSMA et leurs partenaires ;
  • Menaces directes ou indirectes sur la population ;
  • Lenteur dans la mise en œuvre de l’Accord de paix, due à différents facteurs sécuritaires et politiques ;
  • Sensibilisation tous les acteurs sur le rôle et le mandat de la MINUSMA, car le rôle de la MINUSMA, en tant que mission multidimensionnelle, n’est pas seulement d’assurer la sécurité, et la Force de la MINUSMA n’est qu’un pilier de la Mission.

Quelles sont les priorités opérationnelles de la Force de la MINUSMA en 2018?

  • Mise en œuvre de l'Accord de Paix et de Réconciliation d'Alger 2015 ;
  • Atteindre un niveau maximal d’opérationnalisation de la Force, pour qu’elle soit pleinement opérationnelle et effective ;
  • Renforcer les efforts sur la région Centre du Mali ensemble avec les autorités maliennes, pour créer un environnement sécurisé et plus particulièrement, protéger les civils ;
  • Appuyer le redéploiement des FDSM, ces dernières étant en première ligne et ayant pour responsabilité d’assurer la sécurité des Maliennes et des Maliens ;
  • Développer les partenariats et une complémentarité entre ces différents partenaires ;
  • Accord FAMa – MINUSMA.

Accord de Paix et de Réconciliation DDR/SSR

  • MOC (Mécanisme opérationnel de Coordination) : Sécurisation, Cantonnement, DDR (Désarmement Démobilisation Réinsertion)

Les unités du Mécanisme opérationnel de Coordination étant des unités mixtes composées des trois parties, FAMa, CMA et Plateforme. Ces unités mixtes, une fois composées, entrainées, équipées, organisées, s’engagent à sécuriser la région dans laquelle elles sont implantées, par exemple Gao actuellement, mais aussi à assurer le cantonnement. Ici les cantonnements ont été identifiés, construits, et une fois que l’on aura commencé les activités de désarmement, on va pouvoir compter sur les unités du MOC. Une fois que le cantonnement sera réalisé pour les combattants des groupes armés, on pourra entamer le processus DDR, la réinsertion donnant un cadre à la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS).  Ceci est la suite logique des activités à suivre en vue d’une mise en œuvre complète de l’Accord de paix. Aujourd’hui, grâce aux efforts considérables de la MINUSMA et des autorités maliennes, les sites du MOC existent et sont déjà pleinement opérationnels à Gao, et devraient l’être prochainement à Kidal et à Tombouctou. Pour l’unité de Gao, nous avons encore besoin d’armement collectif pour qu’elle assure pleinement son rôle de sécurisation de la ville mais aussi des sites de cantonnement, ce qui est la prochaine étape dans le processus DDR.

A Tombouctou et Kidal, il faut des efforts des trois parties pour installer le MOC, avec leurs combattants et leurs équipements pour opérationnaliser le mécanisme. Donc le mécanisme est bloqué, non au niveau tactique, mais au niveau politique et c’est pour cela que j’attends beaucoup de la prochaine réunion du CSA (Comité de Suivi de l’Accord) pour qu’il y ait un déclencheur politique et que nous puissions aller plus loin et rapidement dans l’opérationnalisation des MOCs, en gardant à l’esprit que les élections législative et présidentielle se rapprochent, qui est le point de départ dans la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Une Force 100% opérationnelle et effective

  • Une Force mobile et active : en juin 2016, le Conseil de Sécurité avait confié à la MINUSMA un mandat plus robuste avec un Force renforcée, avec plus de moyens et d’équipements mais nous ne sommes pas au bout de nos peines en termes d’opérationnalisation de la Force. Nous attendons encore le complétement du bataillon de réaction rapide Sénégalais (QRF) à Mopti, un arrivage d’hélicoptères sénégalais pour Kidal, des unité effectives d’escorte de convois et de reconnaissance pour planifier les opérations dans de meilleurs conditions et pour une Force mobile et active, qui soit capable de jouer son rôle et d’assurer les conditions de sécurité nécessaires au déploiement des autorités civiles et au redéploiement des FDSM. Ceci est un travail continu avec le siège des Nations Unies à New York et avec les pays contributeurs de troupes. (lire aussi : questions/réponses Christelle Pire, Medi1)
  •  Rythme opérationnel : élever le rythme des opérations au niveau des bataillons, des secteurs de Kidal, de Tombouctou et de Gao et au niveau de la Force, pour contrer la menace et assurer la sécurité. L’image que l’on donne parfois à la MINUSMA, d’une Force qui reste dans les camps à l’abri des coups est fausse et nous sommes vraiment au contact des adversaires, car la Force a une capacité de réactivité très élevée, comme on le démontre en continu et comme nous l’avons démontré récemment à Indelimane et Kidal.

