POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 24 mai 2018

25 mai 2018

POINT DE PRESSE de la MINUSMA du 24 mai 2018

Porte-parole : Mme Myriam Dessables

Bonjour et bienvenue à toutes et à tous, chers confrères journalistes, chers auditrices et auditeurs de la radio de la Paix, MIKADO FM, merci de nous être fidèles à ce rendez-vous bimensuel. Pour ce point de presse, je vais présenter l’actualité des différentes composantes de la MINUSMA de ces dernières semaines et vous aurez également l’opportunité de poser des questions au Commandant de la Force de la MINUSMA, le Général de Division Jean-Paul Deconinck, qui sera en direct de Tombouctou, en marge du lancement du MOC. Mais avant cela, je vous présente l’actualité de la Mission des dernières semaines.     

ACTIVITÉS À BAMAKO

  • A l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus le 29 mai 2018, le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres sera à Bamako pour célébrer cette journée avec les Casques bleus ici et saluer la contribution et le courage des soldats de la paix de la MINUSMA déployés au Mali. M. Guterres sera accompagné du Secrétaire général adjoint chargé de l'appui aux Missions, M. Atul Khare, du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, ainsi que de la Directrice exécutive de l'UNICEF, Mme Henrietta Fore. Suite à son arrivée à Bamako, le Secrétaire général participera à une cérémonie d’hommage aux Casques bleus tombés, particulièrement ceux tombés en 2017 de la MINUSMA. Cette visite est aussi une visite de solidarité à l’occasion du Ramadan. Le Secrétaire général observera le jeûne durant son séjour au Mali. Il rencontrera le Président Ibrahim Boubacar Keïta, le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga et d’autres représentants officiels maliens, ainsi que le personnel onusien exerçant dans le pays. Il se rendra également dans les régions, pour rencontrer les autorités locales, le personnel des Nations Unies, ainsi que les représentants religieux et les associations des jeunes et de femmes.
  • Cette année, la Journée internationale des Casques bleus des Nations Unies a pour thème « 70 ans de service et de sacrifice ». En effet, c’est le 70ème anniversaire de cette journée créée en 1948, qui est célébrée le 29 mai, pour rendre hommage au personnel civil, policier et militaire pour sa contribution au travail de l’ONU. C’est aussi l’occasion d’honorer la mémoire de plus de milliers de Casques bleus qui ont perdu la vie en servant sous le drapeau des Nations Unies depuis 1948. http://www.un.org/fr/events/peacekeepersday/
  • A l’occasion de la Journée de l’Afrique qui sera célébrée demain, le 25 mai, le Secrétaire général des Nations Unies a salué le fait que « l’Afrique prend de plus en plus en main sa propre destinée et que l’Organisation des Nations Unies est fermement déterminée à soutenir les efforts de l’Afrique. Dans son message, il ajoute que « dans cette optique, les deux organisations ont signé l’année passée des accords-cadres pour la paix et la sécurité et pour la mise en œuvre cohérente de l’Agenda 2063 et du Programme 2030. La paix et le développement durable sont intimement liés – l’un ne saurait être réalisé sans l’autre. » M. Guterres a ajouté que « l’Organisation des Nations Unies appuiera également l’engagement pris par l’Union africaine de « faire taire les armes » d’ici à 2020 et de promouvoir le rôle indispensable que les femmes et les jeunes ont à jouer dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. » Rappelant que les Nations Unies sont fermement déterminées à soutenir les efforts de l’Afrique, le Secrétaire général a déclaré « j’engage instamment toutes les nations à soutenir l’idée d’une Afrique pacifique et prospère. Ce qui est bon pour l’Afrique est bon pour le monde entier. »
  • Le 21 mai, la Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général, Coordonnatrice Humanitaire et Coordonnatrice Résidente du Système des Nations Unies, Mme Mbaranga Gasarabwe et le ministre des Affaires Etrangères, Tiéman Hubert Coulibaly, ont co-présidé l’ouverture de l'atelier de validation du rapport mi-parcours du Plan Cadre Intégré des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF+ 2015-2019). Se basant sur le rapport, Mme Gasarabwe a relevé un bon alignement de l’UNDAF+ sur les référentiels de développement du Mali et la pertinence des mécanismes de coordination mis en place. Elle a en outre indiqué que plusieurs défis subsistent, dont la faible programmation conjointe interagence et l’insuffisance des données statistiques nationales, d’où la nécessité de renforcer les capacités des instructions statistiques nationales. Saluant le travail « extraordinaire » de la MINUSMA, le ministre des Affaires Etrangères a rappelé que l'Accord de paix est la seule feuille de route pour sortir de la crise.
  • Du 21 au 23 mai 2018, la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA a organisé un conjointement avec le ministère de la Justice et l'Institut national de formation judiciaire (INFJ) un séminaire national de trois jours sur le contentieux électoral à Bamako. Des experts ont ainsi participé à l’évènement dont l’ancien Président de la Cour Constitutionnelle du Burkina, M. Idrissa Traoré. Ainsi, une soixantaine de professionnels de la justice dont les magistrats en charge de la gestion du contentieux électoral au Mali ont été formés et outillés sur les principaux instruments juridiques relatifs au processus électoral et à la gestion d’éventuels contentieux électoraux en vue de l’organisation prochaine d’élections libres, transparentes et crédibles.
  • Le 21 mai, la Division des Affaires Electorales de la MINUSMA a lancé un atelier de trois jours en partenariat avec l’Institut National de Formation Judiciaire (INFJ) à Bamako. Cet atelier a pour objectif de fournir à une soixantaine d’acteurs électoraux, y compris des professionnels de la justice et des forces de sécurité, des outils adaptés à la gestion des conflits liés aux élections en vue de la prochaine élection présidentielle de juillet.
  • Le 11 mai dernier a eu lieu la cérémonie de lancement du projet de la MINUSMA pour le "Renforcement des capacités des Organisations de la Société Civile (OSC) en veille, contrôle citoyen et suivi de la mise en œuvre de l’Accord de paix", initiée par le Forum des Organisations de la Société Civile (FOSC). Ce projet renforce les capacités de la société civile dans ce sens, à travers l’organisation et la tenue d’ateliers de formation, la mise en place et l’animation d’espaces d’interpellation citoyenne. Ce projet, qui se déroulera à Bamako, Mopti, Kidal, Tombouctou, Ménaka, Gao et Taoudénit pour une durée de quatre mois, a un coût de réalisation total de plus de 25 millions de FCFA. https://minusma.unmissions.org/la-minusma-s%E2%80%99engage-aupr%C3%A8s-de-la-soci%C3%A9t%C3%A9-civile-pour-un-meilleur-suivi-de-la-mise-en-%C5%93uvre-de-l

