POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 22 février 2018

23 février 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 22 février 2018

Porte-parole : Myriam Dessables

Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, merci de nous être fidèles sur les ondes de Mikafo FM à Bamako, Ménaka, Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal.

Nous avons le plaisir aujourd’hui d’avoir comme invité le Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de division Jean-Paul Deconinck. Après ma présentation, le Général Deconinck va vous faire le bilan des opérations de la composante militaire de la MINUSMA de ces dernières semaines.

Avant de lui passer la parole, j’ai le plaisir de vous entretenir sur le point des activités de la Mission, dans un premier temps avec les activités de la direction et par la suite, dans nos zones de déploiement.

Du 16 au 18 février dernier, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif a participé au Forum de Munich sur les politiques de défense (Munich Security Conference, MSC). Depuis sa création en 1963, le Forum de Munich se tient chaque année sur les politiques de défense et se veut une rencontre entre chefs d’État et responsables de haut rang en politiques de défense et de sécurité, pour s’entretenir des tendances globales en  matière de politiques de sécurité.

Durant les travaux, M. Annadif a été paneliste aux côtés du Président du Rwanda, du Président de la Banque Mondiale, du Ministre soudanais des Affaires étrangères et du Commissaire européen de la politique de voisinage et négociations d'élargissement.

Je continue avec les activités du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif, pour vous informer qu’il est actuellement à Bruxelles en Belgique pour participer à la rencontre entre des Etats membres du G5 Sahel et l’Union Européenne qui permettra, nous le souhaitons, d’avancer sur l’accord technique et procéder à l’identification des requêtes pour de nouveaux financements de la Force Conjointe du G5 Sahel.

Affaires Electorales

La Division des Affaires électorale de la MINUSMA fournit une assistance technique et logistique aux autorités nationales chargées du processus électoral. Cet appui vise notamment à soutenir l'élaboration d'un plan stratégique de communication et à répondre aux besoins institutionnels. C’est dans cette optique que le 19 février, la Division des affaires électorales a rencontré le Ministère de l'administration territoriale et de la décentralisation (MATD) pour discuter du soutien de la Mission au Cycle électoral de 2018, principalement sur la révision exceptionnelle des listes électorales (RELE). Il convient de relever et vous le savez déjà, que le gouvernement a autorisé une révision exceptionnelle des listes électorales (RELE) sur toute l’étendue du territoire national, dans les ambassades et consulats du Mali, du 25 février au 06 mars 2018, en application des dispositions de l’article 41 de la loi électorale. Ce processus permettra l'inscription d'environ un million de maliens en âge de voter qui n’avaient pas été pris en compte lors de la révision annuelle de la liste électorale en 2017 "RALE".

ACTIVITÉS À BAMAKO

  • Les 8 et 9 février derniers, la MINUSMA a financé un atelier de renforcement des capacités des Organisations de la Société Civile (OSC) sur le plaidoyer et le lobbying, dans le cadre de la mise en œuvre de la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS) au Mali.

Deux jours durant, une cinquantaine de participants se sont penchés sur les enjeux de cette problématique. Organisée par la structure panafricaine ARGA-Mali et financée par la MINUSMA, cette rencontre est la suite d’une série qui a pour but de mieux outiller les OSC, pour rehausser la qualité de leur implication en la matière.

  • Les 12 et 15 février derniers, des équipes de la MINUSMA ont tenu des séances d’information et de sensibilisation à Bamako au Lycée Oumar Bah de Kalaban-Coura et à l’Institut Supérieur de Technologie Appliquées et de Gestion. Composées d’éléments de la Force, de la Police des Nations Unies (UNPOL) et de la Division de l’Information publique et de la Communication stratégique, ces équipes ont discuté, deux heures durant, avec les élèves et les étudiants sur le fonctionnement des Missions de maintien de paix en général et celui de la MINUSMA en particulier. Dans les deux établissements, les élèves, les étudiants mais aussi l’administration et les enseignants étaient venus nombreux. Nous avons enregistré une moyenne de 200 personnes qui ont assisté à chacune des sessions. Au cours de ces échanges, un accent particulier a également été mis sur le rôle et le travail des Casques bleus au Mali, les violences basées sur le genre, particulièrement à l’égard des enfants.

Sans transition, ce point nous amène aux activités de la Police des Nations Unies (UNPOL).