(lire aussi : questions/réponses Alou Diawara, BBC Afrique )

  • La Force au sein de la population : la Force n’est pas seulement là pour contrer la menace mais aussi pour protéger la population et leur expliquer le rôle de la MINUSMA dans leurs régions.

Renforcer les efforts d’un point de vue multidimensionnel dans la Région du Centre

  • La MINUSMA soutient les FAMa et les FDSM à travers diffèrent projets dans leurs zones de redéploiement ;
  • La MINUSMA appuie le Plan de Sécurisation Intégré des Régions du Centre du pays (PSIRC) ;
  • La MINUSMA en tant que mission multidimensionnelle continue différentes activités de sensibilisation, stabilisation et relèvement.

Complémentarité

  • L’accord signé entre La MINUSMA et les FAMa couvre la coordination des opérations, l’échange de renseignements, l’appui logistique, le CASEVAC ou évacuation de victimes et l’entrainement des troupes ;
  • EUTM-Mali et BARKHANE sont des partenaires essentiels et complémentaires de la MINUSMA, qui assurent la formation et l’entrainement des FAMa et le développement de leurs capacités ;
  • La Force G5 Sahel est à un stade intermédiaire d’opérationnalisation tout en ayant déjà installé un poste de commandement à Sévaré. Le G5 Sahel peut travailler sur les frontières, ce qui rend son travail particulièrement complémentaires à la Force de la MINUSMA dans le mandat et dans l’espace.

La parole est maintenant à vous pour toutes questions éventuelles.

Session de questions/réponses du POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 11 janvier 2018

Christelle Pire, Medi1 : Avez-vous des chiffres à nous donner pour que l’on sache combien d’hommes, d’hélicoptères, d’équipements vous manque-t-il, par exemple à Mopti ?

Sur les régions du centre, vous êtes en appui direct ou indirect aux FAMa, comment cela se passe-t-il dans les zones où il n’y a pas de forces de défense et de sécurité maliennes, avez-vous une autre action dans ces zones-là ?

Général de division Jean-Paul Deconinck : Conformément au mandat, on devrait être à 13,500 troupes. Nous sommes actuellement à 11,500 donc il nous manque environ 2,000 hommes, ce qui correspond à 2,5 bataillons (un bataillon étant composé d’à peu près 850 hommes) mais ces bataillons ne peuvent pas être effectifs si ils n’ont pas un appui correcte en termes de reconnaissance et en hélicoptères par exemple. Un détachement d’hélicoptères représente 150 hommes, ce qui semble peu, mais ce détachement reste crucial au déploiement des troupes donc il faut faire attention avec l’interprétation que l’on fait des chiffres. Ce qui manque à la Force de la MINUSMA ce sont des capacités de mobilité, de réactivité, de reconnaissance et aussi de soutien médical pour rassurer les hommes sur le terrain, des capacités peu coûteuses en termes d’effectif mais essentielles.

En effet, les FAMa sont présents en petit nombre dans le Nord (la zone s’étendant au-delà de Gao) et la MINUSMA a environ une Force de 2,000 hommes à Kidal, Aguelhoc et Tessalit. Mais une fois que l’on aura mis sur pieds les unités reconstituées mixtes, on pourra commencer à travailler dans ces régions.(lire aussi : Accord de Paix et de Réconciliation DDR/SSR MOC)

Alou Diawara, BBC Afrique : Est-ce qu’il n’est pas difficile pour la MINUSMA d’assurer son travail correctement quand on sait que dans un camp de la MINUSMA, il y a 50% des effectifs qui restent pour la sécurisation et le fonctionnement du camp et parmi les 50%, 25% sortent pour assurer la sécurité dans les alentours immédiats et qu’il n’y a que 25% des effectifs qui partent un peu plus loin.

