Le partage d’expériences au cœur de la commémoration de la Journée internationale des Droits des Femmes à Bamako

23 mars 2023

Le partage d’expériences au cœur de la commémoration de la Journée internationale des Droits des Femmes à Bamako

Le système des Nations unies au Mali a célébré au Quartier général de la MINUSMA à Bamako, la Journée internationale des droits des femmes (JIF). Deux panels, ainsi que des projections vidéo et une exposition photo ont eu lieu, faisant de cette cérémonie un lieu de partage.   

Innovation de cette édition 2023 de la JIF au Quartier général de la MINUSMA, la tenue de deux panels de discussions. L’un sur le thème international : « Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes » et l’autre, sur « Femmes, actrices incontournables, debout pour la paix, la sécurité, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali », le thème national.

Le digital, atout réel à maîtriser

Le panel lié à l'égalité d'accès à l'innovation et à la technologie était animé par une web activiste féministe une experte en TIC soutenue par ONU Femmes ainsi que des membres de l'association des personnes vivant avec un handicap physique « Gorey Bene » de Gao. Cette association de 75 membres, dont 25 sont des femmes, a été équipé d'une salle informatique par la MINUSMA. Pour la Web activiste, Fatimata DIAKITE alias Fatima HOPE, les moyens financiers nécessaires à l’accès aux TIC sont un frein pour les femmes dont « l'autonomisation sur le plan économique n'est pas totalement effective dans notre pays ». Elle considère internet et les réseaux sociaux comme d’excellentes tribunes pour porter les combats des femmes qui favorisent la sororité entre elles et mutualisent leurs luttes à travers le monde. Cependant, Fatima souligne « le revers de la médaille, le cyber harcèlement ». S’exprimant le plus souvent sur les questions liées à la sexualité et à la perception qu'on a du corps féminin, elle met « un point d'honneur à parler de ça parce qu'on est dans une société où la sexualité est particulièrement taboue ». Des sujets qui font d’elle une cible de choix du cyber harcèlement. Un phénomène commun à de nombreuses femmes sur les réseaux sociaux, activistes ou non et contre lequel elle recommande que « les femmes soient mieux outillées et plus soudées par la sororité ».

Les moyens de « faire taire les armes »

Le second panel a exploré les expériences et les défis des femmes engagées dans le processus de paix, la cohésion sociale et la réconciliation au Mali. Face au public, deux femmes leaders de la société civile du Nord et du Centre, que sont respectivement la présidente de la « Case de la Paix » de Gao, et la présidente de l'association « Siguida Nieti » de Mopti, ainsi que des femmes siégeant au Comité de Suivi de l’Accord (CSA) pour la paix et la réconciliation au Mali. « Nous avons l’habitude d’utiliser des mécanismes traditionnels de gestion des conflits et nous avons mis des comités mixtes en place. Ils sont majoritairement composés de femmes », déclare Moussocoura DAOU, présidente de l’association Siguida Nieta de Mopti, tout en expliquant que ces conflits peuvent opposer des membres d’une même famille ou des agriculteurs d’une même localité. Sur le plan national, l’intervention des femmes dans le processus de paix au Mali a évolué. Aujourd’hui l’on compte un tiers de femmes parmi les 75 membres du CSA, comme l’a rappelé l’une de ses membres, Hadzatou Mint ZIDOU, représentante de la CMA.  Sa collègue, Lalla Moulaye HAIDARA qui représente la Plateforme, indique que pour faire taire les armes, « notre arme est la sensibilisation. Nous menons dans nos localités des actions de sensibilisation, afin d’y ramener la paix ».

Des messages qui restent d’actualité, dument relayés

Cette cérémonie avait débuté par la diffusion de reportages du PNUD sur les innovations dont les Maliennes sont capables à travers leur usage du digital et de capsules vidéo. Ces dernières reflétaient les thèmes national et international, ainsi que la position de l’ONU, à travers celle du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef de la MINUSMA, El-Ghassim WANE. Si dans son message, le Chef de la MINUSMA a rappelé qu’il faut que les moyens soient mis à la disposition des femmes afin qu’elles réalisent pleinement leur potentiel, ses co-intervenantes ont corroboré la justesse de sa position. Faisant chacune cas de son expérience personnelle, elles ont démontré l’importance de leur rôle au service de la paix mais aussi dans l’émergence d’un nouveau monde digital.

Un ultime et même objectif :  parvenir à l’égalité des droits  

Le 8 mars est « une occasion capitale pour le système des Nations unies de réaffirmer son engagement dans la poursuite d'une société inclusive et garante des droits humains ainsi que de l'atteinte des objectifs de la résolution 1325 (2000) (ndlr : sur Femmes Paix et Sécurité) du Conseil de sécurité des Nations unies », a rappelé le Représentant Spécial adjoint, Coordonnateur humanitaire, Coordonnateur résident du Système des Nations unies, Alain NOUDEHOU aux invités. Parmi eux, les représentants des ministères maliens de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, et de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration ainsi que les représentants du Groupe de Dialogue du Système de l’ONU et des partenaires internationaux pour l’autonomisation des Femmes, co-dirigé par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et le Canada. Cet événement organisé dans l’esprit ONE UN a eu lieu le 9 mars, au lendemain de la commémoration gouvernementale de la JIF. Elle a également été accompagnée d'une série de commémorations régionales dans le Centre et le Nord du Mali, en collaboration avec les autorités et la société civile locale. 

La visite guidée de l'exposition photos "Quand les Femmes prennent la paix en main", a mis fin à la cérémonie. Projet itinérant créé par le Département des Opération de Paix de l’ONU, en collaboration avec DDPA et ONU Femmes, l’exposition avait été lancée au Mali à l'occasion de l'anniversaire de la Résolution 1325 (2000).