Point de presse - Jeudi 19 janvier 2017

19 janvier 2017

Point de presse - Jeudi 19 janvier 2017

Porte-parole : Radhia Achouri

Attaque suicide contre le Mécanisme Opérationnel de Coordination à Gao

Les faits

Comme vous le savez, hier, peu avant 9h, une attaque à la voiture piégée a frappé le camp du MOC, le Mécanisme opérationnel de coordination, à Gao. Le camp, je le rappelle, abrite les éléments des Forces armées maliennes (FAMa), de la Plateforme et de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) ; en tout, quelque 600 personnes qui sont censées mener les patrouilles mixtes, telles que prévues par l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali.

Les circonstances précises de l’attaque-suicide sont encore à déterminer mais se précisent peu à peu. Un véhicule bourré d’explosif aurait forcé la porte de l’enceinte du MOC avant d’exploser. L’explosion a causé de lourdes pertes. Un bilan provisoire fait état de 77 morts et de 120 blessés.

La MINUSMA, en collaboration avec les FAMa et Barkhane, a immédiatement assisté les blessés ; les installations de santé de la MINUSMA à Gao ainsi que les capacités aériennes de la Mission aux fins d’évacuation médicales ont été mobilisées.  La MINUSMA a également participé à la sécurisation de la ville de Gao, notamment via des patrouilles aériennes, en plus de déployer sa Force de Réaction Rapide (QRF – Quick Reaction Force) sur les lieux. Les mesures de sécurité ont été renforcées dans la ville.

Le Commandant par intérim de la Force de la MINUSMA, le Coordonnateur du MOC, le Chef d'état-major de la CMA et une délégation de la CMA en provenance de Kidal se sont rendus à Gao hier en fin de journée, notamment au site du MOC et à l'hôpital pour visiter les blessés. Les drapeaux des Nations Unies sont en berne dans tous camps et bureaux de la MINUSMA au Mali, en solidarité avec le peuple malien pendant les trois jours de deuil officiel décrété par le Président de la République.

L’attaque a été revendiquée par le groupe Al Mourabitoune.

La réaction de la MINUSMA et du Chef des opérations de maintien de la paix des Nations Unies

Au niveau des réactions, tant les Nations Unies que le Gouvernement malien, les membres de la médiation internationale et les Parties Signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, tous ont unanimement condamné l’attaque qui, en ciblant le MOC, frappe l’essence même de l’Accord de paix.

La MINUSMA a condamné avec la plus grande fermeté cette attaque lâche et ignoble et présenté ses condoléances attristées au Gouvernement malien, aux parties à l’Accord de paix ainsi qu’aux familles des victimes. La MINUSMA a également réaffirmé son soutien au processus de paix et exigé que les auteurs de cette attaque odieuse soient rapidement identifiés et traduits en justice.

Cette attaque est survenue alors que le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA, Monsieur Mahamat Saleh Annadif, se trouvait à New York pour présenter le Rapport du Secrétaire général au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Dans son allocution au Conseil de sécurité, le Chef des opérations de maintien de la paix, Monsieur Hervé Ladous, a fermement condamné cette attaque qui visait, a-t-il dit, à « faire dérailler le processus de paix en sapant la confiance entre les parties signataires et les populations, ainsi qu’à contrecarrer les récentes avancées dans la mise en œuvre des arrangements sécuritaires de l’Accord de paix. » Monsieur Ladsous a souligné que cet incident démontrait qu’une accélération de la mise en œuvre de l’Accord était la seule voie possible pour stabiliser le Mali et réussir le processus de paix. « Le temps joue contre nous » a ajouté Monsieur Ladsous, qui a réaffirmé que les Nations Unies demeuraient, aujourd'hui, plus que jamais, profondément attachées à soutenir le Gouvernement malien et les parties signataires dans la mise en œuvre rapide de cet accord.

Réaction du Secrétaire général de l’ONU, Monsieur António Guterres

Dans une déclaration officielle, le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur António Guterres, a exhorté les parties à continuer à œuvrer à la pleine mise en œuvre des dispositions de l’Accord et à faire tout leur possible pour prévenir de telles attaques. Il a indiqué que cet acte odieux n’allait pas altérer mais plutôt renforcer la détermination des Nations Unies à appuyer le peuple du Mali, le Gouvernement et les mouvements signataires dans leur quête pour la paix, leur lutte contre le terrorisme et leurs efforts pour faire respecter l’Accord de paix.

