MOPTI : La MINUSMA inaugure 7 projets intégrés de Réduction de la Violence Communautaire

2 novembre 2020

MOPTI : La MINUSMA inaugure 7 projets intégrés de Réduction de la Violence Communautaire

MOPTI : La MINUSMA inaugure 7 projets intégrés de Réduction de la Violence Communautaire

 Les 28 et 29 octobre 2020, la Section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement de la Démobilisation et de la Réinsertion de la MINUSMA a procédé à la remise d’un ensemble de sept projets de Réduction de la Violence Communautaire et de réinsertion dans les villages de Barbé et Soufouroulaye, et dans la commune urbaine de Mopti.

 Ces sept projets se rapportent à la formation professionnelle de 200 femmes et de 150 jeunes à risques, la réinsertion des combattants démobilisés, le maraîchage, la construction, l’équipement et l’électrification d’infrastructures sanitaires et la sécurisation d’espace scolaire. « Ces projets entrent dans le cadre de l’appui technique et financier de la MINUSMA qui travaille en étroite collaboration avec les autorités maliennes et d’autres partenaires pour l’atteinte et la consolidation d’une paix durable intégrant dans une approche globale la cohésion sociale, la cohabitation pacifique ainsi que la sécurité humaine », a indiqué M. Alexandre Carette, Chef par intérim du Bureau régional de la MINUSMA à Mopti.

 

546 emplois temporaires créés pour renforcer la cohésion sociale dans les communautés

 Financés par la Section de la Réforme du Secteur de la Sécurité et du Désarmement, de la Démobilisation et de la Réinsertion (RSS-DDR) de la Mission onusienne au Mali à hauteur de 343,2 millions de francs CFA, ils comportent deux composantes majeures : l’une axée sur la réinsertion des ex-combattants, et l’autre visant des réalisations au bénéfice des communautés en vue d’atténuer l’impact sur elles des opérations DDR.

 Dans la commune rurale de Soufouroulaye, la MINUSMA a apporté un appui technique et financier à travers la réalisation simultanée de cinq projets intégrés. D’une part, le premier projet consiste en la réalisation d’infrastructures qui permettent d’améliorer les conditions de séjour et d’apprentissage des ex-combattants afin de faciliter leur réinsertion socio-économique. Ces constructions concernent une cuisine, un bloc de 10 toilettes, l’aménagement d’une surface de 625m² pour abriter des tentes, la réhabilitation d’un réfectoire et des toilettes extérieures existants dans le camp de la Jeunesse. Le deuxième projet se rapporte au renforcement des ateliers de formation professionnelle dudit camp en équipement et matériaux pour la formation et la sensibilisation des ex-combattants dans 17 différents corps de métiers. D’autre part, s’agissant du niveau communautaire, le troisième projet a permis de mettre l’accent sur la sécurisation et les conditions de travail de la mairie à travers l’érection d’un mur de clôture, la construction et l’équipement informatique d’une salle de conférence, l’électrification en énergie solaire de la mairie ainsi que l’installation de 35 lampadaires au niveau des points sensibles du village de Soufouroulaye. Le quatrième projet a trait à la réhabilitation de trois périmètres maraîchers, dont l’un avait été endommagé lors des travaux de sécurisation du camp de jeunesse de Soufouroulaye. Aux termes de ces travaux, les 371 femmes bénéficiaires ont reçu des lots d’équipements et intrants de maraîchage composés de 300 arrosoirs, des semences et engrais pouvant desservir cinq hectares.

 Le cinquième projet réalisé à Soufouroulaye a permis d’assurer la formation professionnelle et l’équipement de 200 autres femmes issues des différentes associations, dans quatre domaines principaux, à savoir, la transformation des produits alimentaires locaux (céréales et produits maraîchers), la couture, aussi bien que la teinture et l’embouche. La dotation en machines à coudre, kits d’embouche ovine, kits et ustensiles de teinture, produits vétérinaires, entre autres, permet aux femmes d’être déjà opérationnelles. 

 A Barbé, dans la commune de Socoura et dans la commune urbaine de Mopti, la Section SSR-DDR de la MINUSMA a réalisé deux autres projets au bénéfice des communautés : il s’agit notamment du projet de prévention des violences communautaires et la sécurisation de l’école de Barbé par la construction d’un mur et l’installation de lampadaires solaires et du projet de réduction de la violence communautaire et insertion socio-économique portant sur la formation professionnelle et appui en kits de 150 jeunes à risque dans la commune urbaine de Mopti. Dans le cadre de ce dernier projet cité, des jeunes issus des différents cercles de la région, ont suivi des formations, avec séances pratiques à l’appui, dans un centre habilité, situé dans la commune urbaine de Mopti.