ACTIVITÉS DE LA FORCE ET DE LA POLICE ONUSIENNE

  • Du 9 au 23 mai, la Police onusienne a effectué un total de 713 patrouilles, dont 102 patrouilles conjointes. La Force de la MINUSMA a, quant à elle, effectué 315 patrouilles du 15 au 22 mai, dont 54 escortes.
  • Depuis le début du mois de mai et dans le cadre de son mandat, la composante police UNPOL organise des formations sur la sécurisation des élections dans toutes les régions du Mali au profit des Forces de sécurité et de défense maliennes. Ainsi ont été formés 80 participants à Bamako, 20 à Mopti et cette semaine 25 à Gao.
  • Le 15 mai à Bamako, lors de la réunion de la Commission Technique de Sécurité (CTS) présidée par le Commandant de la Force de la MINUSMA, les mouvements signataires et le gouvernement malien ont convenu de continuer leurs efforts pour l’opérationnalisation des unités du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) de Kidal et de Tombouctou. Suite au calendrier adopté, le démarrage de l’enregistrement des premiers 51 éléments du MOC de Tombouctou a démarré sans obstacles hier, le 23 mai. Le Commandant de la Force vous en dira plus dans un instant en direct de Tombouctou. A Kidal, les 51 éléments et membres du commandement du bataillon du MOC ont été enregistrés les 7 et 8 mai et ont commencé leur formation le 21 mai 2018. Dans chacune des locations, l’enregistrement des 141 éléments formant la compagnie de protection démarrera dans les prochains jours. Par ailleurs, une formation sur le droit international humanitaire et le mandat de la MINUSMA en faveur des éléments du MOC de Kidal se tient cette semaine et ce jusqu’au 25 mai à Kidal.