ACTIVITÉS d’UNPOL

Patrouilles UNPOL

  • Durant la période écoulée, la police de la MINUSMA a effectué 576 patrouilles et assuré 51 escortes.

Je renouvelle mon invitation aux médias qui sont intéressés à participer parfois à ces escortes et patrouilles. Si tel est le cas, contactez-nous pour que nous puissions organiser ces reportages.

  • Du 12 au 15 février 2018, le Commissaire adjoint de Police de la MINUSMA a effectué une visite de travail dans la région de Mopti.  Il s’est rendu à Djenné où il a rencontré le Préfet, les responsables des Forces de Défense et de Sécurité Malienne (FSDM) et le Grand Imam de la mosquée de Djenné. Les autorités rencontrées lui ont  présenté la situation sécuritaire qu’elles estiment calme depuis l’instauration des nouvelles mesures portant sur l’interdiction de la circulation des motos et véhicules Pick-up.
  • Le 14 février, une équipe de l’Unité de Police Constituée du Togo au sein de la MINUSMA, s’est rendue au Centre de Santé de Référence de Ménaka où elle a procédé à une remise de médicaments au profit de la population, en présence du Président du Conseil de Cercle de Ménaka, du Directeur régional de la santé et des responsables dudit centre.
  • La police des Nations Unies (UNPOL) à Gao, a organisé une nouvelle session de renforcement des capacités, à l’endroit des Forces de Défense et de Sécurité Maliennes (FDSM). La session s’est déroulée du 12 au 16 février et portait sur la protection et les violences basées sur le genre (VBG). 19 éléments des FDSM dont deux femmes, ont pris part à cette formation de cinq jours qui avait pour but de les outiller afin que, dans leur travail au quotidien, ils prennent mieux en charge ces cas.

Maintenant nous allons passer aux activités en régions.

ACTIVITÉS EN RÉGIONS

Lutte antimines

Dans le cadre de ses activités de sensibilisation aux risques des engins explosifs, la MINUSMA a formé des points focaux à la sensibilisation aux risques et à la gestion des informations sur les engins explosifs.

Durant le mois de janvier, des sessions de sensibilisation aux risques des engins explosifs ont été fournies à un public de 1283 personnes dans la région de Gao ainsi qu’aux populations déplacées de la commune rurale de Tarkint et aux enfants des écoles du district de Forgho.

Une conférence sur la thématique éducation aux risques des explosifs a également été délivrée sur la radio communautaire d’Ansongo à Gao.

Dans le cadre du renforcement des capacités locales dans la commune rurale de Taboye, Cercle de Bourem, les équipes de mise en œuvre de la lutte antimines ont formé  au total 18 points focaux qui ont développé des capacités de gestion des informations sur les risques explosifs. La formation des points focaux communautaires vise à développer des procédures efficaces de gestion de l'information pour renforcer la résilience de la communauté face à l'exposition aux risques des engins explosifs.

TOMBOUCTOU

  • La Direction du "Festival du Vivre-Ensemble", en partenariat avec le Bureau régional de la MINUSMA, a officiellement lancé, le 10 février dernier à l’auberge du Désert de Tombouctou, la deuxième édition dudit festival. Cette deuxième édition s’est poursuivi jusqu’au 12 février, à travers des débats citoyens, des prestations musicales d’artistes de renommés nationales et internationales, des visites touristiques, des foires exposition ainsi qu’un tournoi de football.

Cette rencontre a réuni environ 150 leaders communautaires de Tombouctou et Taoudénit dans leurs diversités, en présence des Ministres de l’emploi et de la formation professionnelle, M. Maouloud Ben Khatra, du Développement Industriel, M. Mohamed Ali Ag Ibrahim, du Gouverneur de la région de Tombouctou, M. Ahmadou Ag Koina et de la Marraine de l’évènement, Mme Maiga Aziza Mint Mohamed, Députée de Tombouctou. Les présidents des autorités intérimaires de Tombouctou et du collège transitoire de Tombouctou, ainsi que le Chef de Bureau de la MINUSMA à Tombouctou étaient également présents.