Au total, ces projets ont généré 546 emplois temporaires, dont 494 rotatifs, durant plus de deux cents jours de travaux manuels sur les différents sites de projets.

 

Des projets RVC intégrés pour améliorer la sécurité

 À l’école de Barbé, dans la commune de Socoura, c’est sur fond de prestation culturelle que s’est déroulée la première cérémonie officielle, en présence de plusieurs autorités locales, dont le représentant du Maire de la commune de Socoura, M. Moussa Tamboura, aux côtés du Chef du Bureau régional a.i de la MINUSMA, M. Alexandre Carette. La cérémonie a servi de cadre pour l’inauguration du projet de prévention des violences communautaire et la sécurisation l’école, à travers la construction d’un mur de clôture de 527 m de long, ainsi que l’installation de lampadaires solaires. Pendant les quatre mois qu’ont duré les travaux, 52 jeunes à risques dont 18 filles ont été temporairement employés comme main d’œuvre qualifiée et non-qualifiée. Environ 395 élèves dont 204 filles, 320 habitants de la communauté, ainsi que la vingtaine d’enseignants de l’école bénéficient de ce projet.

 L’édifice construit dans le cadre du projet, en réduisant les risques sécuritaires, contribue effectivement à la réduction des violences communautaires, d’autant plus qu’il servira à « endiguer l’influence négative de l’environnement armé sur les élèves, en particulier, en raison de la proximité de leur école avec des porteurs d’armes et les installations des postes militaires dont les mouvements des engins distraient les enfants », a indiqué Monsieur le Maire, Moussa Tamboura.

 À moins d’une dizaine de kilomètres de l’école de Barbé, se trouve en effet, le camp de Jeunesse de Soufouroulaye servant de site de cantonnement et de DDR pour les groupes d’auto-défenses enrôlés dans le programme de réhabilitation communautaire. Le projet représente donc une réponse préventive à la violence à laquelle pouvait être exposée l’école en cas d’attaques directes ou indirectes. « Plus qu’un mur, c’est un rempart de protection qui permet de sauvegarder l’espace scolaire contre les nuisances et les bruits déconcentrant les élèves, y compris limiter et contrôler l’accès des passants et des animaux qui traversaient la cour, à longueur de journée », s’est réjoui le directeur de l’établissement, M. Yoro Konaté. D’ailleurs, en raison de la proximité entre l’école de Barbé et le site de cantonnement et DDR, la Section SSR-DDR de la MINUSMA et son partenaire Enda-Mali ont sensibilisé les communautés aux alentours sur l’engagement communautaire, la gestion pacifique des conflits, le recours aux institutions communautaires de gestion de conflits, ainsi que sur le programme mis en œuvre dans ce camp et les mesures barrières contre la pandémie COVID-19.

 Des projets impliquant pleinement les communautés

 La deuxième cérémonie de remise des cinq projets phares au profit des communautés de Soufouroulaye a eu lieu dans les locaux de la mairie de Sio, en présence du Chef par intérim de la MINUSMA, M. Alexandre Carette, du premier adjoint au maire, M. Mamadou Dembele, du Chef de village de Soufouroulaye, M. Moussa Mamia, du représentant du bureau régional de la CNDDR, M. Hamsala Bocoum, le Chef d’équipe de la RSS-DDR à Mopti, M. Madieng Ndiaye et des représentants des ONG partenaires de mise en œuvre.

 Dans ses propos, la présidente de la société civile de Mopti, Mme Diallo Tata Diarra, a invité les femmes à jouer pleinement leur rôle pour ramener la paix et la cohésion sociale. La représentante des bénéficiaires a, de son côté, aussi abondé dans le même sens. « Grâce à ce projet, nous les femmes de Soufouroulaye, sommes outillées non seulement pour entreprendre des activités génératrices de revenus, mais aussi pour mieux exercer notre rôle dans la prévention et la réduction des violences communautaires, et la promotion de la cohésion sociale », a témoigné Mme Nanta Kamia, en prenant la parole au nom des bénéficiaires. Elle n’a pas manqué de saluer l’électrification des zones sensibles du village de Soufouroulaye qu’elle qualifie « d’acte salutaire ». Dans son allocution, le premier adjoint au Maire de la commune de Sio, M. Mamadou Dembele, a exprimé sa gratitude et son appréciation pour l’ensemble des projets, « axés sur l’humain », dit-il, car intégrant des actions de sensibilisation à l’endroit des communautés sur les avantages de la cohésion sociale qui doit être « un levier pour actionner la paix ». En effet, à la mise en œuvre de chaque projet, ont été associées des sessions de sensibilisation sur la cohésion sociale, les rôle et responsabilité des bénéficiaires dans la mise en œuvre du programme RVC dans les régions du centre.

