Violences liées au conflit : A Tombouctou la MINUSMA soutient les acteurs de la chaine pénale

11 mai 2016

Violences liées au conflit : A Tombouctou la MINUSMA soutient les acteurs de la chaine pénale

Le Bureau Régional de la MINUSMA a tenu du 28 avril au 3 mai une formation sur le genre et les violences liées au conflit au profit des acteurs de la chaine pénale de la région de Tombouctou. Organisée au Centre Ahmed Baba conjointement avec l’ONG WILDAF- Mali et en partenariat avec le Ministère de la Justice, cette activité fait partie d’un programme pour l’améliorer l’accès à la justice et la sécurité en faveur des femmes victimes de violences sexuelles et basées sur le genre.

 

L’atelier, présidé par le Directeur de Cabinet du gouverneur, a rassemblé une cinquantaine des participants dont des éléments des forces de sécurités maliennes ayant une fonction d’Officier de police judiciaire (OPJ), des magistrats, du personnel correctionnel et des avocats de la région. Il s’est déroulé avec la présence des représentants de la Division des Droits de l’Homme, Justice et Correction ainsi que l’Unité Genre de la MINUSMA. L’objectif était de renforcer les capacités techniques des participants, dans les domaines des violences sexuelles liées au conflit et du genre.

 

En effet, les expériences précédentes des pays en conflit ont montré que les femmes sont particulièrement vulnérables en période de conflit, car la plupart du temps elles sont victimes d’abus et d’exploitations sexuelles. La crainte d’être stigmatisé est d’autant plus grande que, dans la plupart du temps, elles préfèrent souffrir en silences en laissant les auteurs de ces crimes impunis. Le phénomène de violences sexuelles liées au conflit est considéré par les Nations Unies comme une attaque non seulement contre la victime mais aussi à sa famille et sa communauté. C’est pour cela que l’ONU a classifié cette problématique parmi les questions liées à la paix et a développé des politiques visant à y apporter des réponses adéquates en termes de justice et de sécurité.

 

Depuis 2012, la crise malienne n’a pas été épargnée par ce fléau et elle a également connu des victimes de violences graves allant des agressions, à la perte de vie humaine, en passant par les violences sexuelles. En vue de soutenir ces populations affectées, une série d’actions a été entreprises par les acteurs internes et externes. En effet, le Mali vient de finir d'élaborer un Plan d’Actions National (PAN) pour la Mise en œuvre de Résolution 1325 du Conseil de Sécurité de Nations Unies sur les Femmes, la Paix et la Sécurité en 2015-2017. Ce plan d’action est axé prioritairement sur la prévention des Conflits et des violences basées sur le genre liées aux conflits armé; la promotion du genre et de la femme ainsi que sur la participation et la représentation des femmes dans les instances de décision.

 

La lutte contre les violences basées sur le genre, socle des missions de paix

 

Quant à la Mission de Maintien de la paix, la Résolution 1325 se fixe clairement pour objectif d’intégrer une démarche d’équité entre les sexes et d’augmenter la représentation des femmes dans les opérations de maintien de la paix. Par conséquent toutes les activités menées par les missions de maintien de la paix, dont les opérations de DDR doivent s’ouvrir aux femmes et tenir compte de la problématique homme-femme. Intervenant à l’atelier, le Chef du Bureau Régional de la MINUSMA, Riccardo Maia, a fait savoir que «à chaque fois que le besoin se fera sentir, nous apporteront notre soutien aux personnes qui ont été et sont toujours les victimes collatérales du conflit armé, en particulier les victimes de violences sexuelles et celles basées sur le genre». Durant trois jours, les participants ont bénéficié de l’expertise la Section Droit de l’homme de la MINUSMA Tombouctou en matière de Droits de l’homme (DH) et de Droit International Humanitaire. Ils ont échangé sur les défis des différents acteurs travaillant dans le secteur de la justice notamment ceux liés au dysfonctionnement des services de la justice, en raison de problèmes sécuritaires.

Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, présidente de WILDAF/Mali a encouragé tous les acteurs concernés à s’engager d’avantage dans la prise en compte des violences liées au conflit. « Votre implication va aider le gouvernement malien à rendre justice aux victimes des violences liées au conflit, des crimes basés sur le genre » a-t-elle dit. Participant à la formation, Mohamed Ag Ahmed, greffier en chef à la justice de paix à compétence étendu de Diré, trouve que l’initiative est venue à point nommé, à un moment où la présence des services judiciaires laisse à désirer dans les régions de Nord. « Je suis convaincu que mettre un terme aux stigmatisations et rendre justice aux victimes du conflit est une manière de ramener la paix au Mali. Cependant je demeure tout aussi convaincu que cette lutte ne pourrait aboutir qu’avec l’engagement constant des acteurs judiciaires que nous sommes» va-t-il ajouter en souhaitant voir se multiplier ces genres d’opportunités.

 

A l’issue de la rencontre, les participants ont formulé des recommandations pour mettre fin à l’impunité. Ils ont aussi soulevé la nécessaire prise en charge des victimes et des témoins par l’Etat, comme élément de motivation à poursuivre. Cela pourrait encourager leurs accès à la justice tout en favorisant le respect de la confidentialité. Une reforme juridique est également souhaitée pour encourager le retour des juges dans les zone affectées par la crise ainsi que soutenir leur travail dans des conditions difficiles.Les travaux de l’atelier ont pris fin par la remise des diplômes de participation aux bénéficiaires de la formation.