  • Le 12 février, la Division des Affaires Civiles (DAC) de la MINUSMA avec celle de la Stabilisation et Relèvement (S&R) ont procédé à la remise officielle d’un Projet à Impact Rapide d’appui institutionnel aux préfectures d’Al-Ourche et d’Araouane de la région de Taoudénit. La cérémonie s’est déroulée en présence des deux Préfets, du Représentant du Gouverneur, des conseillers spéciaux et des chefs de services techniques. Le lot remis est composé de matériels bureautiques et informatiques d’une valeur d’environ 13 millions de FCFA.

KIDAL

  • Le 15 février dernier, le bureau régional de la MINUSMA à Kidal, a procédé au lancement des activités du projet à impact rapide, dénommé, " "Projet d’appui à la confection de tentes traditionnelles en cuir au profit des femmes du site de Chatte Tassick", sponsorisé par la division Stabilisation et Relèvement au quartier Intidbane de Kidal.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme de relèvement et de stabilisation au Mali. Il bénéficiera aux 60 femmes du cercle de Kidal, regroupée au sein de l’association "Chatte Tassick". D’un coût d’environ 17,7 millions de FCFA, sa réalisation est prévue pour durer trois mois et le suivi sera assuré par l’Associations Femmes Action du Mali (ASFAM).

L’amélioration des revenus des femmes de l’association, à travers la confection et la commercialisation de tentes traditionnelles en cuir, une branche de l’artisanat dans le cercle de Kidal, est l’un des objectifs visé par ce dit projet.

GAO

  • Le 17 février, les Divisions des Affaires Civiles et celle de la Communication stratégique et de l’Information Publique ont animé conjointement avec la police des Nations Unies (UNPOL), une séance de sensibilisation sur le mandat de la MINUSMA (Résolution 2364 du Conseil de Sécurité) à l'attention de 200 élèves et professeurs du lycée Mamadou Issa Maiga d'Ansongo. Les discussions ont porté sur la protection des populations civiles, la politique de recrutement des jeunes au sein de la MINUSMA, une question qui revient très souvent et le rôle des communautés locales dans le renforcement de la paix et de la cohésion sociale. Les participants ont recommandé l'accélération du processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion afin d’intégrer les ex-combattants au sein des Forces de défense et de sécurité malienne pour réduire le banditisme et la prolifération des armes.
  • Le 20 février, la section de la Réforme du Secteur de la Sécurité / Désarmement, Démobilisation et Réintégration (SSR / DDR) de la MINUSMA a effectué une mission sur le terrain dans la ville de Bourem, à 86 km au nord-ouest de Gao pour la mise en place d’un projet de réduction de la violence communautaire. La délégation a rencontré environ 150 membres de la localité et a évalué le projet qui porte sur le développement d'un jardin maraîcher de cinq hectares, géré par des associations de femmes et qui bénéficiera à toute la communauté.

INCIDENTS

Je termine mon intervention avec les incidents qui se sont déroulés au cours des deux dernières semaines.

  • Le 8 février, aux environs de 17 heures, un convoi de la Force de la MINUSMA allant de Gao à Kidal a heurté un engin explosif improvisé (IED) à 5 km au nord de Tabankort dans le cercle de Bourem. Quatre Casques bleus et un civil ont été blessés lors de l'incident. Des hélicoptères d'attaque de la MINUSMA ont été dirigés vers la zone et les blessés ont été évacués vers les structures médicales de la MINUSMA à Gao. Le civil a malheureusement succombé à ses blessures par la suite.
  • Le 8 février, le camp de la MINUSMA de Tessalit a été la cible d'un tir indirect. Un obus de mortier ou une roquette a atterri dans le camp tandis que deux autres détonations ont été entendues à l'extérieur du camp. Aucune victime n'a été signalée, mais des dégâts matériels ont été rapportés. La MINUSMA et les Forces françaises ont déployé une force de réaction rapide pour sécuriser la zone.
  • Le 15 février, un véhicule blindé de la MINUSMA escortant un convoi logistique d'Aguelhok à Tessalit, dans la région de Kidal, a heurté une mine à environ 30 km au nord d'Aguelhok. Aucune victime n'a été signalée dans l'incident qui a endommagé un véhicule.
  • Le 17 février, vers 12h15, un convoi logistique escorté par la MINUSMA d'Aguelhok à Tessalit a découvert une mine à environ 30 km au sud de Tessalit. Une équipe d'élimination des munitions explosives (EOD) de la MINUSMA a neutralisé la mine.

Je donne maintenant la parole au Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général Jean-Paul Deconinck qui va vous présenter les opérations de la Force de la MINUSMA.