Réaction du Conseil de Sécurité

Même son de cloche du côté du Conseil de sécurité des Nations Unies qui a condamné l’attaque barbare revendiquée par le groupe terroriste Al Mourabitoune. Le Conseil a rappelé que le terrorisme sous toutes ses formes constituait l’une des menaces les plus sérieuses à la paix et à la sécurité internationale. Ils ont appelé tous les États à respecter leurs obligations en vertu du droit international et de la Charte des Nations Unies et à coopérer dans la lutte au terrorisme international. 

Réaction de la médiation internationale

Enfin, la médiation internationale et les Parties Signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali ont également condamné l’attaque « commise par les ennemis de la Paix » et demandé l’ouverture d’une enquête pour rapidement en identifier les auteurs. Ils ont en outre assuré de leur détermination à poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix.

Rapport du Secrétaire général sur le Mali 

Nous vous l’indiquions plus tôt, Monsieur Annadif est à New York cette semaine pour la discussion du dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Mali en date du 30 décembre 2016 au Conseil de Sécurité. Vous avez reçu une copie du rapport la semaine dernière. Il couvre les trois derniers mois de l’année 2016 (octobre à décembre).

D’entrée de jeu, le Secrétaire général souligne que 18 mois après la signature de l'Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, les progrès ont été modestes. Le processus de paix est arrivé à un moment charnière puisque très peu d’avancées significatives ont été enregistrées. Les principales dispositions de l’Accord n’ont pas été appliquées, notamment celles concernant la mise en place d’autorités intérimaires et l’organisation de patrouilles mixtes, et les combats ont repris entre la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la coalition de groupes armés Plateforme. Le manque de confiance entre les partis signataires a également miné le processus de paix, dont la période intérimaire doit s’achever dans cinq (5) mois.

Parmi les avancées, le Secrétaire général note toutefois la nomination le 14 octobre par le Gouvernement des membres des autorités intérimaires pour les régions de Gao, de Kidal et de Tombouctou et ceux des collèges transitoires pour les régions de Ménaka et de Taoudénit ; il souligne aussi la tenue le 20 novembre des élections dans 92 % des 703 communes du pays.

Si les groupes armés ont enfin soumis avec plus d’un an de retard les listes contenant leurs candidats pour le MOC, les autorités intérimaires ainsi que pour la Commission d’intégration et la Commission nationale pour le DDR, chaque tentative de mettre en œuvre les patrouilles mixtes a échoué, souligne le rapport, principalement en raison des querelles entre les parties signataires sur les questions logistiques et financières. L’ensemble des huit sites de cantonnement qui ont été construits et équipés avec le soutien de la MINUSMA demeurent vides depuis octobre dernier.

Quant au Comité de Suivi de l’Accord, les discussions sur les arrangements sécuritaires à Kidal en octobre et novembre ont relégué au second plan les débats relatifs à d’autres questions. À la quatorzième réunion du Comité de suivi de l’Accord, qui s’est tenue le 20 décembre, la CMA a annoncé qu’elle suspendait sa participation au Comité et à ses sous-comités, invoquant notamment le manque de progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’Accord et la prolifération des groupes armés.

Au plan sécuritaire, l'absence d'autorité étatique et d’arrangements intérimaires a permis au phénomène terroriste de prendre des proportions de plus en plus inquiétantes au nord et au centre du Mali, mais également dans la sous-région, notamment dans le nord du Burkina Faso et dans l’ouest du Niger près de la frontière avec le Mali, ajoute le Secrétaire général.

Au cours des trois derniers mois de l’année, 25 attaques ont été perpétrées contre les Forces de défense et de sécurité maliennes et 29 autres contre la MINUSMA. En tout, 15 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes ont été tués et 33 blessés lors d’attaques tandis que trois (3) Casques bleus ont été tués et 25 blessés.

La MINUSMA, face aux attaques perpétrées contre les civils et le personnel des Nations Unies, s’est efforcée de maintenir la position plus déterminée et réactive qu’elle présente depuis l’adoption de son nouveau mandat, malgré son manque criant de moyens.

Le MINUSMA continue en effet de faire face à d'importantes lacunes en matière de capacités, notamment en aéronefs, véhicules blindés, de soutien logistique et de protection de ses forces. Un manque de ressources qui contraint la Force à utiliser les unités d’infanterie pour escorter les convois logistiques de la MINUSMA, ce qui nuit à la capacité de la composante militaire de protéger de manière efficace les civils et son propre personnel et de pleinement mettre en œuvre son mandat.