Général de division Jean-Paul Deconinck : Il est vrai que sur les toutes petites emprises où nous n’avons qu’une seule compagnie, nous devons pouvoir assurer la sécurité immédiate de l’emprise et cela coûte un quart des effectifs, ce qui est énorme mais loin des 50% mentionnés. (mandat)  Ce que j’essaye de faire actuellement c’est de réduire progressivement ce nombre d’emprises et nous avons d’ailleurs remis récemment le camp de Déré aux FAMa. Sur les autres camps, nous sommes très loin de maintenir 50% des effectifs à l’intérieur du camp pour la sécurité de la base. Nous sommes plus proches des 7.5% avec 150 hommes qui assurent la sécurité de 2 000 Casques bleus et de la base. Mais nous commençons à avoir des compagnies totalement dédiées à ce travail, comme la compagnie ivoirienne arrivée il y a peu à Tombouctou, ce qui permet de relever le niveau d’activités en dehors des camps. Vous parlez de 50% qui mènent des patrouilles dans les environs immédiats, mais ce n’est pas correct, car nous essayons de relever régulièrement le niveau d’activités d’une zone avec l’appui des forces maliennes pour couvrir sur plusieurs semaines de larges parties du territoire, avec un renforcement des patrouilles. L’image que vous avez de la Force de la MINUSMA qui ne sort pas des camps est infondée et la réalité est donc bien différente de cela.

Kaourou Magassa, TV5 Monde : En ce qui concerne l’opérationnalisation de la Force qui est parmi les objectifs de 2018, les pays contributeurs ont-ils donné des gages et un calendrier en matériel et en hommes pour la MINUSMA ?

Vous avez rappelé votre rôle de partenaire aux FAMa et d’appui dans le redéploiement des forces maliennes, la MINUSMA reste la seule force, si on enlève BARKHANE, qui dispose des moyens et des engins militaires pour assurer véritablement la sécurisation des biens et des personnes dans les régions du nord et du centre du pays. Est-ce qu’il y aura d’autres formes de coopération avec l’armée malienne en 2018 pour éviter le nombre croissant de pertes de l’armée malienne ?

Général de division Jean-Paul Deconinck : Il y a bien sûr un calendrier pour l’opérationnalisation de la Force et je vais donner quelques exemples. Au niveau du transport aérien tactique, nous avons mis au point un système de rotation continu et tous les six mois, une nation déploie un 630 avec l’équipage et j’ai cette garantie pour 2018 et 2019. Nous avons actuellement un 630 suédois qui avait relevé un danois et qui va être lui-même relevé par un détachement belge. Les unités d’hélicoptères vont être elles aussi relevées pour 2018 et 2019 à Gao, nous avons des garanties pour la relève des unités allemandes avec leurs moyens Tigre NH90. Les Belges arriveront avec deux NH90 à partir de fin février, ainsi que les Jordaniens et les Salvadoriens, qui sont déjà à Tombouctou. Une capacité actuellement inexistante et que nous devons générer, ce sont des capacités d’hélicoptères de transport armé pour Kidal et Tombouctou. Au niveau des unités de reconnaissance, il y a quelques changements avec les pays contributeurs, qui sont opérés à notre demande, par exemples avec les Suédois, pour pouvoir adapter les capacités des Suédois et augmenter leur capacité de reconnaissance au sol.

En ce qui concerne notre appui aux FAMa, nous ne nous limitons pas à une seule force, notre rôle c’est d’abord d’assurer la sécurité. La Force de la MINUSMA et BARKHANE appuient les FAMa. Il ne faut pas oublier l’EUTM qui est essentiel, qui mène l’entraiment de base à Koulikoro mais accompagne aussi par la suite les forces maliennes  dans les opérations, dans un objectif de formation en continu. L’EUTM déploie également des équipes détachables, mobiles, à Sévaré, à Sikasso, etc. Les FAMa peuvent aussi compter sur les appuis bilatéraux, qui sont en train de se développer.

Faty Yattara, Studio Tamani : La MINUSMA a été victime de beaucoup d’attaques l’année passée, quel est le bilan de 2017 ? Quelles sont les mesures prises en 2018 pour contrer ces coups ? La collaboration de la population vous fait-elle défaut pour avancer dans ce sens ?

