UNMAS à Tombouctou : opération de dépollution enclenchée

8 janvier 2015

UNMAS à Tombouctou : opération de dépollution enclenchée

Le Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) attaché au Bureau Régional de la MINUSMA à Tombouctou,  de concert avec les autorités régionales et communales, a entamé, depuis juillet 2013, une série d’opération de dépollution de différents sites utilisés par les djihadistes du temps de l’occupation du Nord du Mali.

Depuis 1998, la région de Tombouctou a vu développer des tensions entre différents groupes armés, intensifiées en 2012 pendant les dix mois de l’occupation. Des combats incessants avaient eu lieu dans la région entre les groupes armés et les Forces de Sécurité maliennes. Il en résulte la propagation d’un grand nombre d’obus et autres restes explosifs de guerre non détonnés qui constituent une menace directe pour la population locale, les autorités gouvernementales, les agences humanitaires et la MINUSMA.    

 

En décembre 2014, UNMAS a démarré les travaux de dépollution du canal Kadhafi, qui court de l’extrême Ouest de Tombouctou jusqu’à l’aéroport, soit 5 km. Cet aqueduc présente des risques pour la population, notamment en raison de sa position dans le voisinage du camp des Forces de sécurité maliennes dont le dépôt de munitions avait explosé lors des premières attaques au début de l’occupation en avril 2012. Sa proximité avec un autre bâtiment qu’avaient occupé les djihadistes le rend encore plus suspicieux d’avoir été une cache fortuite d’armes et explosifs.  

 

Effectivement, en février 2013, deux enfants ont perdu la vie et un autre a été amputé d’un bras et d’une jambe après avoir ramassé une grenade dans les environs du canal. En guise de prévention d’autres incidents, les militaires des Forces armées Maliennes (FAMa) ont interdit l’usage du canal par la population.  Aussi, les autorités maliennes de la cité des 333 Saints et la MINUSMA ont identifié les endroits à risques en vue de les dépolluer.

 

Le début de l’opération de dépollution du seul canal Khadafi effectuée par le Service de lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) a déjà permis de retrouver 3 grenades, 1 obus de mortier de 60 millimètres et 17 munitions de petit calibre.

 

«  Nous devons bientôt mettre en place  un projet de construction de deux passerelles sur le versant ouest du canal. Ce travail fait par la MINUSMA permettra de démarrer les activités de ce projet phare », déclare le Maire de Tombouctou, Monsieur Halé Ousmane.

 

Tirant son nom d’un partenariat avec les autorités libyennes en 2008 dans le cadre d’un projet de désensablement, ce canal a toutefois été creusé vers les années 1400-1500 par l’empereur Sony Ali Ber pour faciliter les échanges commerciaux entre le Sud et la région de Tombouctou.  Des pirogues en provenance du Sud venaient à Tombouctou, transportant des marchandises telles du riz, du mil, des épices et des rôniers. S’abreuvant dans le fleuve Niger, ce canal contribue aussi à l’accroissement économique de la région en irriguant les champs des cultures maraîchères depuis Kabara jusqu’à Tombouctou, sur les deux rives.

 

Bilan des activités d’UNMAS dans la région de Tombouctou 

Conformément au mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), le travail d’UNMAS consiste à aider les autorités maliennes, par des activités de formation et d’autres formes d’appui, à procéder au retrait et à la destruction des mines et autres engins explosifs.

 

De juillet 2013 à décembre 2014, la division UNMAS à Tombouctou a achevé la dépollution de vingt-trois (23) chantiers comprenant quatre-vingt-douze (92) maisons et les terrains y attenant. Ce qui représente un total d’assainissement de 1.421.976 m2 de surfaces en recherches visuelles et 152.796 m2 de sous-surfaces, dépollués à l‘aide de détecteurs de métaux. Parallèlement, vingt-six (26) écoles et quinze (15) sites culturels de la région ont fait objet de décontamination sous les demandes respectives de l’UNICEF et de l’UNESCO.

 

Une fois les munitions et autres engins explosifs récupérés dans le cadre des travaux de dépollution, la division régionale d’UNMAS, de concert avec les autorités maliennes, procède à leur destruction. Sur la période indiquée, 596 munitions de différents calibres, 3068 cartouches et 450  autres objets dangereux ont été détruits. « Tombouctou était une poudrière, on a évité le pire grâce à l’action d’UNMAS. On peut estimer à 60%, le pourcentage des bâtiments des services de l’Etat et des maisons habités par les djihadistes dans la ville, épurés par eux », déclare le Maire de Tombouctou. 

 

Pour mieux faire face aux défis et limiter les dégâts, UNMAS, de concert avec ses partenaires (Handicap International, The Development Initiative, Danish Church Aid, Mine Advisory Group) organise régulièrement des activités de sensibilisation et de liaison communautaire auprès des populations des différents cercles ou Communes de Tombouctou.

 

A son actif, un total de 5689 membres de la population de Tombouctou a été instruit sur les risques des mines et des munitions, 918 militaires des différents contingents de la MINUSMA formés sur les mesures immédiates face à une menace d’engins explosifs improvisés ; 640 membres des personnels civils de la MINUSMA, des agences onusiennes et d’autres ONG ont en outre été sensibilisés sur les Restes Explosifs de Guerre (REG) et les Engins explosifs improvisés (EEI).

 

Pour l’heure, des activités de sensibilisation et des enquêtes non-techniques sont en cours sur les axes Sud-Ouest, Sud-Est et Est de Tombouctou.