Au 22 décembre, la composante militaire de la MINUSMA comptait 10 791 soldats, soit 81 % de l’effectif autorisé de 13 289.

Au niveau des équipements, la MINUSMA aurait besoin de quatre unités d’hélicoptères supplémentaires et de 99 véhicules blindés de transport de troupes. La MINUSMA a en outre besoin d’une compagnie de renseignement, de surveillance et de reconnaissance à Kidal, d’un groupe d’appui aéroportuaire à Gao et Tombouctou, d’une compagnie de forces spéciales à Tombouctou, d’une compagnie de neutralisation des explosifs et munitions à Tombouctou et d’un bataillon spécialisé en convois de combat.

Les préparatifs du redéploiement de la force de réaction rapide (QRF) de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire au sein de la MINUSMA continuent et un premier détachement devrait se déployer à Mopti à la mi-février 2017.

Au 22 décembre, la composante police de la Mission comprenait 1 260 personnes, soit 66 % de l’effectif autorisé qui est de 1920.

Dans son rapport, le Secrétaire général encourage tous les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et tous les donateurs bilatéraux à redoubler d’efforts pour fournir à la Mission le matériel et les ressources dont elle a besoin, notamment les unités d’hélicoptères qui sont nécessaires d’urgence.

Au niveau du DDR, Désarmement, Démobilisation et Réintégration, les sites sont prêts à accueillir 12 000 combattants, notamment les combattantes et les enfants associés aux groupes armés. Tout au long de la période considérée, la MINUSMA a poursuivi ses projets de lutte contre la violence communautaire aux alentours des sites de cantonnement dans les régions de Gao, Kidal, Mopti et Tombouctou. Le 8 décembre, la conférence des donateurs tenue à Bamako afin de soutenir le financement du programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion/réintégration, a permis de réunir 25 millions de dollars pour la réinsertion des ex-combattants au Mali. Tel qu’indiqué, à ce jour, les sites de cantonnement demeurent pourtant vides.

Au niveau des droits de l’homme, de graves violations commises par les groupes armés et des acteurs de l'État continuent d’être rapportées ; 104 cas de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits ont été rapportés durant la période couverte par ce rapport. Les arrestations illégales liées au conflit, notamment pour des activités terroristes présumées, continuent d’être signalées dans tout le pays.

La lutte contre l'impunité doit être une priorité pour lutter contre les abus et l’insécurité, souligne le Secrétaire général.

Quant aux violences sexuelles liées au conflit, au 22 décembre, il restait aux autorités à instruire 113 plaintes de violences sexuelles liées au conflit déposées à Bamako depuis novembre 2014. Depuis 2014, seules 37 victimes ont été entendues par des juges. La MINUSMA a continué d’aider à mettre au point un plan d’action visant à éradiquer les violences sexuelles par les membres de la Plateforme.

Malgré les progrès modestes, le Secrétaire général conclut son rapport en soulignant que l'Accord de paix reste actuellement la seule issue possible pour parvenir à la paix et à la réconciliation au Mali. Il rappelle que l’ONU demeure prête à aider les parties signataires à mettre en œuvre l’Accord de paix de manière pleine et effective et ajoute que toutes les parties doivent être mises à contribution. Il encourage les parties signataires à assumer à nouveau cette importante responsabilité et rappelle que le temps presse.

Activités de la direction de la MINUSMA

Nous le disions plus tôt, du 15 au 18 janvier, dans le cadre de la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la MINUSMA, Monsieur Mahamat Saleh Annadif, est à New York. Il a notamment rencontré les représentants des Missions permanentes de la France et de la Suède et participé à des séances de travail avec les collègues des différents départements au siège des Nations Unies à New York. Les échanges ont essentiellement porté sur la situation politique et sécuritaire actuelle du Mali. 

Dans le cadre de la tenue du Sommet Afrique-France qui s’est déroulé à Bamako les 13 et 14 janvier, Monsieur Annadif a eu une série de rencontres, notamment avec la Secrétaire générale de la Francophonie, Madame Michaëlle Jean. Il a également participé aux activités officielles en compagnie du directeur exécutif d’ONU SIDA, Monsieur Michel Sidibé, désigné pour représenter à ce sommet le Secrétaire général des Nations Unies, Monsieur António Guterres.

