Vision, stratégie et plan d’action : au Mali la Réforme du Secteur de la Sécurité en marche

30 mars 2018

Vision, stratégie et plan d’action : au Mali la Réforme du Secteur de la Sécurité en marche

Du 27 au 29 mars s’est tenu à Bamako l’atelier de haut niveau de la Stratégie Nationale sur la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS). Avec pour objectif de passer en revue l’ensemble du processus enclenché dans le domaine pour le rendre plus efficace, cet atelier était placé sous le haut patronage du Premier ministre malien, M. Soumeylou B. Maïga, représenté par le Ministre de la Défense et des anciens combattants, M. Tiéna Coulibaly, ainsi que du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies au Mali et Chef de la MINUSMA, M. Mahamat Saleh Annadif.
Organisé par le Conseil National à la Réforme du Secteur de la Sécurité (CNRSS), en partenariat avec la MINUSMA, cet atelier de trois jours aura permis de partager avec les partenaires nationaux et la communauté internationale, la vision nationale de la réforme du secteur de la sécurité, l’avant-projet de la stratégie nationale de la RSS et le plan d’actions 2018 du Commissariat à la Réforme du Secteur de la Sécurité.
La RSS, avec ses deux phases initiales que sont le processus de DDR et l’Intégration, a pour ambition d’ancrer le Mali sur le chemin d’une paix pérenne. Cette réforme doit donc permettre de doter le pays d’institutions restructurées, de réarmer matériellement et moralement, mais aussi de reconstituer et de redéployer des Forces de Défense et de Sécurité du Mali, pour qu’elles soient en mesure de préserver l’intégrité territoriale et d’appuyer la restauration de l’autorité de l’Etat. Pour M. Annadif : « … De fait, tous les pays amis et alliés du Mali, les organisations régionales et les organisations internationales se réjouissent de la tenue de ces assises dont l’objectif est de permettre aux parties signataires et à tous les segments de la société malienne, ici représentés, de se concerter pour finaliser cette Stratégie Nationale sur la Réforme du Secteur de la Sécurité, devant englober, entre autre thématiques, la « Vision d’une nouvelle armée reconstituée » et le « Concept de Police Territoriale » tels que prévus dans l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, et rappelés dans la feuille de route signée le 22 Mars 2018. »
Dans son intervention, le Commissaire à la RSS, l’Inspecteur Général de Police Ibrahima Diallo, a souligné le caractère fondamental de l’avant-projet de la stratégie nationale de la RSS. Selon lui, ce document établi « la vision politique dans une perspective nationale claire et cohérente ». Il a fait l’objet de plusieurs ateliers et séances de travail, non seulement entre membres du Commissariat à la RSS, mais aussi élargis à des experts nationaux et internationaux. Les contributions recueillies au cours de l’atelier permettront de finaliser le document d’avant-projet, dans les meilleurs délais. Ceci, dans le but de le soumettre à la plus proche session du Conseil National pour la Réforme du Secteur de la Sécurité (CNRSS) pour adoption. Ce qui devrait permettre d’aller encore plus loin, notamment par l’élaboration d’un plan d’opération chiffré pour la mise en œuvre dudit processus.
Le Général Diallo a également annoncé les présentations de la notion de Police Territoriale et le concept d’armée nouvelle reconstituée tels que prévus par l’Accord. Des présentations respectivement assurées par le Directeur Général des Collectivités Territoriales et le Chef d’Etat-major de l’Armée de Terre. Avant de clore son propos, le Commissaire à la RSS n’a pas manqué de saluer l’engagement constant des partenaires, en particulier la MINUSMA, dont le soutien a permis d’aboutir aux résultats engrangés.
Pour le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, M. Tiéna Coulibaly, représentant le Premier ministre, la présente initiative entre dans le cadre de la feuille de route des actions prioritaires endossées par la 23ème session du Comité de Suivi de l’Accord (CSA), signée le 22 mars 2018. Selon M. Coulibaly : « ce n’est qu’avec l’engagement de tous et de chacun et la contribution des experts nationaux et étrangers, que l’atelier aboutira à des conclusions qui permettront au Conseil National pour la RSS de pouvoir donner des instructions pour leur mise en application ».
Du concret pour réformer le secteur de la sécurité
Ainsi, au cours de ces trois journées, experts nationaux et internationaux, décideurs et représentants de la société civile se sont succédés au pupitre afin, non seulement, de faire l’état des lieux de l’avancement de la Réforme mais aussi, d’harmoniser leurs points de vue et coordonner leurs efforts. Avec l’encadrement de la MINUSMA et de sa Section Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement de la Démobilisation et de la Réinsertion/Réintégration (RSS-DDR), les participants sont arrivés à un ensemble de recommandations dans les trois grands domaines développés.
En ce qui concerne la stratégie nationale RSS, la première recommandation est l’intégration de la dimension genre et de la jeunesse dans la stratégie, mais aussi dans le processus. Il a également été demandé d’intégrer dans le document de stratégie le contexte social qui prévaut. Enfin, la nécessité de prévoir un mécanisme de prévention et de gestion des conflits tenant compte des schémas traditionnels a fortement été suggéré.
En ce qui concerne la Police territoriale, pour les participants, il faut rappeler la volonté affirmée du Gouvernement de mettre en place une police municipale avant la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Il faut également motiver et justifier davantage la nécessité de mettre en place une police territoriale et son rôle, tout en clarifiant le concept mais aussi, harmoniser les notions de police territoriale, police administrative, police municipale ou encore police de proximité. En outre, il a été demandé au Ministère des Collectivités Territoriales de poursuivre les concertations avec les différentes parties en vue d’aplanir les points de divergences sur les points en suspens.
Selon celles et ceux qui, trois jours durant se sont penchés sur le secteur de sécurité malien, pour parvenir à une armée nouvelle reconstituée, il faut mettre en place une commission tripartite pour la finalisation des travaux sur l’armée nouvelle reconstituée et analyser profondément la problématique sécuritaire. Ce n’est pas tout, nombre de participant plaident en faveur de la mise en place d’une armée de développement au service du peuple mais aussi de la redynamisation du service social des armées et l’institutionnalisation des actions civilo-militaires.