ACTIVITÉS EN RÉGIONS

GAO

  • Le 21 mai dernier, la section Réforme du Secteur de la Sécurité et Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (RSS-DDR) du Bureau Régional de la MINUSMA à Gao et les observateurs militaires ont effectué une mission de terrain à Tondibi, dans la commune de Taboye, cercle de Bourem, dans la région de Gao pour visiter un projet de réduction de violence communautaire (RVC), qui a été mis en place dans le village. Ce projet avait, entre autres, dans son cadre un système d’irrigation, qui a été réhabilité pour favoriser la cohésion sociale entre les 200 bénéficiaires des communautés concernées.  Une visite similaire avait également eu lieu le 17 mai dans la commune de Tin-Hama, ou un autre projet RVC d’aménagement d'un périmètre maraicher a été mis en place dans le cadre des efforts d’amélioration de la situation sécuritaire, dans cette région transfrontalière avec le Niger.
  • En prévention de la saison des pluies dans la commune urbaine de Gao, la MINUSMA a commencé ce mois-ci d’importants travaux de construction de caniveaux, pour une valeur de plus de 150 millions de FCFA, dans le cadre d’un projet de lutte contre les inondations, qui s’accompagnent trop fréquemment de pertes en vies humaines et de dommages matériels et environnementaux. Financé par le Royaume du Danemark, à travers les Fonds d’affectation spéciale pour la sécurité et la paix au Mali, ce projet profitera à environ 100 000 habitants pour une durée totale de six mois. https://www.facebook.com/notes/mission-des-nations-unies-au-mali-minusma/la-contribution-de-la-minusma-%C3%A0-la-lutte-contre-les-inondations-%C3%A0-gao/1620786054705521/

KIDAL

  • Le 21 mai, une délégation du Bureau Régional de la MINUSMA à Kidal s’est rendue à Aguelhok pour rencontrer les autorités locales, les représentants des groupes armés, ainsi que les associations de jeunes et de femmes. Le Maire d’Aguelhok a souligné les besoins urgents de sa commune en eau et électricité, ainsi qu’en formation professionnelle pour les jeunes des environs. Les femmes ont, quant à elles, pris cette opportunité pour remercier la Mission pour les activités génératrices de revenus mises en place et actuellement en cours, qui leur ont permis d’améliorer leurs conditions de vie de manière significative.
  • Pour rappel, la semaine dernière, ont été lancés par la MINUSMA les travaux de réhabilitation et de curage du barrage d’Amdjer, dans la vallée du Tilemsi à l’ouest du village de Tessalit, région désertique aux faibles précipitations où l’eau constitue un enjeu majeur. Un article sur ce projet est disponible sur notre site internet. https://minusma.unmissions.org/tessalit-la-minusma-r%C3%A9habilite-un-barrage-au-profit-des-populations

TOMBOUCTOU

  • Le Bureau Régional de la MINUSMA à Tombouctou s’est rendu le 21 mai dernier à Gourma Rharous, à 117km à l’est de Tombouctou, pour inaugurer le bâtiment de la Gendarmerie de Rharous, qui a été réhabilité grâce à un projet mis en place par la Police onusienne, en présence des forces de sécurité maliennes locales, des autorités locales, de la société civile et des associations de jeunes et de femmes dans la commune.

