Seize jours pour combattre les violences faites aux femmes

10 décembre 2015

Seize jours pour combattre les violences faites aux femmes

Le 25 novembre dernier, journée internationale pour lélimination de la violence à l'égard des femmes, la MINUSMA a lancé la campagne des ‘’16 jours d'activisme contre la violence sexiste’’. Une campagne qui s’est donc achevée le 10 décembre. Une occasion de galvaniser les actions visant à mettre fin à la violence faite aux femmes et aux filles à travers le monde.

 

Cette campagne, dont la 24ème édition vient officiellement de s’achever, a été une occasion d’attirer l’attention de l’opinion sur un fléau qui constitue un handicap, non seulement à l’épanouissement des femmes, mais aussi au développement de nos sociétés.

 

Il ne s’agissait donc pas d’une campagne de plus. Il était question de toucher vraiment la sensibilité de toutes les communautés vivant sur le territoire malien sur le fléau de la violence faites aux femmes, sous toutes leurs formes.

 

C’est la représentante de la société civile malienne qui, la première, tire la sonnette d’alarme, lors de la cérémonie de lancement. « Une femme a reçu 33 coups de couteau et, l’homme responsable de cette atrocité court encore ; et pourtant il est ici à Bamako », a déclaré impuissante, Fatoumata Siré Diakité, pour qui cette violence est « dirigée d’une façon spécifique et disproportionnée contre la femme ».

 

Elle revêt plusieurs formes : physique, sexuelle et psychologique, mais surtout inclut ‘’l’intimidation, la souffrance, la privation des libertés au sein de la famille, en privé comme en public‘’, a conclu la représentante de la société civile.

 

Le triste constat de statistiques peu reluisantes

 

Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies, Mongi Hamdi, précise que le thème de cette année : « De la paix dans les foyers à la paix dans le monde : garantir une éducation sécurisée pour tous ! », constitue à juste titre « un appel adressé non seulement à l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, mais aussi à chacun d’entre nous ».

 

A son tour, la Ministre de la femme, de l’enfant et de la famille, Sangaré Oumou Ba, a fait remarquer que « La violence faite aux femmes et aux filles s’accentue de nos jours avec les crises et les guerres que connaissent les pays en conflits ». Une situation qui s’applique évidemment au Mali depuis 2012.

 

Les statistiques sont d’ailleurs alarmantes. Dans une société très attachée à ses valeurs culturelles et traditionnelles, où la dénonciation des actes de violences sexuelles n’est pas une pratique courante, 276 cas ont été recensés en 2012, 314 en 2013, et 364 en 2014. Des statistiques en hausse qui montrent la gravité de la situation.

 

Et pour mettre fin à ces pratiques, il faut agir et vite. D’où l’importance de cette campagne qui met l’accent sur les conditions difficiles de millions de filles et de jeunes femmes dont le droit fondamental à l’éducation est quotidiennement menacé ou interrompu, du fait de la violence, du manque de ressources ou de la discrimination basée sur le genre.

Une campagne et des activités aussi diverses que variées

 

Bernadette Sene, Chef de l’Unité de Protection des Femmes de la MINUSMA, a invité tout le monde à adhérer activement à la campagne « orangée » qui est la couleur de la campagne dont elle a dévoilé le programme.

 

Une campagne de messages invitant le public à lutter contre ces violences, à travers des affiches, des table-rondes de sensibilisations dans des centres scolaires et universitaires, ainsi que des activités sportives et culturelles, des émissions radio et télé, etc.

 

Ainsi, lors de campagnes de sensibilisation dans les lycées de jeunes filles ‘’Ba Aminata Diallo’’ et ‘’Notre Dame du Niger’’ de Bamako, les 1302 filles rencontrées ont été encouragées à poursuivre leur cursus scolaire jusqu’au bout, mais aussi à dénoncer systématiquement les violences sexuelles qu’elles pouvaient subir.

