Le Festival du vivre-ensemble, 10 000 personnes réunies pour la paix à Tombouctou !

14 février 2017

Le Festival du vivre-ensemble, 10 000 personnes réunies pour la paix à Tombouctou !

Le Conseil Communal des Jeunes de Tombouctou et l’Association Action « Jeunes pour le Développement de Tombouctou » (AJDT), en partenariat avec le Bureau de la Communication de la MINUSMA ont organisé, du 8 au 13 février, "le Festival du vivre-ensemble". Pendant quatre jours, Tombouctou a vécu au rythme d’une compétition musicale inter-quartiers, des débats, des conférences ainsi que des évènements sportifs. La manifestation, tenue dans divers endroits de la cité des 333 saints, a mobilisé plus de 10.000 personnes de toutes les communautés de la ville.
« A travers cette initiative, les jeunes tombouctiens veulent démontrer à l’opinion nationale et internationale qu’ils ne sont pas en marge de la mise en œuvre de l’accord de paix », a expliqué Amadou Touré, président de l’AJDT. En effet, ces activités de cohésion sociale viennent impulser une nouvelle dynamique aux jeunes pour promouvoir leur rôle dans la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la réconciliation au sein de leurs communautés. En plus de cette velléité à devenir des ambassadeurs de la paix, cette jeunesse lance un appel à ses pairs à rester soudés pour retrouver la paix à Tombouctou et l’unité du Mali. « Aujourd’hui plus que jamais, la jeunesse doit se donner la main pour avancer. Comme du temps où j’allais à l’école et jouais avec des camarades tamasheq, arabes, sonrhaï ou peulhs », a-t-il ajouté.
Renforcer l’appropriation de l’Accord de Paix et mieux comprendre le travail de la MINUSMA
Dans différentes zones de la commune, les participants ont fait des prestations culturelles et suivi activement divers séances de présentation sur le mandat de la MINUSMA et l’Accord pour la Paix et la réconciliation. Les représentants des agences des Nations Unies ont enrichi les échanges par le truchement d’intervention sur le rôle joué dans l’amélioration de la situation humanitaire et la stabilisation de la région. L’accent a été particulièrement mis sur la place des jeunes dans l’accompagnement de ce processus. Lors d’une séance au quartier Abaradjou, le modérateur, Yehya Tandina, a fait remarquer que «choisir le monument flamme de la paix, au cœur du quartier Abaradjou placée en ligne rouge, pour abriter un débat sur le vivre-ensemble est un signal fort, pour sa valorisation, mais aussi briser les méfiances pour avancer ensemble en toute confiance».
Dans le cadre de ce festival, les jeunes ont réalisé un film-documentaire sur une douzaine de projets (QIP) mis en place dans la commune de Tombouctou et financés par la Section Stabilisation et Relèvement de la MINUSMA. Ils les ont présenté eux-mêmes en expliquant le contexte et le problème résolu avec l’appui de ces QIPs, avant d’interroger les bénéficiaires directs. Parmi ceux-ci figure le projet de renforcement des capacités techniques et opérationnelles de la Police malienne dans la région parrainé la Police des Nations Unies (UNPOL). « Avec la MINUSMA, nous avons réellement pu occuper le terrain. Nous faisons des patrouilles conjointes diurnes et nocturnes de manière régulière dans la commune avec la UNPOL pour rassurer nos populations », a déclaré le Commissaire Principal de Police, Mamadou Mounkoro.

Un changement de perception pour la cohésion sociale et la réconciliation
Tombouctou a connu plusieurs occupations, notamment Touareg, Arabe et Peulh. Chacun de ces peuples est venu avec ses traditions, habitudes, principes, mais ils se sont acceptés mutuellement, pour vivre ensemble en parfaite cohésion. Depuis le conflit, le tissu social est détérioré. « Pour recoudre notre tissu social, nous devons tous rester vigilants, bannir de notre comportement ce qui fragilise notre cohésion et complique les actions envisagées. Les déplacés sont nos parents, leur absence constitue un manque à gagner. Nous devons créer des conditions pour les mettre en confiance et les amener à revenir», a déclaré Hamadoun Diadié, un membre de la société civile.
D’autres activités culturelles se sont tenues au local de la radio Tahanint, au cours desquelles des troupes des 8 quartiers du centre urbain de Tombouctou ont véhiculé des messages de paix et de cohésion sociale par le biais de chansons, de sketchs et de poésies. « Nous avons choisi cet endroit pour briser la peur qui s’est installée dans les cœurs des populations, particulièrement les jeunes, depuis l’assassinat de deux jeunes à ce même lieu mais aussi, pour permettre à toutes les communautés de se retrouver ensemble, et entreprendre des actions pour le retour à la normalité dans notre ville, » a déclaré Salaha Maiga, président du Conseil des jeunes.

Sport, facteur de rassemblement et d’intégration
Dans une société où la méfiance et la peur de l’exclusion sont récurrentes, le sport est l’un des meilleurs vecteurs d’intégration. Ainsi, à l’issue du festival des matchs de foot et de basket ont été organisés au stade municipal et sur le terrain de basket du second cycle Yehya Alkaya entre des équipes féminines et masculines, regroupant les jeunes de toutes les communautés. Les joueurs ont reçu chacun une médaille et, les équipes gagnantes, des trophées offerts par la Mission onusienne « C’est une très grande satisfaction de voir nos jeunes et la population dans sa toute diversité, partageant les richesses de leurs cultures», a souligné Mahamane Baby, président de la League Régionale de Tombouctou.
Un dîner de gala a mis fin au festival, le 13 février au soir, à l’Auberge du désert, avec la participation des autorités locales traditionnelles et administratives, des organisateurs de l’événement, des leaders communautaires, en présence du chef du Bureau région de la MINUSMA, M. Riccardo Maia.