MOPTI

  • Du 21 au 25 mai, la Division des droits de l’homme de la MINUSMA mène une mission spéciale à Mopti, pour enquêter sur les incidents survenus le 19 mai 2018 à Boulkessy, commune de Mondoro, dans le cercle de Douentza. La mission a pour objectifs d’établir les faits, de déterminer les circonstances, d’examiner les causes profondes de la dégradation de la situation, et de proposer des mesures urgentes pour la prévention de nouvelles violences.
  • Le 18 mai, le Bureau Régional de la MINUSMA a effectué une mission intégrée au village de Kouakourou dans la commune de Kéwa, dans le cercle de Djenné, pour évaluer les avancées de la construction du site de la Garde Nationale, dans le cadre du plan de sécurisation intégré des régions du centre (PSIRC), projet financé à travers le Fonds Fiduciaire. Ce projet a pour but de sécuriser la commune de Kéwa et de favoriser le retour de l’autorité de l’Etat et des services sociaux de base en appui au PSIRC. En parallèle, plusieurs rencontres ont eu lieu avec les différents partenaires et acteurs de la société civile qui ont relevé les difficultés courantes de leur localité portant essentiellement sur les services sociaux de base et la sécurité. Présente lors de la visite, la Police onusienne a également pu faire une évaluation de la situation sécuritaire et désigner des points focaux locaux pour la collecte d’information.

INCIDENTS

  • Le 13 mai, un véhicule de la Force de la MINUSMA faisant partie d’un convoi se déplaçant sur l’axe Aguelhok-Tessalit a heurté un engin explosif improvisé, blessant trois Casques bleus dont deux sérieusement. Les blessés ont été rapidement évacués pour soins médicaux tandis que la Force a interpellé sur place deux suspects, dont un mineur qui a été relâché après vérification et le second transféré aux autorités maliennes de Tessalit à Tombouctou le 16 mai.
  • Le 14 mai, un convoi logistique de la MINUSMA a heurté un engin explosif improvisé ou une mine sur la route Aguelhok-Tessalit, a environ 70km d’Aguelhok, dans la région de Kidal. Aucune perte n’a été signalée. Une équipe d'élimination des munitions explosives (EOD) qui faisait partie du convoi a immédiatement pu enquêter sur l’incident.
  • Le même jour, un véhicule s’est approché du Super Camp de la MINUSMA à Kidal à grande vitesse. Un Casque bleu au poste de garde a tiré des coups dissuasifs suivis de coups directs pour empêcher le véhicule d’avancer. Selon les rapports préliminaires, le chauffeur a été blessé au bras. Une unité de la Force de réaction rapide a été dépêchée sur place pour évacuer le suspect blessé et le transférer à l’hôpital de la MINUSMA à Kidal pour traitement.
  • Le 13 mai, le camp de la MINUSMA à Tessalit a été soumis à une attaque avec tirs indirects sans faire de pertes. La Force de la MINUSMA ainsi que les Forces Internationales ont immédiatement envoyé une unité de réaction rapide sur place pour évaluer l’impact de l’attaque.

SESSIONS DE QUESTIONS/REPONSES

Radio Naata (Gao) : Quelles sont les dispositions prises par la MINUSMA par rapport aux élections présidentielles ?

Myriam Dessables : C’est une question qui revient souvent. L’organisation des élections incombe à l’État malien. La MINUSMA a pour mandat de soutenir le Mali et d’apporter un appui logistique, technique et sécuritaire. C’est ce qu’elle fait en usant de tous ses bons offices pour appuyer l’Etat malien dans l’organisation des élections. Je vous invite à consulter le compte-rendu de la conférence de presse d’il y a deux semaines, au cours de laquelle le Directeur de la Division des Affaires Electorales avait fait un point complet à ce sujet. https://minusma.unmissions.org/point-de-presse-de-la-minusma-du-10-mai-2018

Radio N’Kondo (Gao) : Concernant la situation et les derniers évènements à Boulkessy, quel est le rapport d’enquête que la MINUSMA a établi ?

Myriam Dessables : Comme je l’ai indiqué, la mission des droits de l’homme de Boulkessy est sur place en ce moment et ils n’ont pas encore terminé leur opération. Ils sont en mission d’établissement des faits et nous auront des résultats après leur retour.