 

A chacun des seize jours de campagne, un message d’engagement a été adressé au public, pour l’amener à prendre action et fermer le cycle habituel des paroles sans suites. Entre autres messages: ‘’Eduquer une fille, c’est éduquer toute une nation’’, ’’Montrez votre solidarité et votre appui aux victimes au Mali et ailleurs’’, ‘’De la paix dans les foyers à la paix dans le monde: garantir une éducation sécurisée pour tous’’, ‘’Quel est l’élément clé d’un monde sans violence ? L’éducation !’’

Mongi Hamdi: ‘’Promouvoir le rôle positif de la femme au sein de la société’’.

 

Mais au-delà, c’est dans les actes quotidiens que cet engagement est plus attendu. Faire en sorte que chaque jour, cet engagement oral s’enracine dans les mœurs et les comportements envers soi-même et les autres.

 

Pour Mongi Hamdi, « pour combattre les violences faites aux femmes, il faut également promouvoir le rôle positif de la femme au sein de la société », et la solution passe par une bonne éducation de la population sous toutes ses formes, car « L’éducation est une des clés pour le développement économique et social d’un pays. Elle favorise le développement humain et donne à chacun le pouvoir de faire des choix. Mais plus important encore, l’éducation est un vecteur efficace contre l’ignorance et l’intolérance: c’est un vecteur de paix », a souligné le diplomate onusien et chef de la MINUSMA.

 

Il a aussi salué la récente adoption par l’Assemblée Nationale du Mali, du Projet de loi instituant des mesures destinées à promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives. « Cette loi, a-t-il dit, marque un temps fort dans la lutte contre la discrimination des femmes’’.

 

La Ministre de la femme, Mme Sangaré Oumou Ba, considère elle aussi que la solution est proche : « L’accès à l’éducation des jeunes filles, selon elle, ouvre la voie à l’autonomisation de la femme qui constitue un facteur important de la réduction de la pauvreté des femmes spécialement et de leur participation effective au processus de l’émergence pour un développement durable. »

Sangaré Oumou Ba: ‘’Les garçons ont le droit à l’éducation, les filles également’’.

 

Depuis quelques années, la question des violences basées sur le genre en milieu scolaire constitue un sujet préoccupant non seulement pour le gouvernement du Mali, mais aussi pour les acteurs de l’éducation directement impliqués dans la gestion de l’école, notamment dans les régions en conflit. Mais plus que tout, il s’agira déjà, pour mener le combat contre les violences faites aux femmes, de « promouvoir le rôle positif de la femme au sein de la société », a précisé Mongi Hamdi.

 

Madame la ministre de la femme a surtout souligné le devoir à tous d’accorder une égalité de chances aux filles et aux garçons. « Les garçons ont le droit à l’éducation, les filles également. Les hommes ont droit à l’éducation à la culture de la paix, les femmes également », a dit Sangaré Oumou Ba qui, a ensuite interpellé chacun des citoyens, gouvernants, acteurs et décideurs, à prendre des engagements fermes pour garantir la paix, tout en assurant des conditions d’éducation et de scolarisation à toutes et à tous.

 

Elle a émis le vœu de voir la MINUSMA continuer à jouer le rôle d’accompagnement qui a toujours été le sien. « Nous attendons de la MINUSMA qu’elle continue de jouer son rôle en faveur de la promotion et de de protection des femmes pendant la durée de sa mission au Mali. Nous l’encourageons à plus déployer des femmes en uniforme pour plus se rapprocher des communautés », a-t-elle conclu.

 

Les activités prévues pour cette campagne se poursuivent même au-delà des seize jours, avec notamment des ateliers de réflexion avec les parlementaires pour l’adoption de lois sur les violences basées sur le genre (VBG), avec les organisations de la société civile sur l’identification de stratégies pour leur divulgation, la formation des opérateurs de ligne verte ‘’VBG’’ de la police nationale, et une galerie de portraits de femmes ayant réussi par l’école.