La situation des victimes au cœur des débats
Dans le cadre de cette mission de quatre jours, M. Ngefa a donc rencontré le 28 janvier 17 représentants de sept associations de victimes de Tombouctou et de Taoudéni, dont neuf femmes, afin de discuter de la situation des victimes de violations des droits de l'homme et des perspectives de leurs associations dans la région.
Dans son propos liminaire, le Directeur de la DDHP a rappelé aux participants leur rôle dans la construction de l’histoire post-crise du Mali. « Le rôle joué par les associations de victimes au cœur de la justice transitionnelle contribuera à la recherche de la vérité ainsi qu’à la non-répétition des violations des droits de l’homme commises durant l’occupation de Tombouctou », a-t-il dit, en insistant sur une meilleure planification de leurs activités.
Les responsables d’associations ont de leur côté déploré le manque de disponibilité des services de prise de charge matérielle et psychosociale. Ils ont évoqué, entre autres, des difficultés significatives d’accès à la justice et le manque d’information sur les politiques étatiques en matière de justice transitionnelle et les procédures en cours, notamment pour les victimes vivant dans les localités les plus reculées. D’après Garba Maiga, président de l’Association des Victimes de la Répression des Mouvements Armés (ADEVRMA), le sentiment d’impunité persistant nourri par la peur de représailles et la crainte de stigmatisation, sont des facteurs qui découragent la saisine des juridictions par les victimes.
M. Ngefa a encouragé leur participation au processus de prises de dépositions par l’antenne régionale de la Commission vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Le bureau de la DDHP à Tombouctou apporte à cette dernière un soutien technique « pour que les collectes, les dépositions et les témoignages puisse être faits dans le seul intérêt des victimes», a souligné M. Ngefa.
Des projets générateurs de revenus pour aider des victimes
De ces discussions, il en est ressorti que les associations de victimes doivent pouvoir se joindre aux missions du Bureau de la DDHP de Tombouctou, en vue de la redynamisation de leurs activités dans les autres cercles de la région. Le bureau de Tombouctou continuera aussi à les appuyer techniquement et à renforcer leurs capacités opérationnelles, à travers les projets en cours.
Deux projets générateurs de revenus au profit de certaines associations locales de victimes sont actuellement en cours de réalisation dans la région. D’autres associations ont déjà bénéficié de projets similaires financés par les Nations Unies dans le cadre de projets à impact rapide. A ce sujet, M. Ngefa a exprimé sa satisfaction après avoir visité certains d’entre eux, notamment le projet maraîcher au profit de l’association féminine Gomni Kondeye.
Au dernier jour de la mission, l’administration de la justice et les différents défis auxquels les autorités maliennes sont confrontées dans la lutte contre l'impunité ont fait objet d’échanges avec le substitut du procureur de Tombouctou, Amadou Coulibaly. Mettant l’accent sur les cas auxquels s’intéresse son bureau, Guillaume Ngefa a salué la coopération entre son Bureau et le Ministère de la justice et des droits de l'homme. Monsieur Ngefa a également eu des échanges fructueux avec le grand imam de la Mosquée de Djingarey Ber sur la situation des droits de l'homme dans la région.
Avant de repartir vers la capitale malienne, M. Ngefa a effectué une dernière session de travail avec son équipe dans la cité des 333 saints. Au cours de cette réunion, il s’est surtout intéressé à l’état d’avancement des activités du bureau et aux difficultés rencontrées sur le terrain. « En raison de l’évolution de la situation sécuritaire, nous avons jugé nécessaire d’adapter nos activités et stratégies d’interventions », a conclu Ngefa.