A Tombouctou, la MINUSMA continue d’outiller des candidates potentielles pour les élections locales d’octobre 2015

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7 septembre 2015

A Tombouctou, la MINUSMA continue d’outiller des candidates potentielles pour les élections locales d’octobre 2015

L’unité Genre de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) a appuyé les 1er, 2 et 3 septembre derniers, le Cadre de Concertation des Femmes des Partis politiques (CCFP) dans l’organisation d’un atelier de formation au profit des potentielles candidates de Tombouctou aux élections des conseils des collectivités territoriales prévues pour octobre 2015.

 

Réunies dans l’amphithéâtre du Centre Ahmed Baba, une quarantaine de femmes membres de différents partis politiques, ont participé à cet atelier de formation dont l’objectif final est la promotion de la participation des femmes aux élections des conseillers des collectivités territoriales.

 

Le maire de la commune urbaine de Tombouctou, Hallé Ousmane, le représentant du Chef du Bureau régional par intérim de la MINUSMA, Moctar Alhousseinou, ont tous deux encouragé les participantes à s’approprier les outils développés dans la formation pour accroitre leur participation aux prochaines élections.

 

La question de la représentativité des femmes (51 % de la population) dans les sphères politiques reste un défi à relever. Hormis ces conventions et instruments nationaux garantissant la participation politique des femmes aux affaires de l’Etat, la représentativité des femmes est encore très, voire trop faible. Et pourtant, parmi ces documents signés figurent des lois. On peut ainsi citer la CEDEF, la Charte africaine des droits de l’homme, le Protocole de Maputo, le préambule de la Constitution du Mali de 1992, ou encore la loi sur la Charte des Partis politiques.

 

Pourtant, le Bulletin statistique de 2009 du CNDIFE/MPFEF rapporte que, pour le Mali, sur les 703 maires, seuls 1,1% sont des femmes soit 8 femmes sur 695 hommes ; et sur 10774 conseillers communaux, on retrouve seulement 927 femmes, soit 8.6%. Le cercle de Tombouctou compte une femme maire sur les 52 ; 26 conseillères communales sur 696 postes ; aucune représentativité féminine parmi les conseillers de cercle au nombre de 97, ni même au niveau du Conseil régional composé de 12 membres. 

 

La Directrice Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfants et de la Famille (DRPFEF), Mme Ben Fatoumata Albadia, a souligné que “ les conséquences de cette sous-représentativité sont généralement la faible prise en compte des besoins spécifiques liées aux femmes et la faiblesse dans le suivi des actions en faveur de la réduction des inégalités et disparités entre les hommes et les femmes, tel que prévu par les provisions légales en vigueur”.

 

Durant les 3 jours de formation, l’intervenante principale, l’ancienne députée de Kati et membre du Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires (REFAMP), Mme Kane Nana Sanou, a présenté le cadre juridique et institutionnel des élections au Mali, les étapes du processus électoral et la préparation de la campagne électorale.

 

Le deuxième jour, l’Officier des Affaires Civiles de la MINUSMA à Tombouctou, Awa Faye, est intervenue sur le leadership féminin. Cette séance, déroulée sur une approche très participative, a servi de cadre pour des débats animés, notamment sur la personnalisation des partis politiques. Elle a aussi incité les femmes à se former et s’informer pour atteindre des postes de responsabilité au sein des partis politiques.

 

Pour les participantes, les femmes du Nord ont été moins impliquées dans la politique contrairement à celles du Sud du pays. Cependant, elles ont identifié plusieurs obstacles à leur participation effective à la politique au Mali, tels que le manque de confiance en elles et d’expériences en matière politique, la peur de prendre des risques et la pauvreté féminine. D’autres préoccupations ont aussi fait l’objet de débat. Certaines d’entre elles ont dénoncé la division entre les femmes née des divergences des intérêts politiques. Déterminées à combler leurs lacunes, les femmes ont commencé à passer entre elles, dans la salle de formation, des messages d’encouragement pour briser ces barrières. “C’est à nous de travailler à lever ces barrières. Un éveil de conscience sur la question est nécessaire chez toutes les femmes. Donnons-nous la main pour avancer”, a insisté Minty Djitteye.

 

Par ailleurs, l’épineuse question de l’insécurité a été évoquée lors des débats. “ Les bureaux de vote seront sécurisés par les Forces de Sécurité maliennes appuyées par la MINUSMA. Les électeurs et électrices pourront voter sans crainte” a fait savoir Mme Kane Nana Sanou.

 

Un plaidoyer pour renforcer la participation politique 

 

Certaines femmes, candidates potentielles, présentes à l’atelier ont témoigné de leur réalité au sein des partis politiques. L’une d’entre elles, Mme Touré Alima Cissé, a fait part des problèmes de santé qui l’ont conduit à se désister pour la phase préparatoire des élections communales de 2005, alors qu’elle avait été portée sur la liste des candidats par son parti. Tandis qu’une autre, Mme Halima Alpha Sidi Cissé, a partagé son travail de militance comme conseillère du chef de son quartier. Toutefois, située en cinquième position sur la liste de son parti, la direction de ce dernier n’a pas favorisé sa candidature, en dépit de son ancienneté. 

 

Les deux dernières journées, les femmes réparties en quatre groupes de 10 personnes ont travaillé en atelier sur l’élaboration de stratégies pour se faire inscrire sur la liste de candidature, la préparation de leurs candidatures, élaboration de message pour les élections communales et régionales, simulation de meeting et de campagne.

 

Les participantes appellent d’une part, les partis politiques à prendre les dispositions nécessaires pour accorder une place de choix aux femmes désireuses de se porter candidates. D’autre part, elles exhortent le Gouvernement à une meilleure application des textes de lois et règlements en faveur de la promotion du genre et le renforcement de la participation politique des femmes.

 

De son côté, Mme Aminata Diarra Coulibaly, Secrétaire technique du Directoire du CCFP, a assuré que le cadre s’appropriera les recommandations formulées par les femmes de Tombouctou pour en faire bénéficier le maximum de consœurs possibles. Elle dit espérer que cette formation permettra d’accroitre la participation et l’élection massive des femmes aux prochaines joutes électorales.

 

Cet atelier, deuxième du genre, fait suite à l’identification des besoins des femmes potentielles candidates aux élections communales, régionales et du District de Bamako et se situe dans la dynamique du renforcement des capacités des femmes des partis politiques afin qu’elles soient mieux outillées pour relever les défis des élections à venir.

 

Clôturant, la formation, Mme Kane Nana Sanou n’a pas manqué de faire remarquer que “le premier jour, les femmes étaient un peu timides. Les échanges et les travaux de groupe ont permis de briser la glace. L’exercice final d’organiser un meeting et de rédiger des messages de campagne”. Toutefois, elle estime que les femmes doivent commencer à se positionner pour mieux préparer leurs candidatures. “Je crois quand même qu’elles ont besoin d’accompagnement en terme de renforcement de capacités”, a-t-elle terminé.

 

Les élections communales d’octobre 2015, seront les quatrièmes organisées au Mali Depuis 1999. Pour ce qui est des régionales, elles seront les premières.