Invité : Commandant de la Force de la MINUSMA, Général de Division Jean-Paul Deconinck

J’étais ce matin au camp du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) de Tombouctou où j’ai pu assister à l’inauguration officielle du bataillon du MOC de Tombouctou, comme nous l’avons fait il y a deux semaines à Kidal, le 10 mai dernier. Donc aujourd’hui, le 24 mai, nous avons lancé la constitution des unités du MOC de Tombouctou.

Je retire une certaine fierté d’avoir pu souligner les efforts consentis par les parties, tant au niveau politique qu’au niveau opérationnel et tactique, et là je parle en tant que Commandant de la Force de la MINUSMA mais aussi du Président de la CTS (Commission Technique de Sécurité). J’ai pu mesurer semaine après semaine les efforts qui ont été faits pour aller dans le bon sens de la constitution des unités du MOC.

Je ne crois pas que cette étape soit uniquement symbolique, nous avons constitué aujourd’hui le socle du Bataillon de Tombouctou, en rassemblant le commandement, les commandants de bataillons, des compagnies, les chefs de sections et leurs soutiens et nous allons les former pendant deux semaines de façon à avoir un socle cohérent et qui puisse accueillir une à une les compagnies qui arriveront d’ici quelques semaines. Voici où nous en sommes dans la constitution des unités du MOC à Kidal et à Tombouctou. Sachez par exemple que la première compagnie de Kidal arrivera dans le courant de la semaine prochaine.

Petit à petit, nous allons constituer une unité qui sera capable d’assurer sa propre sécurité, c’est un premier objectif, en sachant que pour l’instant c’est toujours la Force de la MINUSMA qui assure la sécurité des deux sites à Kidal et à Tombouctou et des premiers combattants qui sont arrivés mais donc après le MOC sera en mesure de prendre en charge sa propre sécurité et ensuite d’assurer les patrouilles dans les environs et de plus en plus éloignées  de ces deux villes et enfin, dans un futur que j’espère assez proche, pouvoir assurer les premières activités de type DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion).

Voici donc une première pierre posée à Tombouctou aujourd’hui, le 24 mai, une première pierre posée à Kidal il y a de deux semaines. Nous sommes sur la bonne voie mais comme je l’ai dit aussi aux membres du MOC, vous êtes le socle, c’est sur vous que l’on va bâtir et c’est de vous que dépend l’opérationnalisation complète du processus. J’ai toute confiance dans ces 50 premiers membres de l’unité du MOC de Tombouctou, j’ai toute confiance dans la coordination et je leur ai dit qu’ils pouvaient compter sur moi, et à travers moi, sur l’ensemble de la MINUSMA et sur l’ensemble des forces partenaires, car nous sommes en effet ensemble pour porter ces efforts.

Lors de la cérémonie de ce matin, j’ai terminé ma courte introduction en laissant la parole au Gouverneur car il s’agit d’un outil intégré malien, qui intègre toutes les populations, et j’ai donc laissé au Gouverneur le soin et l’avantage d’inaugurer officiellement ce MOC de Tombouctou.

SESSIONS DE QUESTIONS/REPONSES

Radio Aadar (Gao) : Quelles sont les dispositions prises pour la sécurisation du MOC de Tombouctou ouvert aujourd’hui ? Combien y-a-t-il d’éléments des FAMAs, de la Plateforme et de la CMA qui constituent ce MOC ?

Général Jean-Paul Deconinck : Au niveau de la sécurité, la sécurisation sur les trois enceintes, à Gao, Kidal et Tombouctou, est assurée depuis le départ par la Force de la MINUSMA avec le concourt des sections de la MINUSMA. Nous avons réhabilité les sites que nous avons choisi, nous en avons renforcé la sécurité physique avec des dispositifs physiques que nous utilisons sur nos propres emprises et que nos camarades maliens utilisent également. Nous assurons donc actuellement la sécurité sur les trois sites et petit à petit les unités du MOC vont être capables, et elles le seront, d’assurer leur propre sécurité, toujours avec notre soutien. Quant à la composition actuelle des unités MOC de Kidal et Tombouctou, elles sont composées à un tiers FAMas, un tiers CMA et un tiers Plateforme pour que le socle de commandement soit parfaitement intégré et cohérent avant d’aller plus loin. A terme, il y aura au moins 200 combattants de chaque partie.

