Au Mali, rencontre avec les médecins militaires en première ligne dans le maintien de la paix

7 juin 2022

Au Mali, rencontre avec les médecins militaires en première ligne dans le maintien de la paix

La Mission de paix des Nations unies au Mali (MINUSMA) est l'une des plus dangereuses au monde pour les Casques bleus. Depuis son lancement en 2013, plus de 250 d’entre eux y ont perdu la vie. Délibérément ciblés par des groupes armés, les Casques bleus de la MINUSMA sont aussi confrontés à la menace posée par les mines et les engins explosifs improvisés (EEI).

Dans les régions où elle est déployée, la MINUSMA a mis en place des hôpitaux militaires pour fournir une assistance médicale vitale aux Casques bleus blessés. L'hôpital de Mopti, géré par les médecins militaires du contingent pakistanais de la MINUSMA en est un exemple. Doté de 75 agents médicaux, dont 10 femmes et 65 hommes, l'hôpital fonctionne 24 heures sur 24, tous les jours, et les équipes sont toujours en alerte. Avec un équipement de pointe, toutes les spécialités sont couvertes, de la pharmacie à la gynécologie. Son objectif principal est d'effectuer des interventions chirurgicales vitales et urgentes lorsque des Casques bleus sont blessés. En effet, de 2018 à ce jour, dans la seule région du Centre où se situe Mopti, 19 d'entre eux ont été victimes d'explosions d'engins explosifs improvisés ou de mines.

« Un médecin militaire est un oxymore…. Un soldat se bat et un médecin sauve des vies : ce sont deux choses différentes mais nous, nous sommes les deux », déclare le commandant Farah Javed FAROOQUI, médecin généraliste à l'hôpital de Mopti. « Notre travail consiste à trouver un équilibre entre les deux »

À l'hôpital ou sur les lieux d'un incident, par exemple, les médecins militaires pakistanais assurent la sûreté et la sécurité des patients, tout en leur, prodiguant des soins.

« Nous fournissons des soins médicaux et chirurgicaux aux patients sans parti pris, et nous ne les prodiguons pas seulement dans cet hôpital, mais également sur les lieux d'incidents », explique le commandant Saira MEHBOOB, anesthésiste.

« En cas d'explosion d'un engin explosif improvisé ou de tout autre type de blessure par balle sur le terrain, nous avons du personnel médical intégré à l'unité, qui se déplace rapidement sur les lieux. »

Alors que ces médecins « embarqués » prodiguent les premiers soins aux blessés, une autre équipe de professionnels de la santé est déployée depuis l'hôpital vers le site de l'incident pour aider à sauver autant de vies que possible et soigner les blessés. Ils gèrent aussi les évacuations vers l'hôpital pour les cas nécessitant des traitements supplémentaires ou une intervention chirurgicale.

Les soins médicaux et le personnel médical sont un soutien essentiel pour la Force militaire de la MINUSMA. L'équipe assure non seulement la prise en charge médicale et l'évacuation des Casques bleus blessés, mais aussi de l'assistance aux civils et aux membres des Forces de défense et de sécurité maliennes victimes d'attaques.

Depuis l’année dernière, 195 membres des Forces maliennes et 26 civils ont pu être évacués à la demande des autorités militaires maliennes.

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Dans un environnement sécuritaire extrêmement instable, l'équipe médicale pakistanaise est cependant résolue dans son engagement en faveur de la paix. « Je suis fière d'être médecin militaire », déclare le Lieutenant-colonel Ambreen AHSAN, gynécologue et point focal genre à la MINUSMA. « C'est un honneur et un privilège pour nous de participer à la promotion de la paix dans un pays où les Casques bleus sont exposés à de tels dangers. Je tiens à les féliciter pour tout ce qu'ils font pour aider les gens ».

L’importante contribution pakistanaise dans les missions de maintien de la paix

Le Pakistan est l'un des plus anciens et des plus grands contributeurs de troupes et de police aux opérations de maintien de la paix de l'ONU, avec plus de 6 000 soldats. Cela représente près de 9 % du total des déploiements actuels de maintien de la paix de l'ONU dans le monde. Au Mali, ils sont 218 à être déployés. La contribution d'Islamabad au maintien de la paix dans ce pays est essentielle pour sauver des vies dans la région du Centre où les Casques bleus font face à une augmentation du nombre d'attaques à l'engin explosif improvisé (EEI). Depuis 1960, le Pakistan a perdu 169 Casques bleus dans l'exercice de leurs fonctions pour la cause de la paix et de la sécurité internationale.

La sûreté et la sécurité des Casques bleus sont une priorité de l'agenda de l'Action pour le maintien de la paix et de sa stratégie de mise en œuvre A4P+. L'amélioration continue du soutien médical, technique et logistique aux opérations de maintien de la paix est au cœur de ces stratégies, tout comme les efforts pour assurer que les auteurs de crimes contre les Casques bleus soient traduits en justice. La conférence ministérielle sur le maintien de la paix de 2021 à Séoul a été l'occasion pour les États membres de renouveler leur soutien et leur engagement envers les opérations de paix et le Pakistan a entre autres contribué avec un hôpital de niveau 2 et une formation sur la neutralisation des explosifs et munitions.