Le Général Jean Paul Deconinck, Commandant de la Force de la MINUSMA,

Bonjour à toutes et à tous,

La dernière fois que j’avais pris la parole, c’était il y a quelques semaines. Cela m’avait donné l’occasion de faire le bilan de nos actions en 2017 et de me projeter dans l’avenir pour 2018. J’avais à cette occasion, annoncé les différentes mesures que nous prenons déjà depuis de nombreux mois afin de faire face à la situation sécuritaire.

J’avais entre autres annoncé une augmentation de notre présence et de notre action parmi les populations et sur les grands axes, afin de rechercher le renseignement, de rassurer les populations, de contrer la menace et d’assurer notre liberté de mouvement, pas seulement pour la Force mais bien sûr pour l’ensemble de la MINUSMA et des organismes pour le Mali. En bref, prendre toutes les mesures pour pouvoir remplir notre mandat.

Cette augmentation de notre présence et de notre action contre la menace passe par l’accélération de notre rythme opérationnel.

Fin novembre, je remonte dans le temps et on n’en a pas parlé depuis, nous avons exécuté l’opération FITIRI, un nom de code, que nous avons orienté vers la zone Nord-Est du pays, principalement centré sur Ansongo, Ménaka et sur la route qui relie ces deux villes. Nous avons mené cette opération avec l’équivalent de dix compagnies (une compagnie équivaut 150 personnes environ), des forces de manœuvre, des forces de renseignement au sol et en l’air, des moyens logistiques et des hélicoptères.

Je voudrais revenir sur un épisode de cette opération Fitiri, on en avait parlé brièvement à l’époque, aux alentours du 22 novembre et dans les environs d’Indélimane. Pendant cette opération Fitiri, et suite à l’attaque terroriste sur notre bivouac, nous avons perdu trois Casques bleus et cela avait marqué les esprits. Ce qu’on n’a pas dit à l’époque, c’est que nous avons neutralisé plus de dix assaillants. Et nous avons surtout pu désorganiser nos ennemis. Cela mérite d’être souligné et je mets aussi l’emphase sur la parfaite conduite des éléments de la MINUSMA engagés sur l’opération et en particulier sur cet épisode d’Indélimane.

Nous sommes loin ici du prétendu immobilisme de la MINUSMA et de la bunkérisation de la MINUSMA. Car j’entends souvent que nous ne sommes pas en mesure de nous sécuriser nous-même dans nos camps. Ceci est tout à fait faux et nous prouvons le contraire tous les jours à travers nos opérations.

FURAJI : UNE PREMIÈRE OPÉRATION DE LA FORCE MINUSMA DE GRANDE ENVERGURE

L’opération suivante était Furaji que nous avons mené en janvier. Première opération de grande envergure sur la région centrale du Mali, orientée à l’Est et à Ouest de Douentza jusqu’au sud de Tombouctou.  

Cette opération visait à améliorer la sécurité dans la région du centre et d’accroître nos efforts dans la protection des civils, au sein des populations. Les objectifs étaient donc similaires à ceux de l’opération FITIRI : chercher le renseignement, contrer la menace, rassurer les populations avec un effort particulier sur la menace de type « engins explosifs improvisés.»

Lors de FURAJI, nous avons déployé 600 soldats de la paix et environ 80 transporteurs de personnels blindés et des véhicules tout terrain, des hélicoptères et des drones pour le renseignement. 

Différents moyens aériens tels que les hélicoptères Salvadoriens MD-500, les hélicoptères d’évacuation sanitaire MI-8 et des drones de renseignement ont soutenu toutes les phases de l’opération.

Les défis auxquels nous devons faire face 

Une des menaces importantes auxquelles nous devons faire face, sont les mines et engins explosifs improvisés. Je mets un effort particulier sur la préparation de mes soldats pour neutraliser ces menaces. Nous les appliquons chaque jour et quasiment tous les jours, nous découvrons des mines et des engins explosifs. C’est une manière pour nous, de nous protéger. C’est aussi une manière indirecte de protéger les populations et nos partenaires.