Radio N’Kondo (Gao) : Y-a-t-il eu des difficultés particulières rencontrées avant la mise en place et l’opérationnalisation du MOC de Tombouctou et si oui, lesquelles ?

Général Jean-Paul Deconinck : Quand il s’agit de constituer une unité composée de différents éléments qui n’ont aucune cohérence au départ, on rencontre bien sûr des soucis de tous ordres et vous avez souligné certains soucis d’ordre logistique. Nous sommes en train de les résoudre un par un. Nous avons pris en main l’aspect sécuritaire depuis longtemps. Concernant le logement, nous avions réhabilité le site de Tombouctou et les bâtiments existants pour avoir au moins quelques salles de plus capables d’accueillir les membres du MOC. Nous avions procédé à l’installation de la base pour les tentes, les tentes étant maintenant arrivées. Les problèmes logistiques résiduels sont de l’ordre du détail. Il s’agit maintenant en fait pour le MOC de prendre en main leur site et de résoudre eux-mêmes les petits problèmes logistiques qui restent et petit à petit veiller à leur propre sécurité. En prenant le processus dans son ensemble, c’est vrai qu’il nous a fallu du temps entre les premières bases du MOC de Tombouctou posées en 2015, entre ma première visite de reconnaissance sur le site vers avril-mai 2017 et aujourd’hui où on a enfin une unité reconstituée. On a pris le temps au niveau politique et au niveau opérationnel, de s’écouter, de s’entendre sur des objectifs communs, de rapprocher les points de vue pour à la fin arriver à une solution qui couvre tous les spectres des activités, tant opérationnelles que sécuritaires, que politiques. Il y a eu certainement quelques déclics en début d’année qui ont favorisé l’objectif réalisé aujourd’hui, qui reste, je le répète, un objectif intermédiaire, et le socle sur lequel on va bâtir le reste du mécanisme.

Abdoulaye Ouattara, Info-Matin : Le mois dernier nous avons eu la chance de visiter le site du MOC de Gao, et où il y avait un problème d’abris car les tentes données n’étaient pas adaptées aux conditions climatiques. Est-ce qu’aujourd’hui des mesures sont prises pour améliorer cet aspect ? Par rapport aux armes lourdes, question abordée lors de la dernière CTS, est-ce maintenant réglé ?

Général Jean-Paul Deconinck : Pour le problème des tentes à Gao, il s’agit de trouver des tentes qui puissent être ancrées dans le sol et tenir face aux vents parfois violents et aux tempêtes de sable et les tentes initialement montées à Gao n’étaient effectivement pas adaptées à ce genre d’environnement, mais c’étaient des tentes de type HCR qui sont utilisées parfois dans d’autres situations. Tout cela a été remplacé et les tentes à Tombouctou commencent également à être montées et de ce côté-là, je n’ai plus aucun souci à me faire. Au niveau des armes lourdes, c’est un point qu’on a longuement discuté dans le cadre de la CTS mais aussi au niveau du CSA, ce problème est réglé dans le sens où l’on a défini la répartition des armes lourdes entre gouvernement, CMA et Plateforme pour la première compagnie. Cela me semble tout à fait essentiel, car cette compagnie doit être capable d’assurer la sécurité immédiate sur le site du MOC. Cela permettra aussi à la MINUSMA de retirer sa force et de rendre pleinement responsable le bataillon MOC, à Kidal et à Tombouctou et à Gao, de sa sécurité. Les armes sont prêtes de par les mouvements des trois parties et dès que les problèmes logistiques seront réglés, le processus sera lancé pour la première compagnie. Et le reste suivra naturellement, chaque combattant viendra avec son arme individuelle et les compagnies seront équipées au fur et à mesure de leur arrivée.

Baba Ahmed, AP : Les militaires du MOC à Tombouctou sont au nombre de combien exactement ? Est-ce qu’aujourd’hui, déployer le MOC à deux mois des élections présidentielles tient du politiquement correct ou d’une vraie opérationnalisation pour ramener la sécurité ? Qu’est-ce qui va changer entre le MOC de Gao et celui de Tombouctou, étant donné que depuis deux ans bientôt, le MOC de Gao n’est pas encore efficace et ne répond pas aux attentes ?