Général de division Jean-Paul Deconinck : Notre méthode militaire fait que nous tirons des enseignements de nos opérations passées en permanence. L’entrainement est une des leçons apprises et je répète régulièrement aux commandant sur le terrain de continuer à entrainer leurs troupes dans les techniques de combat, de counter-IED (pour lutter contre la menace des engins explosifs improvisés). Nous apprenons énormément de la manière dont agissent nos adversaires quand nous sommes attaques de façon directe et indirecte et nous transmettons au plus vite possible ces informations aux unités pour qu’elles soient capables d’adapter leurs méthodes de combat.

Mahamadou Maiga, Radio Djekafo : D’où viennent les assaillants auteurs des attaques ? Sont-ils maliens ou étrangers ? Pensez-vous que les forces de sécurité maliennes sont aptes à combattre ces terroristes ? Quels sont les moyens qui leur faut pour accomplir cette tâche ? Concernant la sécurité alimentaire, avez-vous des moyens pour répondre à cette crise qui n’épargne par le Mali ?

Myriam Dessables, Porte-parole de la MINUSMA : Je vais répondre rapidement à cette dernière question sur la sécurité alimentaire. Cette semaine, nous avons la visite des Directeurs des urgences humanitaires pour l’Union Européenne (ECHO) et des agences des Nations Unies telles que FAO, PAM et UNICEF, qui sont venus pour prendre le pouls de la situation humanitaire au Mali, y compris la question alimentaire. Ces sont les agences des Nations Unies qui sont directement en charge de répondre à ce défi qui est très évident et qui fait d’ailleurs l’objet du récent rapport sur les besoins humanitaires du Mali pour 2018, publié par OCHA. (voir : https://docs.unocha.org/sites/dms/Mali/Mali_HNO_2016_final.pdf )

Général de division Jean-Paul Deconinck : Concernant la capacité des FAMa à prendre en charge la lutte contre le terrorisme. Les FAMa sont en train de montée en puissance à grande vitesse, en termes d’entrainement, d’équipement, de méthode et de planification, et j’en suis un témoin particulier. Je n’ai pas de doutes sur le fait qu’ils sont capables de prendre en charge rapidement une  bonne partie du rôle incombant actuellement aux forces de sécurité.

On parle de contre-terrorisme mais je voudrais parler aussi d’anti-terrorisme. L’anti-terrorisme devrait être couvert par une stratégie, qui ne comprend pas seulement des actions ciblées contre les terroristes mais qui devrait être un plan global anti-terrorisme. Hors, le gouvernement malien a développé un plan anti-terrorisme, dans lequel les forces de défense ne sont pas les seuls acteurs. Il faut par exemple toucher au recrutement car bien sûr, il y a des maliens parmi les assaillants mais des maliens qui ont été recrutés pour répondre à certaines motivations politiques de nuire en agissant à partir de l’étranger et ces forces parviennent aussi à recruter nos frères maliens. Et ce sont eux qui viennent poser des mines, car il n’y a pas de travail. Donc le fait de s’occuper du chômage et de l’inactivité de ces jeunes doit faire partie d’un plan global anti-terroriste.

Pourquoi la MINUSMA est-elle attaquée ? Et là vous dites les parties signataires de l’accord, CMA et Plateforme, ne sont-elles pas à l’origine de toutes ces attaques ? Peut-être, on a eu des clashes entre les différentes parties et depuis juillet 2017, ces tensions semblent s’être calmées. Je continue à dire pourtant que CMA, Plateforme qui ont des combattants, feront bientôt partie des futures forces de défense et de sécurité et des futures agences nationales. Il y a des forces obscures, qui ont d’autres motivations, on parle alors de la criminalité transnationale dont les routes de trafic passent à travers le Mali et ces criminels veulent protéger leur commerce et leurs routes et qui nous attaquent de façon à pouvoir protéger leurs activités. Les groupes djihadistes, comme le JNIM continue de monter en puissance et ce sont eux qui perpétuent une bonne partie des attaques contre la MINUSMA et contre les FDSM. Donc c’est réducteur de dire pointer du doigt les parties signataires et il faut s’intéresser ici à toutes les autres formes de violence et qui sont orientées vers de motivations de type économique ou djihadiste.

Myriam Dessables : Merci beaucoup mon Général et merci à vous tous confrères, je vous donne a tous rendez-vous dans deux semaines.