Lors d’une patrouille dans le cadre de l’opération Furaji dans les environs de Boni, le 20 janvier, les casques bleus sénégalais ont repéré un objet suspect. Ils ont appliqué immédiatement les bonnes procédures face à un engin explosif improvisé [1]. Cette découverte prématurée de l’engin a obligé les assaillants de lancer leur attaque, sans pouvoir mettre à feu l’engin explosif improvisé, mais en mitraillant la patrouille. Les casques bleus ont répondu vigoureusement, en vrais professionnels, ce qui est tout à fait conforme à nos règles d’engagement.

Ils ont réussi à capturer 13 assaillants (présumés) et les ont remis à la Gendarmerie malienne de BONI pour enquête. L’un d’eux a été immédiatement reconnu. Il était recherché par les autorités maliennes pour avoir déjà participé à des attaques de mines et des explosifs improvisés. Ceci est un exemple du bilan de cette opération Furaji.

Toutes ces arrestations ont été effectuées conformément aux principes généraux d’arrestation et de détention des personnes par la MINUSMA.

Un commentaire à propos de ces menaces. Les assaillants prétendent viser uniquement les forces en uniforme.        C’est faux. Et c’est lâche. La réalité a prouvé le contraire.

Pendant cette opération Furaji, il y a eu un évènement qui a eu des répercussions dans la presse : le 25 janvier un autobus a heurté un engin explosif Improvisé, tuant 26 civils innocents. C’est une véritable tragédie qui a frappé les populations ce jour-là. Cette violence aveugle et lâche est inacceptable lorsqu’elle touche les forces en uniforme, qu’elles soient maliennes ou étrangères. Elle est ignoble, indigne de l’espèce humaine lorsqu’elle touche des civils, des femmes, des enfants.

La coordination

Je voudrais utiliser l’opération FURAJI pour insister sur un point qui me paraît tout à fait essentiel. C’est le point sur la coordination avec les différentes forces en présence. Nous avons coordonné cette opération avec les partenaires, que sont les FAMas et la Force conjointe du G5 Sahel. Nous coordonnons avec eux afin qu’il y ait une distinction des zones d’opération, mais aussi pour générer des effets complémentaires, pour plus de sécurité.

Nous sommes tous ici dans le même but d’assurer la sécurité, de ramener un niveau suffisant de sécurité dans le pays, de voir redéployées les autorités locales et les forces de défense et de sécurité malienne.

Vous aurez constaté que pendant la même période, la Force conjointe du G5 Sahel était engagée sur l’opération Pagnali mais pas dans la même zone d’opération, tandis que les FAMas se concentraient sur d’autres portions de la région du Centre.

Vous aurez aussi constaté que pendant ces pics d’Operations, nous nous concentrons sur une zone, nous restons actifs dans le reste du pays, en continuant à patrouiller, à assurer la sécurité des convois, à appuyer les FAMas, entre autres en leur fournissant notre appui telles que les évacuations médicales s’il le faut, comme ce fut le cas dernièrement à Soumpi et à Ménaka.

Deux faits importants concernant le soutien aux piliers civils

Je tiens à souligner également que lors de l’opération FURAJI, la Force a aidé les piliers civils et les acteurs humanitaires en leur assurant la sécurité pour leurs déplacements dans le cadre des efforts de stabilisation et de lutte contre la violence.

C’est ainsi que le 26 janvier, toujours dans le cadre de l’opération FURAJI, nous avons dépêché une mission avec les piliers civils de la MINUSMA pour aller à la rencontre des populations dans la région de DOUNA, afin d’enquêter sur des confrontations entre deux communautés. Ce genre de missions conjointes continue à être multiplié. 

Je tiens à souligner aussi que, lors de nos opérations, nous menons également des activités civilo-militaires (CIMIC), afin de répondre ponctuellement à certains besoins de la population, sur le plan de l’alimentation en eau ou dans le domaine médical. Nos médecins qui accompagnent les opérations, prêts à intervenir pour sauver nos soldats sont également autorisés à prodiguer les soins d’urgence à la population locale. C’est ce qu’on a fait à Fitiri partout où nous avons bivouaqué. C’est ce qu’on a fait aussi à Furaji, du côté de Douentza, de Boni, de Gossi entre autres.