 Cette étape des cérémonies de remise et d’inauguration s’est conclue par deux visites dont la première sur un des trois périmètres maraîchers, où les femmes de Soufouroulaye ont encore une fois, fait part de leur impatience à utiliser à bon escient les équipements reçus pour desservir leurs communautés. La seconde a consisté en l’inspection des nouveaux équipements et matériaux destinés aux ateliers de formation professionnelle dans le cadre de la réinsertion des futurs ex-combattants à démobiliser. Des ONG seront chargées d’assurer leur formation dans divers domaines, tels que la réparation de motopompes, la teinture, la saponification, la construction métallique, la menuiserie, la mécanique auto et engins lourds, le carrelage, l’électricité-bâtiment, la couture, le montage TV, la coiffure et Esthétique, l’agriculture et la pisciculture, ou la plomberie entre autres.

 

« Mon rêve, c’est de retourner à Koro pour former d’autres jeunes de mon village » 

 Le lendemain, c’est au centre d’artisanat que s’est déroulée, le 29 octobre 2020, la cérémonie officielle de remise de certificats, à la suite de 30 jours de formation professionnelle et de matériels aux 150 jeunes à risque dont 95 jeunes femmes. Ce projet a ciblé des jeunes déplacés à cause des conflits intercommunautaires dans les cercles de Bankass, Koro, Bandiagara, y compris des jeunes vulnérables de la commune urbaine de Mopti. De concert avec l’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ), la Section SSR-DDR de la MINUSMA à Mopti a permis que ces formations en couture (60 jeunes), teinture-bogolan (45) et perlage (45), soient assurées par des organismes de formation professionnelle qualifiés.

 

Au cours de cette cérémonie, le responsable de la RSS-DDR de la MINUSMA à Mopti, M. Madieng Ndiaye, a expliqué le rôle et le mandat de la Mission onusienne, notamment dans la promotion de la paix et la réduction des violences communautaires, y compris le processus DDR. Par ailleurs, il a aussi souligné que la MINUSMA a fait confiance à des organisations non-gouvernementales œuvrant au sein des communautés bénéficiaires comme partenaires de mise en œuvre de ces projets RVC. Il s’agit du Groupe de Solidarité et d’Appui au Développement (GSAD), de la Sahélienne d'Appui aux Initiatives de Base (SAIB), Enda-Mali, l’Association pour l’Appui aux Populations rurales du Mali (AAPOR-Mali) et l’Organisation pour un Développement Intégré au Sahel (ODI-Sahel). Enfin, ont participé à cette cérémonie officielle, plusieurs notables et les autorités administratives locales.

 Pour Alima*, 21 ans et célibataire, qui a choisi la teinture-bogolan, plus qu’un nouveau métier, c’est une tradition de sa communauté qu’elle veut perpétuer. « J’ai étudié l’hôtellerie et le tourisme. Mais avec la crise, on ne peut plus parler de ces secteurs ici. Avec les nouvelles compétences, les matériels et le soutien financier que la MINUSMA m’a donné, je vais lancer une petite affaire de teinture. Mais mon rêve, c’est de retourner à Koro pour former d’autres jeunes de mon village », dit celle qui rêve aussi de paix pour sa communauté. Pour sa part, Fatou*, 22 ans, originaire de Bankass, a dû fuir son village depuis 2019. Elle est mère d’un petit garçon de sept mois qu’elle portait dans ses bras au moment de recevoir son certificat. « Je me suis intéressée au perlage et pense pouvoir facilement me débrouiller pour subvenir aux besoins de mon fils, surtout que mon mari ne travaille pas ».

 « Au-delà de la formation, j’ai vu ces jeunes de milieux divers partager leurs expériences et vision de la paix et vivre en toute cohésion lors de la formation », a dit Cheickna Siby, président de l’ONG partenaire, ADE SAHEL. Dans la même veine, Moussa Sylla, Représentant d’Enda Mali, n’a pas manqué de louer le courage des bénéficiaires de Soufouroulaye qui, malgré les défis du terrain, ont travaillé d’arrache-pied pour s’approprier ces projets RVC.

 A noter qu’en raison du contexte de la pandémie de la COVID-19, la MINUSMA a aussi remis des kits d’hygiène de lavage des mains à la mairie de Sio et aux responsables des différents sites de sept projets inaugurés.