Le 16 janvier, la Représentante spécial Adjointe et coordonnatrice du système des Nations Unies au Mali, Mme Mbaranga Gasarabwe, a reçu une délégation des Pays-Bas pour discuter de la situation au Mali, notamment les efforts déployés par la MINUSMA et les défis rencontrés, afin de mieux orienter l’appui des Pays-Bas dans le pays.

Sommet Afrique-France

Revenons sur le sommet Afrique-France pour vous indiquer que du 12 au 15 janvier, la Composante Police de la MINUSMA a travaillé en synergie avec les Forces de Sécurités maliennes dans le cadre de la sécurisation du Sommet.

Le 13 janvier, la MINUSMA a fourni un appui sécuritaire et logistique à la visite du Président français François Hollande à Gao, où il a été accueilli par le Premier ministre malien et les ministres de la Défense et de la Justice et des Droits de l’Homme. Il s’est adressé aux troupes françaises de Barkhane et a insisté sur l’importance de la mise en œuvre de l’Accord de paix. Le Président Hollande s’est ensuite rendu à Bamako dans le cadre du Sommet Afrique-France.

Enfin, le 14 janvier, le Président sénégalais Macky Sall, arrivé à Bamako dans le cadre du Sommet Afrique-France, a visité le Camp de l’Unité de Police constituée sénégalaise et ses installations. Il était accompagné notamment du Représentant spécial Adjoint du Secrétaire général, Monsieur Koen Davidse et du chef de la composante Police de la MINUSMA. Le chef d'Etat a salué les membres du contingent sénégalais pour leur dévouement et leur professionnalisme et a réitéré le soutien de son pays pour le renforcement des capacités de la MINUSMA.

Opérations de sécurisation 

Le 18 janvier, la MINUSMA a organisé l’évacuation médicale pour cinq FAMa blessés dans une attaque contre un checkpoint à Goundam. L’hélicoptère a rejoint Tombouctou où les blessés ont pu être soignés.

Au niveau opérationnel, au cours de la semaine précédente, la Force a effectuée 436 patrouilles, a tenu 226 check-points et a opéré 49 escortes.

Du côté de la Police des Nations Unies, UNPOL, elle a effectué 380 patrouilles dont 7 escortes.

Relèvement et stabilisation

La Division Stabilisation et Relèvement du bureau de la MINUSMA de Kidal a, du 14 au 17 janvier, organisé une mission à Tessalit. Des rencontres avec les ONG locales et le maire ont notamment permis d’expliquer les priorités de la MINUSMA en matière de financement de projets, de présenter les différents fonds de la MINUSMA et de dégager les axes prioritaires qui favoriseront le retour de l’autorité de l’état.

Enfin, toujours dans le cadre de cette mission, le 14 janvier, la section Démobilisation Désarmement et Réinsertion (DDR) a procédé à la remise de 18 motopompes et accessoires maraichers aux associations féminines et jeunes du cercle de Tessalit, afin d’appuyer les agropasteurs de cette zone à améliorer leur condition de vie.

Droits de l’homme, de la femme et de l’enfant

Du 11 au 13 janvier, la Division des Droits de l’homme et de la protection et la Division des Affaires Civiles se sont rendus dans le cercle de Koro, dans la région de Mopti, afin d’effectuer le monitoring de la situation des droits de l’homme et d’observer le dialogue communautaire dans la région.

Le 18 janvier, la Division des Droits de l’homme et de la protection a animé à Ansongo un atelier de renforcement des capacités au profit de 52 membres du cadre de concertation d’Ansongo sur la justice transitionnelle et les droits de l’homme. L’objectif principal de cet atelier était de renforcer leurs compétences afin de mettre efficacement en œuvre leur mandat, y compris l’assistance aux victimes et le soutien à la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (CVJR). 

Le festival de film Ciné Droit Libre se tient du 17 au 21 janvier à l’Institut Français et à l’Université de Bamako. La Division des droits de l’homme et de la protection de la MINUSMA soutient Ciné Droit Libre dans l’organisation du festival dans le cadre de son mandat de promotion des droits de l’homme. Le thème retenu cette année est « Droit de vivre : luttons tous contre l’extrémisme violent ». Une dizaine de films inédits pour la cause des droits de l’homme et de la liberté d’expression seront à l’affiche durant ces cinq jours. Le festival sera également l’occasion de projection-débats et dialogues qui permettront d’engager des discussions autour de sujets liés aux droits de l’homme, notamment la démocratie, la justice, la question de la femme et de la jeunesse.