Pour la suite, on continue avec les missions de routine telles que les escortes de convois comme des opérations à part entière. Ces opérations ont les mêmes objectifs et nous permettent de rester en contact avec les populations, rassurer les populations, collecter des renseignements et assurer notre liberté de mouvement. Outre ces escortes, nous menons des patrouilles à moyenne et longue portée, comme dernièrement entre Diabaly et Goundam à la limite nord de la région Centrale. Nous opérons en complémentarité avec nos partenaires FAMA. C’est ce que nous ferons à nouveau lors d’une opération de grande envergure, qui commencera bientôt. L’opération s’appelle Foronto. Je ne vais pas vous donner ni la date du démarrage, ni la région pour des raisons évidentes de sécurité. On vous fera le bilan à la fin de l’opération si vous le voulez bien lors d’une prochaine intervention. L’intention reste la même, comme pour les opérations précédentes, de concentrer les ressources pour maximiser les effets générés par l’ensemble des forces de défense et de sécurité engagées sur le territoire malien. Je ne peux pas vous en dire davantage pour le moment. Mais sachez que la phase de recherche de renseignement a déjà commencé. 

Je vous remercie de votre attention et je suis prêt pour répondre à vos questions.

Chérif Ag Ismaguel, Journal du Mali

Sur le terrain nous savons que la sécurité ne s’améliore pas comme beaucoup de gens le souhaite, est-ce que la MINUSMA a un plan de sécurisation pour les élections à venir ?

Jean-Paul Deconinck          

Bien sûr que nous avons un plan, mais rappelez-vous que les élections sont maliennes et qu’il revient d’abord aux Forces de défense et de sécurité malienne d’assurer la sécurité des élections et de la période pré-électorale. Nous serons en deuxième ligne. Le plan de la MINUSMA est multidimensionnel comme l’est la Mission. Il s’agira d’un appui logistique là où il le faut. Ce sera en fonction des besoins exprimés par le Gouvernement. Il s’agira d’épauler nos camarades maliens, puisqu’ils seront en première ligne. Il ne s’agit pas d’un seul plan de la MINUSMA en vue de sécuriser les élections, certainement pas. Il s’agit d’un plan malien d’abord et avant tout.

Imarana Maïga, Studio Tamani

A propos de l’opération Furaji, vous avez donné un bilan, j’aurais voulu que vous nous donniez plus de détails sur le bilan de cette opération ? Vous avez parlé de 13 arrestations que vous avez remises à la Police Nationale du Mali, un engin explosif, est-ce qu’au-delà de l’arrestation des 13 assaillants est-ce qu’il y a eu d’autres poursuites contrairement à l’opération Fitiri où vous avez neutralisé dix assaillants dans le Cercle de Ménaka à Indélimane ?

Jean-Paul Deconinck

C’est toujours difficile de fournir un bilan chiffré de ce genre d’opération. Parmi les 13 présumés assaillants, certains ont été relâchés depuis, parce qu’il faut laisser la justice faire son travail. Je ne vais pas dire que ceci est anecdotique mais quasiment, cela passe au second plan.

Quels sont les effets recherchés ? C’est la recherche de renseignement et cette opération Furaji nous a apporté un maximum de renseignements partout où nous sommes passés. C’est contrer la menace et nous sommes persuadés qu’au travers de ces arrestations mais aussi à travers la recherche d’indices, nous avons pu mettre le doigt sur des chaines de commandement de l’assaillant et cela fait partie de notre méthode pour contrer la menace. Et d’une manière ou d’une autre nous allons pouvoir arriver à désorganiser l’assaillant de façon à éviter que nous soyons pris pour cible, nous, Force MINUSMA ou nous Forces de Défense et de Sécurité Malienne (FDSM). Cela est tout à fait essentiel. Nous avons réellement performé en termes de recherche de renseignement. Notre objectif est de pouvoir assurer notre liberté de mouvement. Nous avons concentré notre opération Furaji essentiellement sur deux axes importants pour le transport logistique. Il est impératif que nous puissions garder notre liberté de mouvement pour pouvoir circuler librement sur ces grands axes. L’autre objectif que je tiens absolument à mentionner ici c’est le contact avec les populations. De façon à pouvoir les rassurer pour qu’elles se disent que la MINUSMA est présente pour assurer leur sécurité. Ce contact nous permet aussi de gagner la confiance des populations et ceci est essentiel. Cela n’est pas facile à chiffrer. 

Abdoulaye Ouattara, Journal Info-Matin

La dernière fois, le Général avait évoqué des soucis logistiques. Il voulait que les troupes montent en puissance, mais il y avait  certains types d’équipements qui manquaient. Est-ce dès lors, il y a eu des changements parce qu’on constate que la menace est toujours là?