Général Jean-Paul Deconinck : Il y a 51 éléments à Tombouctou, ou 17 de chaque partie, qui constituent le groupe de commandement du bataillon, commandement de compagnies et chefs de sections. Il manque encore trois éléments qui arrivent actuellement et qui vous rejoindre les rangs dans les heures qui viennent. On a le même principe à Kidal avec 51 combattants qui forment le bataillon et qui vont accueillir une à une les compagnies, soit à peu près 150 hommes (50 FAMAs, 50 CMA et 50 Plateforme), qui vont arriver à partir de la semaine prochaine à Kidal et dans deux semaines pour Tombouctou. Pour la deuxième question, est-ce qu’il s’agit vraiment d’une avancée opérationnelle, je répondrai en disant que je ne suis pas un diplomate, je suis un militaire. Je n’ai pas comme objectif aujourd’hui de lancer simplement de la poudre aux yeux pour faire plaisir aux politiques, ça n’est pas mon objectif. En tant que militaire et Général, je dis, il nous faut un outil sécuritaire et il y a une volonté commune entre les parties signataires des accords de paix de constituer une unité mixte qui soit opérationnelle. Mon rôle c’est de poser les conditions pour que cette unité soit opérationnelle, il s’agit d’en faire des soldats capables de prendre en charge leur propre sécurité et la sécurité des populations et ce n’est donc pas un objectif purement politique. Pour la différence entre Gao et Tombouctou, nous avons retenu la leçon de certaines lacunes de Gao dans le sens où nous sommes allés trop vite. Il fallait atteindre certains objectifs à Gao alors que certaines conditions n’étaient pas remplies. En tant que Président de la CTS et Commandant de la Force, je tenais vraiment à une progressivité dans la constitution des MOCs. Ce n’est pas pour rien que l’on commence par le socle, par former le commandement et le rendre cohérent, par leur inculquer les éléments élémentaires indispensables au niveau de la conduite militaire, de la discipline et des valeurs à défendre. C’est tout à fait essentiel pour que ce commandement soit en mesure de prendre en charge ses propres combattants et de les défendre dans les semaines qui viennent. Dans le même temps, nous nous occupons de Gao, au jour le jour, en renforçant nos équipes chargées de l’entrainement des combattants de Gao, ensemble avec nos partenaires. Nous allons également recevoir les armes, c’est ce qu’il nous manque depuis de longs mois à Gao, et mon objectif est bien de rendre opérationnel le MOC de Gao comme ceux de Kidal et Tombouctou.

Ag Ismaguel Acherif, le Journal du Mali : Nous nous souvenons de l’attentat sur le MOC de Gao et aujourd’hui nous assistons à un déploiement du MOC à Tombouctou et à Kidal. Quels sont les enseignements tirés des évènements de Gao ?

Général Jean-Paul Deconinck : L’attaque de début 2017 avait en effet causé énormément de pertes parmi les combattants du MOC de Gao. Nous en avons tiré des enseignements sur le plan sécuritaire, au niveau de l’aménagement du site, comme à Tombouctou et à Kidal, sur la progressivité dans l’installation et au niveau humain et de la cohérence et de l’unicité des mouvements signataires derrière le MOC, car nous avons une meilleure compréhension aujourd’hui de ces mouvements et car il est tout à fait essentiel qu’il n’y ait pas de sous-mouvement ou de mouvement dissident qui veuille entraver le processus de paix, par exemple à travers l’installation des MOCs. Enfin, une des dernières leçons tirées concerne la population car nous avons le besoin impératif de pouvoir compter sur le soutien de la population. Car c’est pour la population malienne, ici à Tombouctou et à Kidal et partout ailleurs dans le pays, que nous travaillons et dans la mise en œuvre de ce genre d’outils, il nous faut leur concourt car ces populations font partie de notre propre protection  et de celle des unités MOC de Kidal et Tombouctou.