Jean-Paul Deconinck, Commandant de la Force

Bien sûr qu’on a toujours des soucis d’ordre logistique, que ce soit du ravitaillement en pièces détachées ou autre et l’on continue à faire des efforts dans ce domaine. Mais, ce que j’avais surtout souligné, c’était bien la capacité qui devrait continuer à arriver. Depuis ma dernière intervention, nous avons vu arriver la première compagnie d’escorte de convois. C’est une unité spécialisée dans une escorte et elle est basée à Gao. Nous continuons à peaufiner son organisation et son entrainement. Cette compagnie a déjà réalisé une première mission d’escorte entre Gao et Kidal et au retour. Ce genre de capacités nous permet justement d’économiser. Des troupes de manœuvre pour des missions de type contrôle de zone, de type patrouille à moyenne et longue portée. Je l’avais dit la dernière fois, c’est une manière pour moi de relever le niveau opérationnel, de relever l’efficacité globale de la Force. C’est juste un exemple des progrès que nous engrangeons chaque jour. Je ne vais pas vous livrer les secrets de la planification militaire. J’ai décrit les objectifs généraux de chaque opération qui sont toujours pour but de rassurer les populations, d’être à leurs contact, de rechercher les renseignements, d’assurer la liberté de manœuvre, la liberté d’action dans la zone d’opération et qui permettent de contrer la menace. Ce sont les thèmes qui reviennent à chaque fois. En fonction des opérations et en fonction de la zone d’opération, nous mettons l’accent sur tel ou tel aspect, mais les quatre éléments reviennent toujours et ce ne sont pas les mêmes zones.  Sauf que dans notre stratégie, nous voulons des effets rémanents, donc il n’est pas question de nous occuper pendant 15 jours d’une zone bien précise, de nous en aller et de ne revenir que trois mois après. Ça ne sert à rien. Il y a toujours un effet rémanent que nous recherchons à travers ces opérations mais aussi à travers tout ce qu’on fait    entre ces pics d’opérations.

Acherif Ag Ismaguel, Journal du Mali

C’est par rapport au G5 Sahel, les menaces sont toujours là, les mines etc. vous les avez évoqué, est ce que vous, en tant que commandant de la Force, êtes favorables à ce que la Force du G5 Sahel soit une brigade de la MINUSMA comme l’aurait souhaité le président du G5 Sahel, le Président nigérien Mamadou Youssoufou ?

Jean-Paul Deconinck, Commandant de la Force

Chaque force a son mandat. Il n’est pas question que les unités ou le G5 Sahel devienne une brigade, un élément de la MINUSMA. Les mandats sont différents. Le mandat du G5 Sahel est très clairement orienté vers le contre-terrorisme, vers la lutte contre la criminalité et orienté vers les frontières.  En termes géographique, c’est ce vers quoi est orienté le G5 Sahel. La Force de la MINUSMA est limitée à la zone d’opération constituée où à l’intérieur des frontières maliennes. Nous ne sommes pas appelés à opérer en dehors des frontières maliennes, nous ne sommes pas appelés à opérer en termes de contre-terrorisme et en cela, nous sommes tout à fait complémentaires.  Donc il ne faut pas mélanger les mandats, car nous devons veiller à ce que les mandats restent complémentaires.  Il n’est pas question d’intégrer la force du G5 Sahel à la MINUSMA.     

Amadou Cissé, Sahelien.com

Mon souci c’est la sécurité au nord. Nous sommes à cinq mois des élections, est ce que la Force de la MINUSMA a prévu des mesures pour garantir ou rassurer les populations à aller voter ?

Jean-Paul Deconinck

C’est notre rôle, mais il faut savoir que le gouvernement discute actuellement avec les groupes armés que sont la CMA et la Plateforme pour ne citer que ceux-là. Je répète que la sécurisation des élections c’est d’abord une affaire malienne. Ce n’est pas une affaire de la MINUSMA, ce n’est pas notre rôle, nous sommes là en appui. Et il faudrait peut-être poser la question aux membres du gouvernement d’ici quelques jours, quelques semaines quant à savoir quels sont les accords entre gouvernement et groupes armés dans ce cadre de sécurisation des opérations électorales et principalement en dehors du pays.  

Fin.